APPLE CREW : Dans
la rue (14’ ; démo CD ; 7 t. )
Apple Crew, l’un des principaux groupes de la vague
pommerétine (avec les Nevrotic, 103 Pogo, etc. ) qui
a déferlé sur le Penthièvre ces dernières années,
Apple Crew sonne dans la oi ! française raoide et le punk-rock à
la Brigitte Bop (cf. la dernière chanson). Si la musique
est assez classique, tantôt festive, tantôt un petit peu énervé,
humour et dénonciation sont au rendez-vous des textes. Quoique Dans
la Rue (réussi musicalement) soit poussif et Pokémon
incohérent, Football Factory a le mérite de s’en
prendre au foot-bizness, ce qui nous change soit dit en passant des groupes
de oi ! qui se caressent le jonc sur leur écharpe de supporter, tandis
que Oi ! the pommeraisin est rigolote et fait penser à Lutèce
Borgia dans ses accents. La meilleure du CD paraît au final
être No War (à cause du refrain engliche ?) avec une
bonne intro, une voix haineuse et une rythmique punk bien troussée.
L’illustration générale mérite le coup d’œil
aussi, représentant une image Panini de l’équipe de France
en Argentine en 78 et le tabassage d’une passante par la rousse pendant
les événements dix ans plutôt. Une démo qui s’écoute
et vaut bien des skeuds officiels. [V.]
Demain plus rien… (compilation
EP NO HUMAN RECORDS ; 2001)
Voici un nouveau label qui frappe fort avec ce 4 titres compile. Que des groupes
reconnus du punk rock français ; une édition limitée à
300 exemplaires. Voilà déjà une assurance de tenir un collector
de demain. J’Aurais Voulu ouvre le bal avec un inédit
(d’ailleurs les 4 titres le sont) qui doit dater d’avant le CD :
leur style « street punk rock » est reconnaissable entre 1000 (ce
qui est aussi valable pour les 4 groupes) : boîte à rythme, basse
sur lesquelles se rattachent les mélodies de grattes de Jérémya.
Le son est bon mais on est loin du CD et rajoutez à ceci des mélodies
moins prenantes ça donne un morceau moyen du groupe. Le texte les rapproche
plus que jamais de la 1ère époque de Charge 69.
Paris Violence suit. Marrant… car l’engagement
militant des premiers peut étonner de les voir auprès du décrié
Paris Violence. Comme quoi. Le titre de Paris Violence
est issu de la même session d’enregistrement que celle du EP Rayé
de la carte (limité à 300 exemplaires aussi) ; on retrouve
donc le même son mais avec une qualité moindre (une histoire de
gravure ? de master ?). Un bon titre en tout cas à rajouter la déjà
conséquente discographie du groupe. On change de côté :
Scrotum… pour moi le groupe capable du meilleur (je pense
aux morceaux de la compile CD de BROKEN EAR) comme du pire (leurs morceaux de
cul gras et sexistes à souhait). Ici, on échappe au cul et on
a même un titre très bien foutu sur la guerre (la preuve qu’on
peut faire un bon texte original sur un thème archi revu). Pour finir
Symphonie Urbaine : là, je fais la même remarque
que pour Scrotum : capable du meilleur (Le rêve bleu , L’inceste
) comme le pire (toutes leurs chansons de cul lourdingues). Ici…
c’est une chanson à boire ! (qui reprend en partie le thème
musical clownesque du macadam circus des Bérus). Aussi
vite écouté qu’oublié. Son moyen aussi. La pochette
est ouvrante avec photos / dessins + les textes pour chaque groupe ; tout ça
pour 30 frcs pc.
[Jean Punk
System]
LES PETITES SALOPES : Va te faire foutre dans ton cul
(2001 ; CD 8 t. BAD SOUND ; 22’)
Je n’avais jamais encore entendu à ce jour les Petites
Salopes et je ne pense pas être le seul dans ce cas . Ce groupe
au son maison qui m’a tout l’air d’être une ou deux
jeune(s) fille(s) en one (two)-man (girls)-band. Chaque chanson est une parodie
d’une niaiserie célèbre, du moins quand on identifie l’original
: Tristan tu as 21 ans (parodie de Billy Ze Kick),
Orlan (imitation d’Enigma., le truc avec une
fille qui voulait se faire prendre par des cisterciens encapuchonnés
dont on ne voyait pas le visage ), Come to Dany (le machin d’Aphex
Twin, ici en version rock) Dany aime les sucettes (parodie
bien entendu de The Hammer de Motörhead), Sylvin
(on dirait une chanson de Françoise Breut), Quand
on sera des adultes (on dirait aussi une chanson de Françoise
Breut), Femme libérée (ç’aurait
pu être Cookie Dingler mais c’est méconnaissable,
je penche plutôt pour un inédit de Sonic Youth
ou Lionel Hampton bourré). Deux personnes apparaissent
dans les paroles : Tristan et Dany, deux êtres que ne distinguent que
le sexe et qu’ils sont tous les deux normaux. Ces textes sont parodiques
et le tout ‘achement réussi, le problème étant que
les originaux (Billy Ze Kick, France Gall, Françoise
Breuz, etc) sont déjà assez soûlants comme ça pour
s’en retaper une couche, même marrante. Echappent à ça
toutefois le morceau sur Orlan (« Mon corps, mon
logiciel ») qui se fout de la tronche de la fameuse vasouillocyberartiste
lyonnaise qui passe sur le billard comme moi je vais faire les courses d’une
part et d’autre part Sylvin, dont le texte dégomme ironiquement
la chanson pop française bobo à la Dominique A
et consorts . Un disque à écouter, surtout vu le prix (2,5 €)
peu élevé de la production et l’aspect pop-art de la couv
(deux canons en patt’d’eph’ dont l’un a une roue de
trottinette au lieu d’un arpion au bout de sa guibole) . [V.]
VERY BIG JAHBRASS BAND : Tooing
(CD Les Disques de la Tomate T001 ; 15 t.)
Amateurs des ambiances orchestre des îles tout à l’arrière-plan
dans les troquets de rencard de Sam et Sally (avec Georges
Descrières himself qui, à soixante balais, emballe à
qui mieux mieux), ce disque est pour vous (et pas pour moi en l’occurrence).
Certes les musiciens jouent très bien, la prise de son demeure fort bonne
mais l’esprit est plus à chercher du côté des ensembles
vaguement jazzy qui font la musique dans les remises de trophées à
la télé (genre 7 d’or ou Césars) que du ska ou du
rock-steady jamaïcain . Les trois incursions de la chanteuse n’aident
en rien cette affaire que je trouve au final bien compromise (à moins
d’être gérant d’un Conforama et de vouloir agrémenter
le parcours des chalands entre deux tables basses et un canapé). [V.]
BRIGADA FLORES MAGON : Anges
gardiens (2001)
Quelle joie de chroniquer ce skeud dans HAMS !, l’ennemi du peuple
! Passons les querelles intestines et concentrons-nous sur une autre partie
de l’anatomie : les couilles. Car, ici il y a en a… et pourtant
j’aime les trucs « bœufs ». C’est vraiment de la
grosse oi ! skinhead et bien lourde. La pochette met dans l’ambiance :
fusil à pompe, poing américain, batte, couteau etc… Très
moyen. Musicalement, j’ai moins accroché. Déjà, je
vois pas trop l’utilité de la reprise de J’Aurais
Voulu : Paria, vu que 2 membres sont communs aux
2 groupes. C’est certes un excellent morceau mais ça ne fait qu’accentuer
la confusion musicale qui existe de plus en plus entre les 2 formations. Cette
confusion se retrouve surtout sur les solos puisque par moment Brigada
c’est du J’Aurais Voulu et vice et versa réciproquement.
Le premier titre est carton, refrain hymnique et tubesque… Arrrggh, qu’on
me serve une bière et vite. Génial texte en plus. Le second titre
Lève toi bénéficie d’un effet très chiant
sur le chant : quel est l’ingénieur du son qui a eu cette idée
? L’art de gâcher un morceau. Le morceau Anges gardiens
qui donne son nom au CD est excellent, un texte sur l’amitié de
plus mais bon, j’y ai cru, j’y crois encore… En début
de chronique, je parlais de lourdeur ; le morceau Porc en bleu en est l’illustration.
Franchement que je ne lise ou n’entende plus un skin « apo »
dire que les reds ne font jamais de la oi ! aussi bœuf-efficace que les
groupes RAC. La mauvaise foi a ses limites. Livret sympas dans des tons de couleur
chouette et sobre. Dispo à la FNAC et compagnie. Bientôt en 25cm
sur MALOKA (un peu étrange non ?).
[Jean Punk
System]
LES ORDURES IONIQUES : Se
soulagent (CD Combat Rock CR053 ; 38’ ; 2001 ; 14 t.)
Ce groupe est parmi les plus réputés de la Belle Province en matière
de punk et les quelques chansons que j’en avais entendues m’avaient
bien plu jusqu’alors. Malheureusement je ne saurais en dire autant du
présent CD qui aligne une petite quinzaine titre aussi convenus les uns
que les autres tant sur le plan musical que dans les textes, la palme revenant
à la reprise de la scie de noces ou de casernes Le Troubadour,
complètement ratée. Seul surnage un excellent titre intitulé
L’Heure juste, où la chanteuse fait preuve d’une
sacrée hargne et qui traite de la fausseté de l’information
médiatique dans ses traitements du quidam. On peut beaucoup regretter
en outre l’absence d’accent québécois qui souvent
fait passer la pillule lors de compos moyennes. Une bonne déception.
[V.]
V/VM : A gift of sick-love (double CD OFFAL 03 ; 74’
+ 41’; 21 (+1 = 22 t.) et 11 t. ; 1999)
Fabriqué dans le Nord de l’Angleterre (c’est spécifié
en gros sur la pochette on ne peut plus sobre et rose hôpital), produit
par le producteur Loin El Glitchie (sic !), ce disque est barré
dans l’espace à un point important, du moins est-on en droit de
l’estimer. Il s’agit de tubes des années 80 ou 70 plus ou
moins obscurs et qui sont refagotés pour l’occasion à l’aide
de filtres électroniques qui les défigurent totalement (ce qui
arrange dans certains cas, sachant leurs sales gueules de départ). A
part les reprises d’Elvis par les Residents,
j’ai du mal à amener ici des références descriptives
parlantes. On commence par la fin et le morceau caché qui n’est
autre qu’Imagine de John Lennon et, d’une
toute autre manière, aussi réussi que la fameuse reprise des Trostkids
rennais. Dans le même style pop, on a droit à Spud girls two
become one qui dégage bien derrière les oreilles. Plus gothiques
et malsaines, le succès des Fridolins de Berlin (Take
my beef away) et cette chanson funkyglauquy, Just the way you are xx,
ouais, elles nous filent la chair de poule (surtout quand mon lecteur CD ôte
de lui-même le bouton pause et se remet en lecture sans que je n’y
puisse mais (authentique !!), âââhhh, à moi Majax,
je ne veux pas finir dans un plan à la Ring !). D’autres
plages donnent dans le garage-rockab passé à la bétonneuse
et enduit dans du chewing-gum grumeleux (Do you want to know a sick-rat
?). Bref, si vous avez soif d’inouï et bien que tout ne soit
pas inoubliable dans ce disque, il ne peut être que recommandé
tant son originalité dépasse les frontières du Grand Nuage
de Magellan et tant que votre cerveau ne sera, lui, pas totalement passé
sous contrôle de… Destructorbretzel-Bush !
Le deuxième volume concerne d’autres titres détournés
(et qui sont proposés sur leur site en mp3) mais en général
plus quelconque, à part Total eclipse of the heart de Bonnie
Tyler (compatriote d’In the Shit pour l’anecdote)
et When I fall in love de Céline Dion (cette
Québécoise chaude) qui, de la bluette originelle, marinent affreusement
dans le malsain serré ainsi que Sexual rehealed (Sexual
heating de Marvin Triste ?) où l’on se croirait
dans un film de loups-garous. A déconseiller aux psychotiques morbides
carpenterophobes. [V.]
QUATRE DEGRES SEPT & NEMLESS
font du gras (split CD Skalopards Anomontpellier Skalosplit81 ; 2002
; 26’ ; 6+6 = 12 t. + une blague du sud à la fin)
Deux groupes skalopardés dans un enclos pour 12 titres au total avec
une super prise de son à la clef. Les premiers qui s’y collent
sont les 4°7, qui avaient déboulé déjà
voici un an et demi lors d’un premier album qui arrachait la tapisserie
des murs. Impressionnants par la multiplicité des sous-styles abordés
(punk US avec leur désormais fameuse trompette et même du piano
sur Drunky way ; oi ! du début dans One More ou dans
les chœurs de Strike a blow, punk 82 sur Ivy Style) et
par la maîtrise instrumentale (au hasard, les échanges basse -
guitare sur No way), ça fait pas un pli qu’on tient là
l’un des meilleurs groupes punks français. A propos de français,
on peut espérer qu’ils passeront prochainement à la langue
d’André Pouce, cela nous réserverait sans
doute des tubes imparables. Du tout bon, Jacques ! Nemless
pour sa part nous envoie un hardcore cassé dissonnant à la DK,
piqueté de noise (Quiet), toujours rapide néanmoins,
plutôt réussi dans l’ensemble (même si je n’accroche
pas à une compo aux voix mélodisantes souffrance-du-monde comme
Miroir) et qui peut parfois virer et au rock et au punk sur le même
morceau (The Nail). Bien foutu aussi, quoi qu’il en soit et malgré
qu’il n’existe là aussi aucune compo en französisch.
La blague sur Superman avec l’accent du sud à
la fin, ouais, bon, ben, elle est bien poilante, certes certes, mais c’est
le délire perso qui passe mieux sur une démo ou sur une plage
à part. Un très bon skeud, rien à redire. [V.]
Club Zed (compilation CD
HEADCORE RDS ; 25 t. ; 2001 ; 62’)
En direct de la région de Seine-et-Marne, 25 groupes de divers horizons
géographiques (Suède, Etats-Unis, Suisse, Belgique, Japon, Canada
et surtout France) mais musicalement rassemblés autour de trois pôles
: le punk, le ska et le hardcore mélodique. Etant l’un dans l’autre
extrêmement rétif à ce dernier, j’ai eu beaucoup de
mal avec les 2/3 du disque qu’il représente à lui tout seul.
Ce style popise trop, j’ai plus treize ans, bref, j’y arrive pas
des masses… Je ne peux par contre que louer certains autres groupes dont
deux grosses surprises. La première vient des Scandinaves de Sob
Pariasound (et non Zob Pariapunk) qui nous décoche de leur jeu
de basse déstructuré un punk mâtiné de hardcore-fusion
à la Primus carton. Plus proche de nous, la seconde
vient de Seine-et-Marne, se prénomme Cabb et balaie
l’auditoire d’un punk anglais de première bourre, à
tel point qu’on croirait la Brie en Albion ! Un top ! Les autres bonnes
choses, goûteuses comme les Werthers Originals que m’offraient Marc
D. à la sortie de l’école à Charleroi, ont
pour nom Link 80 (pas des inconnus et dans la droite ligne
New Bombs Türks ou Looking Up), Swagman
qui nous sert un hardcore punk tranché bien tourné et enfin les
Kobayes du Mans et leur court mais efficace raggaskapunk qui
doit particulièrement donner sur scène. On peut retenir aussi
No More Heros et les Chinkees qu’on
avait déjà pu entendre chez SHARK ATTACKS-SMALL BUDGETS voici
trois ans. Une compile réservée avant tout aux amateurs d’hardcore
mélodique, concluerais-je, mais qui pour quiconque vaut le détour,
ne fût-ce que pour les deux claques ramassées et le prix modique
de l’ensemble (7,6 € p.c. !). [V.]
LEXALL : Les Ombres
(2001 ; CD LOST REFELEXION
n°4 ; 4 t. ; 40’)
Seul, Lexall pratique une musique qui va chercher dans les
ambiances dark des lutins verruqueux et sorcières aussi vilaines que
des dessins de Beltran ou Bellamy . On peut
noter à ce propos les peintures de Bosch surimprimées
d’une femme nue pour la couverture) ainsi qu’une étrange
citation de Lactance (première fois que je vois ça
sur un disque…), l’écrivain latin chrétien. Une voix
étranglée et artificiellement vieillie sort un baragouin d’outre-moyen
âge héroïco-fantastique en faux ancien français avec
des histoires de peste et de Francie peu aisées à comprendre sont
servies pour démarrer mais la musique, toute de guitare et d’électronique,
est plutôt bien léchée sur cette première plage.
Idem pour la trois, qui ne dure pas moins de 21 minutes : elle se subdivise
en quatre parties qui alternent le passage à la Pink Floyd
(style Good bye blue skye) et des trucs carrément métals
plus énervés bien que gardant un côté lisse assez
seyant et très expressif. Le dernier morceau (Ombre du Mal)
rejoint clairement le monde gothique avec des arrangements plutôt chiadés,
notamment les touches d’orgues. Lexall parvient à la suggestion
qu’il recherche et vu que c’est fait tout seul, à la Petit
Vodo, le résultat se pose là. Bonne découverte.
[V.]
Alice will never surrender (compilation CD ALICE IN WONDER RDS AW072079
; 12 t. ; 61’ ; 2002)
Le titre n’a rien à voir avec Blitz. Une présentation
neutre, aux couleurs claquantes, faite de photos de propagande chinoises ou
mongoles datant de l’époque où l’humanité bondissait
en arrière à coup de millions de morts… La majorité
de cette compilation a trait à de la pop niaise for the bobos style Jay-Jay
Johansson mais reste un quart qui n’est pas à jeter aux
chiens. A commencer par de la bonne pop revival anglaise fin des années
soixante, savoir Wow & Flutter, pas mal du tout. Idem pour
Tank, dont l’electro-ambient minimaliste, un peu long
dans ses intro progressive et conclusion smorzando, se laisse néanmoins
écouter. Plus inhabituel est Kemialisset Ystävät (je
ne te le fais pas dire, répète-le rébou pour voir) et son
Varmaan helposti murtuu luut (eh oui, quelle époque épique
…), qui, pour hésiter entre électro et noise, brille par
son originalité sonore. Enfin l’on est d’entrée capté
par la musique cinématographique de Room 204 (comme
la bagnole de chez Peugeot avec ses sièges en skaï bordeaux), à
ses basse et batterie chaleureuses tripopisante à la Goldfrapp.
Cela donne envie d’aller jeter une oreille sur l’album qu’il
doit sortir sur le même label. Une compile plutôt pour popeurs (même
pô peur !). [V.]
LES DIPSOMANES : Vie torturée
(CD 16 titres, Disques ZERO CONTROL ; 2001)
C’est le premier album (je crois) de ce groupe de Toulouse qui a déjà
fait pas mal parlé de lui dans les zines et dans la presse punk rock.
Très rock’n’roll, ça m’a rappelé des
vieux trucs français des 90’s. Je ne suis pas fanatique du style
et j’ai peur de dire des conneries donc je garde les références
que ça m’inspire pour moi… courageux… Sinon que dire,
le son est vraiment bon et ça pète : je vois déjà
le truc dans un bar enfumé, un demi dans la paluche de droite, des perfs
à droite à gauche, un jeune punk pogottant devant, un braillard
gueulant « rock’n’roll !!» entre chaque titre…
[Jean Punk
System]
STEVE & THE JERKS : Buy Steve and the
Jerks (45t. SQUARE RECORDS ; 4 t. ; 10’ ; 2001)
Surprenante est la musique sur ce 45t. parisien, notamment le morceau Walk
on by qui part dans une atmosphète bizarre et difficilement descriptible.
C’est du rock-garage que le duo déstructure un poilounet (un poilounet
car on est bien loin tout de même des limbes cosmiques à la Starship
du MC5) mais son originalité ne m’a pas convaincu.
Ce rock à guitares 70’s est tout à fait réussi néanmoins,
notamment sur le très court Beat, kick and strum (qui n’aurait
pas dépareillé au sein du Go des Sonic Youth
ou du Pollenate de Youth Gone Mad, au choix) ou le
refrain-titre d’Anonymous & incompetent dont la diction trotte
très rapidement dans la tête. Un bon petit disque ensauvagé,
à la présentation très sobre et de goût, comme dirait
le baron. [V.]
LLORCA : New Comer (CD
F Communications F137 ; 2001 ; 64’)
On navigue ici dans les eaux de la techno au sens large, proche des clubs et
du big bizness et la musique s’en ressent hélas, puisque les trois-quarts
des titres sont très pauvres rythmiquement et pétris de voix r’n’b
insupportables. Deux titres échappent à ce travers général
qui sont instrumentaux (et justifient cette courte chronique) ; ce sont d’une
part Lights behind windows (avec le sax ténor de Julien
Loureau, le jazzman français le plus en vue actuellement) et
d’autre part Lalo caught me dancin’, fin morceau
électro-jazzy qui n’est pas sans évoquer le Blue Fever
des Djins (sur l’album de l’an dernier, un des
meilleurs de l’an 2000 sans conteste). Je ne sais pas s’il y a un
rapport à Lalo mais il doit relever alors du rapport
allusif instauré par l’Automne à Pékin…
Un disque à dégotter deci delà pour recopier ces deux plages,
l’achat général n’étant surtout pas justifié.
[V.]
Punk Rock'n'Gones
(compilation CD 16 titres ; 2001)
Voilà longtemps qu’une compile aussi homogène n’avait
pas déboulé sur ma platine : 100% punk rock français du
début à la fin : Les Mauvais Garçons / Hors Service
/ Sourire Kabyle / Double Zero / Haine Brigade (avec les titres du
split 7’’ partagé avec les Bérus)
/ DOMSK / ELFF / Special K ont chacun deux titres pour s’exprimer.
L’autre point commun est l’origine géographique puisque tous
ces groupes sont du 69 c’est à dire de Lyon et environ (d’où
le nom de la compile). Ne manque que Les Partisans. Dommage,
le tour d’horizon aurait été complet. La présentation
est assez complète, en couleur… pour les groupes intéressés
un volume 2 est en préparation toujours avec des groupes locaux. Ne reste
qu’à leur présager une suite aussi bonne. [Jean
Punk System]
PUTRELLA : Forever America (CD BAD
SOUND ; 2001 ; 11t. ; 38’)
Composé de trois membres du sexe, Putrella nous vient de la ville d’Edouard
Herriot. Principalement instrumentale (à part quelques emprunts
de voix qui ressemblent beaucoup à celles des Petites Salopes…),
la musique de Putrella serait plutôt à classer
sous la rubrique noise. Une influence récurrente est celle du Velvet
(reprise de White heat, white light à la fin de Grand Canyon)
mais pour l’humour, on se référera plutôt aux Oblivians
ou à Buttsteack. Ç’a l’air d’être
fait par-dessus la jambe mais le résultat est là et c’est
à mon sens le disque le plus abouti de ce nouveau label prolifique. Mention
spéciale à National Park Geographic dont l’ambiance
salement guitaristique et douce comme un gratton passe carrément bien.
Vu le prix du disque, ce serait idiot de passer outre (3 euros, oublie ton paquet
de tue-poumons !). La noise lyonnaise en chambre à la va-comme-je-te-pousse
a un nom que l’on clame haut et fort et celui-ci n’est autre que
: Putrella. [V.]
RIOT CLONE : Do you want
fries with that ? (CD UPSTARTS
PRODUCTIONS ; 2001)
Alors là, je suis sur le cul : un groupe avec des ex-CRASS
me plaît énormément ; et encore c’est peu de le dire.
Ce CD est tout simplement excellent. De l’anarko punk à la Conflict
bonne époque c’est à dire un punk le plus souvent mid-tempo
(street punk) avec des lignes de basse très présentes et un excellent
chant rayé collé dessus (collé sur la basse, suivez un
peu…). Je sais pas qui chante mais faut le garder. Un truc casse-burnes
quand même : il y a des tonnes d’extraits de radio/télés…
clichés inhérents au style. Heureusement que les ¾ sont
zappables puisque sur des pistes à part. La présentation est 100%
lutte animale avec des photos gore. La pochette est d’ailleurs un jeu
d’humour noir (rapport au titre avec la photo). Si vous achetez pas le
CD allez au moins voir la pochette sur internet. La version vinyl est sortie
sur TRIBAL WAR.
[Jean Punk System]
FREAK KITCHEN : En ko (CD NOTHING TO SAY NTS3068742
; 2001 ; 57’ 32)
Bof, un groupe suédois de pop-folk électrique ennuyeux que ne
laissait prévoir la pochette grunge un poil plus agressive du disque.
A retenir toutefois deux compos, l’une cinématographique (Also
sprach Cetacea) et l’autre folk noise (Six Dildo Bob & the
Bluegrass Samba from Hell) aux rhytmiques percus un chouïa brésilien
en complet décalage avec la guitare progressive et presque trad qui s’égrène
dessus (et qui n’est pas sans évoquer le violon omniprésent
de la musique populaire scandinave). Précisons que ces deux morceaux
sont des instrumentaux et que Bo Derek était un homme.
On peut écouter aussi l’intro de Mr Kashkei & the 13 prostitutes
avec un mélange de marimbas et d’effleurements de la gratte très
réussi (mais qui ne dure qu’une minute sur huit, aïe aïe
aïe). Faut qu’il tèje leur chanteur, Robert Fripp
ultrapopisé, et dynamise leur zique car trop de virtuosité est
tout sauf la recette du bon rock, signé Michel Oliver.
[V.]
EXXON VALDEZ : Unreleased fever by professional wankers
(CD LOLLIPOP RDS ; 2001 ; 19’ ; 17 t.)
Vu la longueur et le nombre de titres et sachant que ce n’est pas un groupe
de powergrind anabolisé, on se doute que c’est un garage-punk-punk
comaç qui doit débouler dans les enceintes à la vitesse
de Fangio. Bien qu’ayant été soufflé
par l’énergie de chaque split-EP du groupe (de loin, l’un
des plus scotchants) et par ses apparitions compilatoires, je dois avouer que
le trop de blinde m’a ici laissé un tantinet sur ma faim (à
l’inverses de leurs compères marseillais des Gasolheads
qui eux sont autrement meilleurs sur la distance que sur leurs petits formats).
Il y a pourtant des reprises de trucs déjà entendus (CCC,
Pregnant). Je ne sais pas d’où vient cette demi-déception
(après plusieurs écoutes, je crois que ça vient de la composition
d’ensemble du disque et de la succession mal choisie des morceaux), la
fin de l’album étant toutefois bien plus chaude, vraiment hargneuse,
sur le fil du rasoir et réussie (notamment le très bon titre noise,
comme son titre ne l’indique pas, New disco). Ce qui l’aurait
fait en concert (à l’aise), ne passe qu’à moitié
ici. Cela rappelle au total beaucoup les groupes français première
vague de la fin des années 70. A chacun qui aime les grosses guitares
infernales de se faire un avis sur la prestation de ces Alsacos. C’est
quand même de la haute volée. La présentation graphique,
particulière pour Lollipop, n’est pas extraordinaire même
si l’intérieur est rock’n’roll et poilant. Le CD enfin
aurait gagné à être un peu moins chérot si l’on
se réfère à sa courte durée. [V.]
GÜMZ : Gümz (CD TONZ MANAGEMENT RDS [26,
rue Pasteur
95100 Argenteuil ; 16’ ; 8t. ; 2002)
Avec une pochette excellente (Paris détruit la nuit par des King
Kong X-Or), une légende sur le disque à
se pisser dessus de rire (« piss… ») , des remerciements sensas
(« On remercie personne parsqu’on est très evil »)
et aussi, que j’allais l’omissionner, une déco comix d’horreur
qui fait peur, on a hâte d’écouter ce que donne la zicmu
de ces trois agités du beubul, j’ai nommé les Gümz.
Ce groupe banlieusard ne rime pas avec Mozart (ahah) comme
on aurait pu le croire en se laissant abuser mais plutôt avec les Ramones
ou avec le son de groupes comme les Garage Lopez mais en moins
lunettes noires et en plus premiers Dogs (c’est subjectif).
La production n’est pas digne de chez Decca ou Deutsche Grammophon, c’est
pas grave, ça rajoute à l’ambiance bien que cela nous empêche
d’entraver le sens profond des paroles (espagnol, anglais et peut-être
francese). Beaucoup des titres sont parodiques (Smells like white spirit,
Dead lady dis, config.sys ) or le premier te pète la jambe tellement
il est rock’n’roll (Please, play in my X movie), genre
au bout d’une seconde t’es dans le morceau à fond. Sur les
deux chansons en espingouin, la première est elle aussi bien papier vénitien
et se retient assez rapidement (Me voy a ir), ce qui est ma foi toujours
très bon signe. Un essai transformé sur le terrain avec brio par
ces trois requins de studio sexys qui ont cent-quarante-deux ans à eux
trois (comme quoi il n’est jamais trop tard pour se lancer). Chaudement
recommandé (même si ce n’est pas encore l’époque
des fêtes). [V.]
ANTOINE DUHAMEL : Pierrot le Fou / Week-End (CD Universal
Music Jazz France 013418-2 ; 1965 et 1968 [2001] ; 16 t.)
Un classique parmi les classiques des musiques de films que celle de Pierrot
le Fou. Comme ça ressort, c’est toujours bon de le signaler.
Hormis les airs chantonnés par Anna Karina qui ont pris
un sacré coup de vieux dans le coffiot au point d’être parvenus
à la limite du ringard, on peut signaler le Twist pour Jean-Luc
(Godard) qui vaut sur une minute tous les twists du monde.
Le reste est tout simplement génial (Thème de Ferdinand, celui
de Pierrot, Sans lendemain), proche des compositions de Delerue
pour le même Godard. Week-End, le film avec Jean Yanne
(celui qui n’aime pas le rock) et Mireille Darc, affiche
des montées chargées d’émotions lourdes, d’un
post-romantisme appuyé mais qui ne sombre jamais ni dans la musique contemporaine
absconse ni dans le pathos hollywoodien effrené. Superbement orchestré,
ce chef-d’œuvre d’Antoine Duhamel est un indispensable
de toute collection musicale (et en plus tu peux te le faire dédicacer
par son cousin Alain, génial non ?). [V.]
Teach yourself punkrock (vol. 10) (CD
PEOPLE’S REPUBLIK OF PUNK ; 1977-1981 [2002] ; 29 t. ; 78’)
Des compiles qui vous scient le train à la mode des années 80,
c’est bien les TYPR. De manière toujours aussi variée
et représentative de la diversité foisonnante de l’époque
(du moins au début de celle-ci), on balaie large mais toujours en restant
dans la veine punk (il n’y a par contre aucun livret d’accompagnement
et aucune date non plus [à part pour Chelsea]). Ça
commence avec le pote de Siouxie, Stuart Goddard, chanteur
d’Adam & the Ants, groupe archiconnu à l’époque
mais dont je n’avais jusqu’ici qu’écouté des
trucs pop insipides, genre Dog eat Dog. Ici c’est toujours de
la pop new wave mais sortez le morlingue, j’achète de suite ! Deux
petites perles (peut-être leurs tous premiers enregistrements) Lady
(dis sous le pont) et surtout un Young Parisians aux oignons avec accordéon,
deux-trois mots baragouinés en français, un régal. Les
deux titres de Chelsea qui suivent sont plus anecdotiques bien qu’ils
faillent noter que, datant de leurs tout débuts, ils sont beaucoup plus
nerveux que ceux que ce groupe, qui avait le droit de bosser, laissa plus tard
à entendre. Excellents par contre, les arrachés de F
(c’est le nom ) qui nous chantent la messe en trois titres que l’on
recommande, surtout le dernier, punkissime Spit it out . A noter que
le chanteur a, avant la lettre, la voix type du groupe de street-punk de maintenant.
Je ne sais pas d’où ils sortent, qui ils furent et c’est
bien dommage. On change d’optique à 180° pour se retrouver
vers les émanations les plus froides et industrielles de la vague punk
(quoiqu’il y ait une voix qui aime à déblatérer derrière
le micro puisqu’au chant se trouve un membre de Crass),
ce en la personne d’Hit parade. On est ici grosso modo
sur des contrées à mi-chemin entre Throbbing Gristle
et Human League. Si j’adore ces sonorités d’époque
par nostalgie, j’avoue à la longue me lasser. Ensuite viennent
les Jerks (dont un de ces deux titres de 1978 [Get your
wooking dog off me] était déjà présent sur
le volume 4 de la série mais tout ça reste on ne peut plus goûtable)
et les Lost Cherrees, chéries perdues qui ont tous les
gimmicks des groupes féminins d’époque (voire de maintenant)
comme Honey Bane mais sans atteindre à leur niveau ce
qu’ils font qu’elles peuvent rester égarées, on ira
pas les rechercher. Après on prend l’avion direction l’Australie
et son groupe fétiche, les New Christs, les rois du
rock australien (attention, ici rien à voir avec la période récente
et les albums comme Divine Rites, au rock bien plus mainstream) qui
nous ballade dans un rock hargneux de première bourre aux accents parfois
quasi Bauhaus ou Young Gods (The Black
Hole). Plus gentils sont Vénus & ses Razor Blades,
qui évoquent tout autant le punk-pub-rock que Slade
voire le glam tendance Sensational Alex Harvey Band. Pas très
méchants non plus, les Wanderers avec deux titres corrects
de 81 (et tu entends bien que c’est d’un Ep d’époque
que c’est repiqué, madoué, y a pas tromperie sur la marchandise
! scritch… scritch…). Je m’attendais néanmoins à
un tremblement d’oreilles bien plus conséquent vu qu’on retrouve
dans ce combo rien moins que Stiv Bators (à la place
de Pursey) accompagné des Sham 69 période
The Game ainsi que de Marius Trésor !…
On clôt ce festival de vieilleries roboratives avec deux groupes italiens
punkcore à la Varukers limite crust et qui ont pour
nom Wretched et Indigesti. Le fait qu’ils
soient Transalpins jouent à fond pour eux mais outre cela, ces six coups
de pétoire (trois chaque) demeurent tout à fait écoutables,
à trois cents à l’heure sur les grattes et le micro d’enregistrement
habilement placé au fond de la grosse caisse… Une pépite
que ce disque et on salue encore la démarche des personnes qui font ces
compilations, bravo à ces Tudesques casseurs de collectors ! [V.]