HA.M.S.! n°8,5

 

 

APPLE CREW : Dans la rue (14’ ; démo CD ; 7 t. )
Apple Crew, l’un des principaux groupes de la vague pommerétine (avec les Nevrotic, 103 Pogo, etc. ) qui a déferlé sur le Penthièvre ces dernières années, Apple Crew sonne dans la oi ! française raoide et le punk-rock à la Brigitte Bop (cf. la dernière chanson). Si la musique est assez classique, tantôt festive, tantôt un petit peu énervé, humour et dénonciation sont au rendez-vous des textes. Quoique Dans la Rue (réussi musicalement) soit poussif et Pokémon incohérent, Football Factory a le mérite de s’en prendre au foot-bizness, ce qui nous change soit dit en passant des groupes de oi ! qui se caressent le jonc sur leur écharpe de supporter, tandis que Oi ! the pommeraisin est rigolote et fait penser à Lutèce Borgia dans ses accents. La meilleure du CD paraît au final être No War (à cause du refrain engliche ?) avec une bonne intro, une voix haineuse et une rythmique punk bien troussée. L’illustration générale mérite le coup d’œil aussi, représentant une image Panini de l’équipe de France en Argentine en 78 et le tabassage d’une passante par la rousse pendant les événements dix ans plutôt. Une démo qui s’écoute et vaut bien des skeuds officiels. [V.]

Demain plus rien… (compilation EP NO HUMAN RECORDS ; 2001)
Voici un nouveau label qui frappe fort avec ce 4 titres compile. Que des groupes reconnus du punk rock français ; une édition limitée à 300 exemplaires. Voilà déjà une assurance de tenir un collector de demain. J’Aurais Voulu ouvre le bal avec un inédit (d’ailleurs les 4 titres le sont) qui doit dater d’avant le CD : leur style « street punk rock » est reconnaissable entre 1000 (ce qui est aussi valable pour les 4 groupes) : boîte à rythme, basse sur lesquelles se rattachent les mélodies de grattes de Jérémya. Le son est bon mais on est loin du CD et rajoutez à ceci des mélodies moins prenantes ça donne un morceau moyen du groupe. Le texte les rapproche plus que jamais de la 1ère époque de Charge 69. Paris Violence suit. Marrant… car l’engagement militant des premiers peut étonner de les voir auprès du décrié Paris Violence. Comme quoi. Le titre de Paris Violence est issu de la même session d’enregistrement que celle du EP Rayé de la carte (limité à 300 exemplaires aussi) ; on retrouve donc le même son mais avec une qualité moindre (une histoire de gravure ? de master ?). Un bon titre en tout cas à rajouter la déjà conséquente discographie du groupe. On change de côté : Scrotum… pour moi le groupe capable du meilleur (je pense aux morceaux de la compile CD de BROKEN EAR) comme du pire (leurs morceaux de cul gras et sexistes à souhait). Ici, on échappe au cul et on a même un titre très bien foutu sur la guerre (la preuve qu’on peut faire un bon texte original sur un thème archi revu). Pour finir Symphonie Urbaine : là, je fais la même remarque que pour Scrotum : capable du meilleur (Le rêve bleu , L’inceste ) comme le pire (toutes leurs chansons de cul lourdingues). Ici… c’est une chanson à boire ! (qui reprend en partie le thème musical clownesque du macadam circus des Bérus). Aussi vite écouté qu’oublié. Son moyen aussi. La pochette est ouvrante avec photos / dessins + les textes pour chaque groupe ; tout ça pour 30 frcs pc.
[Jean Punk System]


LES PETITES SALOPES : Va te faire foutre dans ton cul (2001 ; CD 8 t. BAD SOUND ; 22’)
Je n’avais jamais encore entendu à ce jour les Petites Salopes et je ne pense pas être le seul dans ce cas . Ce groupe au son maison qui m’a tout l’air d’être une ou deux jeune(s) fille(s) en one (two)-man (girls)-band. Chaque chanson est une parodie d’une niaiserie célèbre, du moins quand on identifie l’original : Tristan tu as 21 ans (parodie de Billy Ze Kick), Orlan (imitation d’Enigma., le truc avec une fille qui voulait se faire prendre par des cisterciens encapuchonnés dont on ne voyait pas le visage ), Come to Dany (le machin d’Aphex Twin, ici en version rock) Dany aime les sucettes (parodie bien entendu de The Hammer de Motörhead), Sylvin (on dirait une chanson de Françoise Breut), Quand on sera des adultes (on dirait aussi une chanson de Françoise Breut), Femme libérée (ç’aurait pu être Cookie Dingler mais c’est méconnaissable, je penche plutôt pour un inédit de Sonic Youth ou Lionel Hampton bourré). Deux personnes apparaissent dans les paroles : Tristan et Dany, deux êtres que ne distinguent que le sexe et qu’ils sont tous les deux normaux. Ces textes sont parodiques et le tout ‘achement réussi, le problème étant que les originaux (Billy Ze Kick, France Gall, Françoise Breuz, etc) sont déjà assez soûlants comme ça pour s’en retaper une couche, même marrante. Echappent à ça toutefois le morceau sur Orlan Mon corps, mon logiciel ») qui se fout de la tronche de la fameuse vasouillocyberartiste lyonnaise qui passe sur le billard comme moi je vais faire les courses d’une part et d’autre part Sylvin, dont le texte dégomme ironiquement la chanson pop française bobo à la Dominique A et consorts . Un disque à écouter, surtout vu le prix (2,5 €) peu élevé de la production et l’aspect pop-art de la couv (deux canons en patt’d’eph’ dont l’un a une roue de trottinette au lieu d’un arpion au bout de sa guibole) . [V.]

 




VERY BIG JAHBRASS BAND : Tooing (CD Les Disques de la Tomate T001 ; 15 t.)
Amateurs des ambiances orchestre des îles tout à l’arrière-plan dans les troquets de rencard de Sam et Sally (avec Georges Descrières himself qui, à soixante balais, emballe à qui mieux mieux), ce disque est pour vous (et pas pour moi en l’occurrence). Certes les musiciens jouent très bien, la prise de son demeure fort bonne mais l’esprit est plus à chercher du côté des ensembles vaguement jazzy qui font la musique dans les remises de trophées à la télé (genre 7 d’or ou Césars) que du ska ou du rock-steady jamaïcain . Les trois incursions de la chanteuse n’aident en rien cette affaire que je trouve au final bien compromise (à moins d’être gérant d’un Conforama et de vouloir agrémenter le parcours des chalands entre deux tables basses et un canapé). [V.]

BRIGADA FLORES MAGON : Anges gardiens (2001)
Quelle joie de chroniquer ce skeud dans HAMS !, l’ennemi du peuple ! Passons les querelles intestines et concentrons-nous sur une autre partie de l’anatomie : les couilles. Car, ici il y a en a… et pourtant j’aime les trucs « bœufs ». C’est vraiment de la grosse oi ! skinhead et bien lourde. La pochette met dans l’ambiance : fusil à pompe, poing américain, batte, couteau etc… Très moyen. Musicalement, j’ai moins accroché. Déjà, je vois pas trop l’utilité de la reprise de J’Aurais Voulu : Paria, vu que 2 membres sont communs aux 2 groupes. C’est certes un excellent morceau mais ça ne fait qu’accentuer la confusion musicale qui existe de plus en plus entre les 2 formations. Cette confusion se retrouve surtout sur les solos puisque par moment Brigada c’est du J’Aurais Voulu et vice et versa réciproquement. Le premier titre est carton, refrain hymnique et tubesque… Arrrggh, qu’on me serve une bière et vite. Génial texte en plus. Le second titre Lève toi bénéficie d’un effet très chiant sur le chant : quel est l’ingénieur du son qui a eu cette idée ? L’art de gâcher un morceau. Le morceau Anges gardiens qui donne son nom au CD est excellent, un texte sur l’amitié de plus mais bon, j’y ai cru, j’y crois encore… En début de chronique, je parlais de lourdeur ; le morceau Porc en bleu en est l’illustration. Franchement que je ne lise ou n’entende plus un skin « apo » dire que les reds ne font jamais de la oi ! aussi bœuf-efficace que les groupes RAC. La mauvaise foi a ses limites. Livret sympas dans des tons de couleur chouette et sobre. Dispo à la FNAC et compagnie. Bientôt en 25cm sur MALOKA (un peu étrange non ?).
[Jean Punk System]

LES ORDURES IONIQUES : Se soulagent (CD Combat Rock CR053 ; 38’ ; 2001 ; 14 t.)
Ce groupe est parmi les plus réputés de la Belle Province en matière de punk et les quelques chansons que j’en avais entendues m’avaient bien plu jusqu’alors. Malheureusement je ne saurais en dire autant du présent CD qui aligne une petite quinzaine titre aussi convenus les uns que les autres tant sur le plan musical que dans les textes, la palme revenant à la reprise de la scie de noces ou de casernes Le Troubadour, complètement ratée. Seul surnage un excellent titre intitulé L’Heure juste, où la chanteuse fait preuve d’une sacrée hargne et qui traite de la fausseté de l’information médiatique dans ses traitements du quidam. On peut beaucoup regretter en outre l’absence d’accent québécois qui souvent fait passer la pillule lors de compos moyennes. Une bonne déception. [V.]



V/VM : A gift of sick-love (double CD OFFAL 03 ; 74’ + 41’; 21 (+1 = 22 t.) et 11 t. ; 1999)
Fabriqué dans le Nord de l’Angleterre (c’est spécifié en gros sur la pochette on ne peut plus sobre et rose hôpital), produit par le producteur Loin El Glitchie (sic !), ce disque est barré dans l’espace à un point important, du moins est-on en droit de l’estimer. Il s’agit de tubes des années 80 ou 70 plus ou moins obscurs et qui sont refagotés pour l’occasion à l’aide de filtres électroniques qui les défigurent totalement (ce qui arrange dans certains cas, sachant leurs sales gueules de départ). A part les reprises d’Elvis par les Residents, j’ai du mal à amener ici des références descriptives parlantes. On commence par la fin et le morceau caché qui n’est autre qu’Imagine de John Lennon et, d’une toute autre manière, aussi réussi que la fameuse reprise des Trostkids rennais. Dans le même style pop, on a droit à Spud girls two become one qui dégage bien derrière les oreilles. Plus gothiques et malsaines, le succès des Fridolins de Berlin (Take my beef away) et cette chanson funkyglauquy, Just the way you are xx, ouais, elles nous filent la chair de poule (surtout quand mon lecteur CD ôte de lui-même le bouton pause et se remet en lecture sans que je n’y puisse mais (authentique !!), âââhhh, à moi Majax, je ne veux pas finir dans un plan à la Ring !). D’autres plages donnent dans le garage-rockab passé à la bétonneuse et enduit dans du chewing-gum grumeleux (Do you want to know a sick-rat ?). Bref, si vous avez soif d’inouï et bien que tout ne soit pas inoubliable dans ce disque, il ne peut être que recommandé tant son originalité dépasse les frontières du Grand Nuage de Magellan et tant que votre cerveau ne sera, lui, pas totalement passé sous contrôle de… Destructorbretzel-Bush !
Le deuxième volume concerne d’autres titres détournés (et qui sont proposés sur leur site en mp3) mais en général plus quelconque, à part Total eclipse of the heart de Bonnie Tyler (compatriote d’In the Shit pour l’anecdote) et When I fall in love de Céline Dion (cette Québécoise chaude) qui, de la bluette originelle, marinent affreusement dans le malsain serré ainsi que Sexual rehealed (Sexual heating de Marvin Triste ?) où l’on se croirait dans un film de loups-garous. A déconseiller aux psychotiques morbides carpenterophobes. [V.]


QUATRE DEGRES SEPT & NEMLESS font du gras (split CD Skalopards Anomontpellier Skalosplit81 ; 2002 ; 26’ ; 6+6 = 12 t. + une blague du sud à la fin)
Deux groupes skalopardés dans un enclos pour 12 titres au total avec une super prise de son à la clef. Les premiers qui s’y collent sont les 4°7, qui avaient déboulé déjà voici un an et demi lors d’un premier album qui arrachait la tapisserie des murs. Impressionnants par la multiplicité des sous-styles abordés (punk US avec leur désormais fameuse trompette et même du piano sur Drunky way ; oi ! du début dans One More ou dans les chœurs de Strike a blow, punk 82 sur Ivy Style) et par la maîtrise instrumentale (au hasard, les échanges basse - guitare sur No way), ça fait pas un pli qu’on tient là l’un des meilleurs groupes punks français. A propos de français, on peut espérer qu’ils passeront prochainement à la langue d’André Pouce, cela nous réserverait sans doute des tubes imparables. Du tout bon, Jacques ! Nemless pour sa part nous envoie un hardcore cassé dissonnant à la DK, piqueté de noise (Quiet), toujours rapide néanmoins, plutôt réussi dans l’ensemble (même si je n’accroche pas à une compo aux voix mélodisantes souffrance-du-monde comme Miroir) et qui peut parfois virer et au rock et au punk sur le même morceau (The Nail). Bien foutu aussi, quoi qu’il en soit et malgré qu’il n’existe là aussi aucune compo en französisch. La blague sur Superman avec l’accent du sud à la fin, ouais, bon, ben, elle est bien poilante, certes certes, mais c’est le délire perso qui passe mieux sur une démo ou sur une plage à part. Un très bon skeud, rien à redire. [V.]


Club Zed (compilation CD HEADCORE RDS ; 25 t. ; 2001 ; 62’)
En direct de la région de Seine-et-Marne, 25 groupes de divers horizons géographiques (Suède, Etats-Unis, Suisse, Belgique, Japon, Canada et surtout France) mais musicalement rassemblés autour de trois pôles : le punk, le ska et le hardcore mélodique. Etant l’un dans l’autre extrêmement rétif à ce dernier, j’ai eu beaucoup de mal avec les 2/3 du disque qu’il représente à lui tout seul. Ce style popise trop, j’ai plus treize ans, bref, j’y arrive pas des masses… Je ne peux par contre que louer certains autres groupes dont deux grosses surprises. La première vient des Scandinaves de Sob Pariasound (et non Zob Pariapunk) qui nous décoche de leur jeu de basse déstructuré un punk mâtiné de hardcore-fusion à la Primus carton. Plus proche de nous, la seconde vient de Seine-et-Marne, se prénomme Cabb et balaie l’auditoire d’un punk anglais de première bourre, à tel point qu’on croirait la Brie en Albion ! Un top ! Les autres bonnes choses, goûteuses comme les Werthers Originals que m’offraient Marc D. à la sortie de l’école à Charleroi, ont pour nom Link 80 (pas des inconnus et dans la droite ligne New Bombs Türks ou Looking Up), Swagman qui nous sert un hardcore punk tranché bien tourné et enfin les Kobayes du Mans et leur court mais efficace raggaskapunk qui doit particulièrement donner sur scène. On peut retenir aussi No More Heros et les Chinkees qu’on avait déjà pu entendre chez SHARK ATTACKS-SMALL BUDGETS voici trois ans. Une compile réservée avant tout aux amateurs d’hardcore mélodique, concluerais-je, mais qui pour quiconque vaut le détour, ne fût-ce que pour les deux claques ramassées et le prix modique de l’ensemble (7,6 € p.c. !). [V.]

LEXALL : Les Ombres (2001 ; CD LOST REFELEXION n°4 ; 4 t. ; 40’)
Seul, Lexall pratique une musique qui va chercher dans les ambiances dark des lutins verruqueux et sorcières aussi vilaines que des dessins de Beltran ou Bellamy . On peut noter à ce propos les peintures de Bosch surimprimées d’une femme nue pour la couverture) ainsi qu’une étrange citation de Lactance (première fois que je vois ça sur un disque…), l’écrivain latin chrétien. Une voix étranglée et artificiellement vieillie sort un baragouin d’outre-moyen âge héroïco-fantastique en faux ancien français avec des histoires de peste et de Francie peu aisées à comprendre sont servies pour démarrer mais la musique, toute de guitare et d’électronique, est plutôt bien léchée sur cette première plage. Idem pour la trois, qui ne dure pas moins de 21 minutes : elle se subdivise en quatre parties qui alternent le passage à la Pink Floyd (style Good bye blue skye) et des trucs carrément métals plus énervés bien que gardant un côté lisse assez seyant et très expressif. Le dernier morceau (Ombre du Mal) rejoint clairement le monde gothique avec des arrangements plutôt chiadés, notamment les touches d’orgues. Lexall parvient à la suggestion qu’il recherche et vu que c’est fait tout seul, à la Petit Vodo, le résultat se pose là. Bonne découverte. [V.]



Alice will never surrender (compilation CD ALICE IN WONDER RDS AW072079 ; 12 t. ; 61’ ; 2002)
Le titre n’a rien à voir avec Blitz. Une présentation neutre, aux couleurs claquantes, faite de photos de propagande chinoises ou mongoles datant de l’époque où l’humanité bondissait en arrière à coup de millions de morts… La majorité de cette compilation a trait à de la pop niaise for the bobos style Jay-Jay Johansson mais reste un quart qui n’est pas à jeter aux chiens. A commencer par de la bonne pop revival anglaise fin des années soixante, savoir Wow & Flutter, pas mal du tout. Idem pour Tank, dont l’electro-ambient minimaliste, un peu long dans ses intro progressive et conclusion smorzando, se laisse néanmoins écouter. Plus inhabituel est Kemialisset Ystävät (je ne te le fais pas dire, répète-le rébou pour voir) et son Varmaan helposti murtuu luut (eh oui, quelle époque épique …), qui, pour hésiter entre électro et noise, brille par son originalité sonore. Enfin l’on est d’entrée capté par la musique cinématographique de Room 204 (comme la bagnole de chez Peugeot avec ses sièges en skaï bordeaux), à ses basse et batterie chaleureuses tripopisante à la Goldfrapp. Cela donne envie d’aller jeter une oreille sur l’album qu’il doit sortir sur le même label. Une compile plutôt pour popeurs (même pô peur !). [V.]

LES DIPSOMANES : Vie torturée (CD 16 titres, Disques ZERO CONTROL ; 2001)
C’est le premier album (je crois) de ce groupe de Toulouse qui a déjà fait pas mal parlé de lui dans les zines et dans la presse punk rock. Très rock’n’roll, ça m’a rappelé des vieux trucs français des 90’s. Je ne suis pas fanatique du style et j’ai peur de dire des conneries donc je garde les références que ça m’inspire pour moi… courageux… Sinon que dire, le son est vraiment bon et ça pète : je vois déjà le truc dans un bar enfumé, un demi dans la paluche de droite, des perfs à droite à gauche, un jeune punk pogottant devant, un braillard gueulant « rock’n’roll !!» entre chaque titre…
[Jean Punk System]

STEVE & THE JERKS : Buy Steve and the Jerks (45t. SQUARE RECORDS ; 4 t. ; 10’ ; 2001)
Surprenante est la musique sur ce 45t. parisien, notamment le morceau Walk on by qui part dans une atmosphète bizarre et difficilement descriptible. C’est du rock-garage que le duo déstructure un poilounet (un poilounet car on est bien loin tout de même des limbes cosmiques à la Starship du MC5) mais son originalité ne m’a pas convaincu. Ce rock à guitares 70’s est tout à fait réussi néanmoins, notamment sur le très court Beat, kick and strum (qui n’aurait pas dépareillé au sein du Go des Sonic Youth ou du Pollenate de Youth Gone Mad, au choix) ou le refrain-titre d’Anonymous & incompetent dont la diction trotte très rapidement dans la tête. Un bon petit disque ensauvagé, à la présentation très sobre et de goût, comme dirait le baron. [V.]


LLORCA : New Comer (CD F Communications F137 ; 2001 ; 64’)
On navigue ici dans les eaux de la techno au sens large, proche des clubs et du big bizness et la musique s’en ressent hélas, puisque les trois-quarts des titres sont très pauvres rythmiquement et pétris de voix r’n’b insupportables. Deux titres échappent à ce travers général qui sont instrumentaux (et justifient cette courte chronique) ; ce sont d’une part Lights behind windows (avec le sax ténor de Julien Loureau, le jazzman français le plus en vue actuellement) et d’autre part Lalo caught me dancin’, fin morceau électro-jazzy qui n’est pas sans évoquer le Blue Fever des Djins (sur l’album de l’an dernier, un des meilleurs de l’an 2000 sans conteste). Je ne sais pas s’il y a un rapport à Lalo mais il doit relever alors du rapport allusif instauré par l’Automne à Pékin… Un disque à dégotter deci delà pour recopier ces deux plages, l’achat général n’étant surtout pas justifié. [V.]

Punk Rock'n'Gones
(compilation CD 16 titres ; 2001)
Voilà longtemps qu’une compile aussi homogène n’avait pas déboulé sur ma platine : 100% punk rock français du début à la fin : Les Mauvais Garçons / Hors Service / Sourire Kabyle / Double Zero / Haine Brigade (avec les titres du split 7’’ partagé avec les Bérus) / DOMSK / ELFF / Special K ont chacun deux titres pour s’exprimer. L’autre point commun est l’origine géographique puisque tous ces groupes sont du 69 c’est à dire de Lyon et environ (d’où le nom de la compile). Ne manque que Les Partisans. Dommage, le tour d’horizon aurait été complet. La présentation est assez complète, en couleur… pour les groupes intéressés un volume 2 est en préparation toujours avec des groupes locaux. Ne reste qu’à leur présager une suite aussi bonne. [Jean Punk System]


PUTRELLA : Forever America (CD BAD SOUND ; 2001 ; 11t. ; 38’)
Composé de trois membres du sexe, Putrella nous vient de la ville d’Edouard Herriot. Principalement instrumentale (à part quelques emprunts de voix qui ressemblent beaucoup à celles des Petites Salopes…), la musique de Putrella serait plutôt à classer sous la rubrique noise. Une influence récurrente est celle du Velvet (reprise de White heat, white light à la fin de Grand Canyon) mais pour l’humour, on se référera plutôt aux Oblivians ou à Buttsteack. Ç’a l’air d’être fait par-dessus la jambe mais le résultat est là et c’est à mon sens le disque le plus abouti de ce nouveau label prolifique. Mention spéciale à National Park Geographic dont l’ambiance salement guitaristique et douce comme un gratton passe carrément bien. Vu le prix du disque, ce serait idiot de passer outre (3 euros, oublie ton paquet de tue-poumons !). La noise lyonnaise en chambre à la va-comme-je-te-pousse a un nom que l’on clame haut et fort et celui-ci n’est autre que : Putrella. [V.]

RIOT CLONE : Do you want fries with that ? (CD UPSTARTS PRODUCTIONS ; 2001)
Alors là, je suis sur le cul : un groupe avec des ex-CRASS me plaît énormément ; et encore c’est peu de le dire. Ce CD est tout simplement excellent. De l’anarko punk à la Conflict bonne époque c’est à dire un punk le plus souvent mid-tempo (street punk) avec des lignes de basse très présentes et un excellent chant rayé collé dessus (collé sur la basse, suivez un peu…). Je sais pas qui chante mais faut le garder. Un truc casse-burnes quand même : il y a des tonnes d’extraits de radio/télés… clichés inhérents au style. Heureusement que les ¾ sont zappables puisque sur des pistes à part. La présentation est 100% lutte animale avec des photos gore. La pochette est d’ailleurs un jeu d’humour noir (rapport au titre avec la photo). Si vous achetez pas le CD allez au moins voir la pochette sur internet. La version vinyl est sortie sur TRIBAL WAR.

[Jean Punk System]



FREAK KITCHEN : En ko (CD NOTHING TO SAY NTS3068742 ; 2001 ; 57’ 32)
Bof, un groupe suédois de pop-folk électrique ennuyeux que ne laissait prévoir la pochette grunge un poil plus agressive du disque. A retenir toutefois deux compos, l’une cinématographique (Also sprach Cetacea) et l’autre folk noise (Six Dildo Bob & the Bluegrass Samba from Hell) aux rhytmiques percus un chouïa brésilien en complet décalage avec la guitare progressive et presque trad qui s’égrène dessus (et qui n’est pas sans évoquer le violon omniprésent de la musique populaire scandinave). Précisons que ces deux morceaux sont des instrumentaux et que Bo Derek était un homme. On peut écouter aussi l’intro de Mr Kashkei & the 13 prostitutes avec un mélange de marimbas et d’effleurements de la gratte très réussi (mais qui ne dure qu’une minute sur huit, aïe aïe aïe). Faut qu’il tèje leur chanteur, Robert Fripp ultrapopisé, et dynamise leur zique car trop de virtuosité est tout sauf la recette du bon rock, signé Michel Oliver. [V.]


EXXON VALDEZ : Unreleased fever by professional wankers (CD LOLLIPOP RDS ; 2001 ; 19’ ; 17 t.)
Vu la longueur et le nombre de titres et sachant que ce n’est pas un groupe de powergrind anabolisé, on se doute que c’est un garage-punk-punk comaç qui doit débouler dans les enceintes à la vitesse de Fangio. Bien qu’ayant été soufflé par l’énergie de chaque split-EP du groupe (de loin, l’un des plus scotchants) et par ses apparitions compilatoires, je dois avouer que le trop de blinde m’a ici laissé un tantinet sur ma faim (à l’inverses de leurs compères marseillais des Gasolheads qui eux sont autrement meilleurs sur la distance que sur leurs petits formats). Il y a pourtant des reprises de trucs déjà entendus (CCC, Pregnant). Je ne sais pas d’où vient cette demi-déception (après plusieurs écoutes, je crois que ça vient de la composition d’ensemble du disque et de la succession mal choisie des morceaux), la fin de l’album étant toutefois bien plus chaude, vraiment hargneuse, sur le fil du rasoir et réussie (notamment le très bon titre noise, comme son titre ne l’indique pas, New disco). Ce qui l’aurait fait en concert (à l’aise), ne passe qu’à moitié ici. Cela rappelle au total beaucoup les groupes français première vague de la fin des années 70. A chacun qui aime les grosses guitares infernales de se faire un avis sur la prestation de ces Alsacos. C’est quand même de la haute volée. La présentation graphique, particulière pour Lollipop, n’est pas extraordinaire même si l’intérieur est rock’n’roll et poilant. Le CD enfin aurait gagné à être un peu moins chérot si l’on se réfère à sa courte durée. [V.]



GÜMZ : Gümz (CD TONZ MANAGEMENT RDS [26, rue Pasteur
95100 Argenteuil ; 16’ ; 8t. ; 2002)
Avec une pochette excellente (Paris détruit la nuit par des King Kong X-Or), une légende sur le disque à se pisser dessus de rire (« piss… ») , des remerciements sensas (« On remercie personne parsqu’on est très evil ») et aussi, que j’allais l’omissionner, une déco comix d’horreur qui fait peur, on a hâte d’écouter ce que donne la zicmu de ces trois agités du beubul, j’ai nommé les Gümz. Ce groupe banlieusard ne rime pas avec Mozart (ahah) comme on aurait pu le croire en se laissant abuser mais plutôt avec les Ramones ou avec le son de groupes comme les Garage Lopez mais en moins lunettes noires et en plus premiers Dogs (c’est subjectif). La production n’est pas digne de chez Decca ou Deutsche Grammophon, c’est pas grave, ça rajoute à l’ambiance bien que cela nous empêche d’entraver le sens profond des paroles (espagnol, anglais et peut-être francese). Beaucoup des titres sont parodiques (Smells like white spirit, Dead lady dis, config.sys ) or le premier te pète la jambe tellement il est rock’n’roll (Please, play in my X movie), genre au bout d’une seconde t’es dans le morceau à fond. Sur les deux chansons en espingouin, la première est elle aussi bien papier vénitien et se retient assez rapidement (Me voy a ir), ce qui est ma foi toujours très bon signe. Un essai transformé sur le terrain avec brio par ces trois requins de studio sexys qui ont cent-quarante-deux ans à eux trois (comme quoi il n’est jamais trop tard pour se lancer). Chaudement recommandé (même si ce n’est pas encore l’époque des fêtes). [V.]



ANTOINE DUHAMEL
: Pierrot le Fou / Week-End (CD Universal Music Jazz France 013418-2 ; 1965 et 1968 [2001] ; 16 t.)
Un classique parmi les classiques des musiques de films que celle de Pierrot le Fou. Comme ça ressort, c’est toujours bon de le signaler. Hormis les airs chantonnés par Anna Karina qui ont pris un sacré coup de vieux dans le coffiot au point d’être parvenus à la limite du ringard, on peut signaler le Twist pour Jean-Luc (Godard) qui vaut sur une minute tous les twists du monde. Le reste est tout simplement génial (Thème de Ferdinand, celui de Pierrot, Sans lendemain), proche des compositions de Delerue pour le même Godard. Week-End, le film avec Jean Yanne (celui qui n’aime pas le rock) et Mireille Darc, affiche des montées chargées d’émotions lourdes, d’un post-romantisme appuyé mais qui ne sombre jamais ni dans la musique contemporaine absconse ni dans le pathos hollywoodien effrené. Superbement orchestré, ce chef-d’œuvre d’Antoine Duhamel est un indispensable de toute collection musicale (et en plus tu peux te le faire dédicacer par son cousin Alain, génial non ?). [V.]

Teach yourself punkrock (vol. 10) (CD PEOPLE’S REPUBLIK OF PUNK ; 1977-1981 [2002] ; 29 t. ; 78’)
Des compiles qui vous scient le train à la mode des années 80, c’est bien les TYPR. De manière toujours aussi variée et représentative de la diversité foisonnante de l’époque (du moins au début de celle-ci), on balaie large mais toujours en restant dans la veine punk (il n’y a par contre aucun livret d’accompagnement et aucune date non plus [à part pour Chelsea]). Ça commence avec le pote de Siouxie, Stuart Goddard, chanteur d’Adam & the Ants, groupe archiconnu à l’époque mais dont je n’avais jusqu’ici qu’écouté des trucs pop insipides, genre Dog eat Dog. Ici c’est toujours de la pop new wave mais sortez le morlingue, j’achète de suite ! Deux petites perles (peut-être leurs tous premiers enregistrements) Lady (dis sous le pont) et surtout un Young Parisians aux oignons avec accordéon, deux-trois mots baragouinés en français, un régal. Les deux titres de Chelsea qui suivent sont plus anecdotiques bien qu’ils faillent noter que, datant de leurs tout débuts, ils sont beaucoup plus nerveux que ceux que ce groupe, qui avait le droit de bosser, laissa plus tard à entendre. Excellents par contre, les arrachés de F (c’est le nom ) qui nous chantent la messe en trois titres que l’on recommande, surtout le dernier, punkissime Spit it out . A noter que le chanteur a, avant la lettre, la voix type du groupe de street-punk de maintenant. Je ne sais pas d’où ils sortent, qui ils furent et c’est bien dommage. On change d’optique à 180° pour se retrouver vers les émanations les plus froides et industrielles de la vague punk (quoiqu’il y ait une voix qui aime à déblatérer derrière le micro puisqu’au chant se trouve un membre de Crass), ce en la personne d’Hit parade. On est ici grosso modo sur des contrées à mi-chemin entre Throbbing Gristle et Human League. Si j’adore ces sonorités d’époque par nostalgie, j’avoue à la longue me lasser. Ensuite viennent les Jerks (dont un de ces deux titres de 1978 [Get your wooking dog off me] était déjà présent sur le volume 4 de la série mais tout ça reste on ne peut plus goûtable) et les Lost Cherrees, chéries perdues qui ont tous les gimmicks des groupes féminins d’époque (voire de maintenant) comme Honey Bane mais sans atteindre à leur niveau ce qu’ils font qu’elles peuvent rester égarées, on ira pas les rechercher. Après on prend l’avion direction l’Australie et son groupe fétiche, les New Christs, les rois du rock australien (attention, ici rien à voir avec la période récente et les albums comme Divine Rites, au rock bien plus mainstream) qui nous ballade dans un rock hargneux de première bourre aux accents parfois quasi Bauhaus ou Young Gods (The Black Hole). Plus gentils sont Vénus & ses Razor Blades, qui évoquent tout autant le punk-pub-rock que Slade voire le glam tendance Sensational Alex Harvey Band. Pas très méchants non plus, les Wanderers avec deux titres corrects de 81 (et tu entends bien que c’est d’un Ep d’époque que c’est repiqué, madoué, y a pas tromperie sur la marchandise ! scritch… scritch…). Je m’attendais néanmoins à un tremblement d’oreilles bien plus conséquent vu qu’on retrouve dans ce combo rien moins que Stiv Bators (à la place de Pursey) accompagné des Sham 69 période The Game ainsi que de Marius Trésor !… On clôt ce festival de vieilleries roboratives avec deux groupes italiens punkcore à la Varukers limite crust et qui ont pour nom Wretched et Indigesti. Le fait qu’ils soient Transalpins jouent à fond pour eux mais outre cela, ces six coups de pétoire (trois chaque) demeurent tout à fait écoutables, à trois cents à l’heure sur les grattes et le micro d’enregistrement habilement placé au fond de la grosse caisse… Une pépite que ce disque et on salue encore la démarche des personnes qui font ces compilations, bravo à ces Tudesques casseurs de collectors ! [V.]

 

 

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