Hams! n°9

 

 

** Chroniques musicales **

 

NAKED INTRUDER : Deadclown Hatecrime (CD Mile 329 n°2 / Slave Industries n°12 ; 11t. ; 2002)

L’artiste (Scott Jaeger), Américain je crois, qui fait cette musique EBM n’aime donc pas Zavatta, Fratelli et consorts (preuve en est un titre du disque : Clowns on fire). Grosso modo, c’est pas inécoutable, des plages passent la rampe telles Obelisk ou Retribution ou surtout l’excellent morceau sans nom (on va l’appeler Deadclown hatecrime) et sans rapport avec le reste du CD, où un auguste hilare est plongé dans une atmosphère de cirque trop joyeuse pour ne pas être malsaine. Trop de fois par contre l’on tombe dans des timbres dignes de la pop froide et synthétique des années 80 la plus courante, soûlante étant aussi un adjectif adéquat. On y entend certes parfois des sons entre le Bowie de China Girl et le Let’s rock baby de Michiko Kusaki (Boiling point, Halfthink) mais cela ne suffit pas à faire de cet album autre chose qu’une curiosité non aboutie. Le revival ok mais pas brut de décoffrage, mince (sauf si t’as pas vécu dans les années 80, auquel cas cela pourra peut-être t’être joli aux oreilles, encore faudra-t-il se lever de bonheur…).

[Victor]

CORE Y GANG : Core y gang (CDR démo ; 9 t. ; 2001 ; 31’)
on a souvent comparé ce groupe punk lannionais à Melmor du fait de la présence du violon et de la proximité géographique (Trégor contre Penthièvre, yo !). A vrai dire la comparaison tient la route sur le morceau nommé Intro (assez bon d’ailleurs) et sur les breaks où on l’entend nettement mais ce n’est pas ça qui donne la vraie teinte du groupe (preuve en est Antipolitik où le violon ne sonne pas du tout comme le groupe briochin). Pour la ressemblance, j’irais plutôt chercher chez feus les Excités ou surtout les Stéroïds, notamment dans les plages les plus réussies (Jungle urbaine, avec un petit côté streetpunk sur le refrain ; Pourris ). Musicalement, c’est bien carré, avec des textes keuponnaux assez classiques en franzose, le seul hic est parfois la voix qui cafouille ou ne se pose pas, notamment dans Partie civile et Pouvoir (ceci dit, c’est une démo, c’est pas une audition à la Scala, hein…). En gros, un groupe qui, s’il n’est pas pour le moment original, semble assez prometteur et fait déjà montre d’une maîtrise certaine de l’énergie punk. A suivre de près en tout cas.

[Victor]


Ton
sourire désintègre les matins (compilation CDR Collectif Effervescence n°2 ; 39’ ; 10 t. ; 2002)

Paré d'un titre poétique assez joli, cette compile nantaise se distingue tout d’abord par son aspect extérieur assez agricole et qui accroche l’oeil : un tracteur sur pochette carton avec CD attaché par une agrafe parisienne. Hélas, comme souvent dans les présentations minimalistes, tu peux te gratter si tu veux avoir des infos sur les groupes présentés (ce qui me semble pourtant être le but principal d’une compile). Le prix reste au demeurant correct (8€ p.c.). On commence par Modul (Drums and detuned piano) qui nous sert une musique tout à la fois colérique et intimiste et au final réussie sur un vieux piano droit désaccordé à la Chokebore (Where is the assassin ?) qu’aident à soutenir des samples et surtout une permanente batterie. Différemment rythmé et nettement moins nostalgique (y a pas de mal vu le précédent…), chaud et habilement tourné, le trip-hop de Tordeonde (Corridor) s’écoute agréablement. Toujours dans le même style, mais plus à nouveau dans un côté noise à la Tarwater, Pelforte , pas si mal mais gâché par la voix à la Björk à la fin (Otari). Peu ou prou orienté similairement, on passe à This Melodramatic Sauna, dont les voix au début manquent planter le morceau mais celui-ci s’arrache sur la longueur, notamment par l’habile mise en valeur progressive de la guitare acoustique sur fond nappé trémulant. Idem enfin pour Colegram et son trip-hop mêlé de bruits de récréation (Humad), un peu répétitif au début mais qui décolle sur la seconde partie du morceau. Electronique, Gendyn (De l’angoisse à la méthode) fait immanquablement penser à Gel dans ce qu’il a de mieux (bips, nappage, renversement et déstructuration ) et Mtd (Anyfish) à de la musique de film (voix américaine, tintement et batterie en fond, Seven n’est pas loin !). Passsons sur Karikomi, loupé avec son sample d’Eddy Constanine trop utilisé et sa mélopée molle du genou (G is the key when Alphaville’s burning). Achevons en conclusion cette chronique par la présence de la fraîche et courte pop-noise féminine des Belle Bastards (Domestic lips for your stick) et surtout celle de Stuntman 5, dont l’atmosphère hip-hop US doublée de nappe ambient, à l’architecture parfaitement équilibrée, tape véritablement dans l’oreille de la bonne manière. Au total, une réunion d’atmosphères et de personnalités d’univers proches, quoiqu’assez divers, enchaînées avec cohérence, réunion qui vaut largement le détour.

[Victor]

BAD RELIGION : Punk Rock Songs (The Epic Years) (compile CD EPIC / SONY ALLEMAGNE ; 2002 ; 25 t. ; 67’)
Bad Religion est le lien entre le punk-rock américain et le rock FM, cette compile ne sera pas là pour prouver le contraire. A part le bon titre rock Ten in 2010, rien de bien transcendant sur ce disque et il est à penser que Bad Religion disparaisse aussi profondément de l’histoire du punk qu’il fut haut porté aux nues. Ne fût-ce que cela, ce ne serait pas grand-chose mais ces bâtards ont de plus produits un disque, je traduis, « non jouable sur PC ou Mac » . Ce, sans doute pour éviter la copie gravée laquelle est tout à fait autorisée par la loi tant qu’elle demeure individuelle . Or, une bonne partie de leur clientèle est faite d’ados qui ont de plus en plus tendance à utiliser leur ordinateur comme lecteur et cela se comprend. Bref, le gars achète le skeud et chez lui, en rentrant, il s’aperçoit qu’il a très mal au derrière, quelque chose de bien… Et après on dira que Bad Religion est un groupe « punk »… Un groupe médiocre doué d’un esprit mercantile de merde, voilà la vérité.

[Victor]


Tout va très bien en France (compile CD BETTERAVE CIRKUS 001 ; 2002 ; 23 t. ; 69’)
Ska-punk, dire que cette compilation n’est pas placée sous le signe du ska-punk serait mentir ! Quelqu’un qui n’en aurait jamais écouté serait tout de suite au jus du style . Côté punk, on trouve d’intéressant Six Rich Dead et les Kargol’s (qu’on aurait plutôt attendu versant ska) ainsi que les initiateurs de la galette, les Betteraves . Moins convaincant mais suffisamment particulier pour être mentionné avec son son rock 80’s, Darling Genocide (d’anciens Cadavres à ce que j’avais cru comprendre). Pour le ska (la plupart très fortement hybridé et pas du tout roots, précisons-le), sont à écouter les Rats sveltes (mélange avec du rock alternatif), la Raïa (excellent, avec de l’accordéon), Eat shit (un live qui passe bien), les Kobayes (toujours dans le ska-hiphop-core les Manceaux), 36 (un groupe en hommage à Léon Blum), Morpionz Circus (dont un précédent morceau donne le titre à la compile et qui nous pondent une fieffée bonne chose ici, moins fanfare du sud et plus carré que ce que j’avais pu jusqu’ici en entendre), Donkey Skonk (à la faconde méridionale) et l’inépuisable groupe parisien le Pélican Frisé, le plus ska de tous les ensembles présents. Le son général reste très correct (à part sur le titre de Three feet cats) ainsi que le prix . La présentation générale se compose d’une grande feuille où chaque groupe possède un petit espace de présentation et le rond central, de sales bobines des chaussettes à clous de Mai 68 . Bon esprit et bonne pioche que ce panorama du ska-punk français d’aujourd’hui (et qui vaut mieux que le ska-fête au village si répandu et aimé des foules, l’été, sur la place centrale, quand on a encore du sable dans les chaussures bateaux).

[Victor]

Don't fuck with Saint-Etienne (Compilation CD Meantime Rds M004 ; 2003 ; 18 t. ; 52’)
Une compilation de Saint-Etienne maintenant, dont Maz de Protex Blue et du fanzine Meantime est à l’origine. C’est un panorama de la scène punk stéphanoise d’aujourd’hui. Saint-Etienne est une ville qui s’est toujours distinguée par son club de football (Larqué, Bathenay, Janvion, Rocheteau et n’oublions pas Platini aussi) dont la caisse noire de Roger Rocher est restée dans l’histoire . Bizarre, pour le détail, que le groupe basque Skunk soit dans le lot (surtout que leur titre est très oubliable). Les plus mauvais titres sont ceux de Lack of Reason (pop énervée gentille), Riggel (un peu plus énervée mais toujours gentillet, genre les voix pas muées), Ultimatum (ska-rock mélodique de lycée) et de The Village Voice (punk-rock français tradition déprime). Le reste est plutôt agréable. Mention particulière à Goofball, avec un titre (Mazes) de rock carré, hargneux et qui sent sa veste de jeans trois tailles en dessous, du bon rock quoi avec une bon couplage guitare-basse ronflant comme un bestiau fougueux. Deuxième mention spéciale également aux Perfect Cousins, avec un titre punk lourd et pénétrant (Nothing). Switchstance et son morceau inconnu avec sa drôle de prise de son sont également à relever du côté des bonnes surprises. Dans le même style et à toute blinde dans l’auto, Cider Breakfast, qui cartonne avec un Overdose nation envoyé comme une canette à travers la salle. Idem pour les Hunchbacks, dont le Leave déchire. Plus noir, moins speed et avec un goût âcre dans la bouche, Eis (ce groupe est tout de même l’un des plus originaux de sa scène émo-noise) qu’on a connu un chouïa meilleur mais c’est la vie. Moins emballants sont Good Ol’Boys (punk-rock français 70’s dont le premier titre [Monica] est pas mal, vraiment couleur d’époque – début 80’s – tandis que l’autre est moyen) et Post Silly Poulps (un titre live agressif mais bof). Groupe mort, Protex Blue nous chante une bonne chanson qu’on dédicacera au baron Seillère (Parasite), du bon rock corrosif. Le deuxième titre qu’il nous offre en guise d’adieux, au bout de 2/3 écoutes, s’avère aussi carrément bon (cf. le refrain) nonobstant quelques passages de chœurs à l’anglaise un soupçon convenus (mais l’ensemble, on le doit le reconnaître, est bien construit). Le groupe qui lui a succédé en partie, Thee Muckrackers S.E. nous pond pour sa part un ma foi bien gouleyant Red Rosa Skank qui nous ramène au pays des Dynamites et des Techniques trente-cinq ans en arrière, ce d’une façon non honteuse, du bon revival quoi avec une couleur d’orgue typique et ô combien appréciable ! La blague de la compile vient de Caca , groupe qui reprend honnêtement et assez classiquement – à part le chant mâle - Heart of Glass de Blondie, combo new-yorkais dont la chanteuse a désiré mon corps pendant des années, en vain hélas. Ben, ça y est, j’ai fait le tour, il me semble, salut ! (A 4 euros, inutile de vous dire que c’est une acquisition recommandée).

[Victor]

PIK : 19 Titres (CDR démo ; 2002 [1998 à 2001] ; 39’ ; 19 t.)
Sous une couverture très réussie (une fillette mégalocéphale avec une femme asiatique souriante dans la tête qui pose devant un plan de maison sous lequel est planqué un Japonais), avec une femme asiatique souriante dans la tête), Pik propose de petits morceaux d’électronique domiciliaire (la maison a-t-elle des fantômes ?) d’une ou deux minutes. Pleins de sons concrets (passages radiophoniques, cliquetis), ils délivrent une atmosphère d’installation électrique particulière qui évoque facilement les interrupteurs de type Tumbler. C’est très bien ficelé (à part le morceau avec le bébé), à la limite de la gêne et aux lisières de l’inconnu. Une bonne pioche que cette démo compilatoire, qui vaut bien des disques de labels.

[Victor]

LES GARÇONS FACILES : Twist Olympique (CD Buzz Buzz Rds BBR031099 ; 9 t. [+ 1 vagissement de nourrisson] ; 2000 ; 33’)
Sous une pochette rétro chiadée qui multiplient les logos (jusqu’aux supporters de l’O.M. !), ce disque, que j’avais oublié de chroniquer en son heure, retrouve les couleurs de l’époque du Golf Drouot, du twist et de Johnny, très à l’honneur ici. Ce sont des reprises, parfaitement interprétées quant aux instruments (et le meilleur titre demeure d’ailleurs la cover surf-garage de Jack the Ripper). Là où tout cela coince, c’est dans la voix qui, bien que loin d’être mauvaise, ne parvient pas du tout à retrouver ce cachet d’époque qu’ont par définition les originaux (pas forcément des chefs-d’œuvre non plus quant on les compare aux primes versions anglo-saxonnes, cf. Johnny dans Fils de personne par rapport à Fogerty…). Manque au total un soupçon de fantaisie et des compos originales légèrement moins propres. Réservé aux fanas des 60’s revival (voire sur-revival puisque ils reprennent la chanson filmique Johnny de Bijou ).

[Victor]

DESTRUCTOS / STINKY POLECATS : Split EP (EP Self Destruct Recordings DEST002 ; 11’ ; 2+2 t. ; 1998)
Malgré une pochette géniale (célèbre détournement de l’arrestation de Lee Harvey Oswald où on voit l’intéressé hurler sa haine dans un micro au milieu du clavier et du guitariste de son combo hardcore), ces Destructos écossais ne cassent pas les briques avec leur punk mélodique à la limite de la pop tandis que leurs acolytes des Stinky Polecats ne valent guère mieux à sussurrer leur punk 77 également mélodique. Sous des aspects trompeurs, un disque relativement imbuvable.


[Victor]

THE FILAMENTS : Skulls & Trombones (CD New Blood NBCD02 [ou 25cm Rural Muzik RM17] ; 21’ ; 9 t. ; 2002)
Frais émoulus d’une région humide et verte en Angleterre, les Filaments impressionnent par la maîtrise de leur art dès leur premier album. Ces jeunes punks (ils doivent avoir dans les vingt ans aux pommes) d’Outre-Manche arrivent à manier plusieurs sous-style du punk (punk-core, skapunk, punk mélodique et oi !) et à les mêler avec la plus grande aisance. A part deux titres (Trevor, sorte de streetpunk allemand pas très léger musicalement et Uk now, ska des familles un peu poussif), tout le reste se mesure à l’aune des meilleurs. D’entrée de jeu, Punk unity affiche la couleur avec un mélange de punk grand-breton et de ska (et même un petit plan métal à la guitare). Suit l’excellent Hiroshima, punk-core agressif façon Exploited période Troops of tomorrow, à la limite du désespoir, puis Our roots, qui revient à un streetpunk un brin mélodique et au refrain marquant. Thrown away repart sur le ska-punk qui fait la touche du groupe et, en écho à la troisième plage, Better way retrouve des accents punk-oi ! mélancoliques, côté oi ! qui déboule pleine tête dans des effluves de ska et de punk (que diantre, quelle surprise !) dans Oi ! The Filaments et tout cela se parachève dans un Patricia explosif et violent qui laisse l’auditeur comblé, le temps d’aller dans le frigo se rechercher un bock avant de se repasser le total une fois, encore une fois.

[Victor]

More G.D.M. (compilation CD Tigersushi TSRCD001 ; 79’ ; 15 t. ; 2002)
Drôle de concept que celui de cette compilation du label issu du webzine parisien Tigersushi puisqu’il s’agit de mélanger (pourquoi ? j’avoue n’avoir pas trop compris) des morceaux vieux de vingt ans avec des œufs frais de la veille. Explorons tout d’abord ce qui date. On commence avec Gina X (ma qué, peut-être Lolobrigida !), électro-pop pas mal aux sonorités 80's marquées mais les refrains sont trop kitch et plombent la chanson, icelle peut donc être remisée. Ensuite, un groupe amerloque nommé The Bush Tetras (les « coqs de bruyère de Deubeuliou », horreur !!) : du rock aux guitares assez agressives comme il s’en développa par la suite (Young Gods) et aux teintes gothisantes, le tout mené de manière lancinante et hypnotique, l’échec venant de la voix féminine, plate pour le genre. C’est toujours mieux en tout cas que la complainte minimaliste archi-nulle des Tokow Boys (des Français) avec une chanteuse munie d’un organe comme le groupe les Elles, hélas pas du tout pareillement utilisé… Suit un type nommé Max Berlin (mais bien de Groß Pariss, ach !) à la fin des années 1970 et qui nous sort de son futal pattes d’eph’ une chanson érotique dans le style gainsbourien du moment. La magie n'opère toutefois pas car le texte est relevé comme une assiette (plate ou creuse, t’as le choix) bien que la musique soit très correcte. Changeant radicalement de style, on se met sur la tête pour écouter maintenant Chapter Three, groupe de rappeur new-yorkais (rien à voir avec les très pas-bons Chapter 21) au milieu d’un univers typique du début des années 80 au gros son funk et tout et tout. On peut regretter que le morceau soit assez quelconque et que rien de fort ne ressorte au final véritablement. Heureusement vient alors Material alias Bill Laswell, l’homme à tout faire, aux phalanges magiques qui nous sert une électro-pop dansante très années quatre-vingts et plutôt prenante, parole de connaisseur en vie meilleure. Le dernier et le plus ancien pour la fin, voici Cluster et son Hollywood, aux ambiances filmiques où, au travers de nappes, percent des pointes de cordes mêlant tour à tout mélancolie et sérénité. Passons maintenant à la partie contemporaine. On commence avec Metro Area, venu d’Outre-Atlantique et se répandant en une musique électro-lounge pour bar branché assez nase et qui se ringardisera vite fait, pas dur à deviner. Aucune originalité. Nettement plus agréable est le Grand-Breton Maurice Fulton et son ambient qui vire au funk léger bien réalisé en deuxième partie de plage. Idem pour Silver Apples dont l’électro aux rythmes trébuchants avec murmures en fond est plutôt réussie et donne envie de poursuivre l’exploration de ce groupe plus avant. On rechute pourtant avec la pop froide à grosse basse d’Alice Machine (de Paris) et sa voix féminine impersonnelle et qu’on peut oublier en zappant sur les b-boys de T.B.S. et Jamalski don le rap plus récent au flow parfois raggamuffin percute bien parmi des sons de fond aux timbres à la Mr. Oizo et de vocoder. Hop, ça rebondit aussitôt avec Shalark à l’électro-rap bien ficelé auquel on accroche d'entrée de jeu et qui plaît par sa sobriété expressive. Un des pires morceaux du disque nous tombe malencontreusement à ce moment-là sur la tête, ouille ouille ouille ! , en la personne de Seven Grand Housing Authority qui nous jette une house bateau incolore à effacer de suite. Mauvais ! On clôt le tout et on remballe enfin avec l’électro très 80's planant avec des nappes aux timbres charmeurs du Californien John Tejada, qui nous fait là du beau boulot, le bonhomme. Une compilation mi-figue mi-raisin mais où, sans grande révélation du siècle, l’on peut trouver son contentement. Le livret, pour finir, n’est pas très beau mais fourni en détails sur les différents groupes et c’est là l’essentiel. Et l’essentiel, c’est le principal de toute façon.

[Victor]

LAMBSHOP : Is a woman (CD City slang 21090-2 ; 62’ ; 11 t. ; 2002)
Assez décevante est l’atmosphère générale pop acoustique de cet album de Lambshop. Elle évolue entre Léonard Cohen et Daniel Guichard . Ce n’est pas franchement vilain mais véritablement lassant. D. Scott Parsley est un peu plus rythmé que le reste mais l’ensemble (peut-être valable si on comprend les paroles) demeure très mou du genou et la sauce, hélas, ne prend pas.

[Victor]

MOURMANSK 150 / MUCKRACKERS : Born under massiv noisy shell fire (split CD 3 pouces Disques Novaya Zemlaya / Les Forces Alliées Rds / 213 Rds ; 23’ ; 7 t. ; 2003)
Il fut un temps, rappelez-vous, où marguerites et primevères, renoncules et coquelicots égayaient les champs de nos vertes campagnes tandis que les aéroplanes filaient dans le ciel azuré et que la Deux-Chevaux Citroën des P.T.T. s’en venait, tranquillement, porter à tous les habitants les meilleures nouvelles de notre doux pays. Et ce n’est pas du tout de cette époque dont il s’agit présentement puisque, happés brusquement par le chaos sonore, nous plongeons aussitôt dans le brasier de l’apocalypse par l’intermédiaire de ce Gift des Muckrackers brûlant de toutes les flammes de l’enfer… Arrive Mourmansk 150 dans une atmosphère angoissée, dure, froide au milieu de laquelle se perdent des voix bureaucratiques, françaises et technologiques impertubables et lointaines. Il gardera tout au long de ses trois titres ce style, la plus percutante de ces plages étant Les Plantes vertes . J’étais plus habitué à l’indus-core ultraviolent du personnage mais l’on doit avouer que cette veine convainc tout autant. Quant à ses acolytes lotharingiens, c’est la veine hardcore-indus qu’ils privilégient, leur terrain de prédilection (seule la plage Tief in mir ressortit plus de l’atmosphère lofi-indus de Mourmansk 150) et ils s’en sortent plus que bien, m’est avis que c’est là une de leur meilleure prestation au disque. Et quand on pense que ce sont uniquement des morceaux pris sur le vif en concert, on n’ose pas imaginer la fournaise sonore (et capiteuse) dans laquelle sombre leur public, probablement entièrement démancyclé à la fin du show, une fournaise en complet accord avec l’évocation de Stalingrad que l’on entend (Lokomotiv) ! Un disque impeccable.


[Victor]

 

Autonomy not submission (compilation CDR Pariah Rules Records PR02 ; 69’ ; 29 t. ; 2001)
Un mauvais point tout d’abord pour cette compile super D.I.Y. (trouvable chez Laurent Alcaraz, , 10 bis rue Saint-Martin 21800 Quétigny, France) : son prix est élevé (9 à 10 €) alors que peu d’effort a été fait dans la présentation (pas de dates, aucune info à part le contact du dessinateur de la couve, aucun livret, annoncé comme à venir mais jamais sorti). On commence par d’anciens morceaux d’Heyoka, le groupe punk-rock français mythique des années 1990, capable du pire comme du meilleur, meilleur qu’il nous offre sur un des quatre titres ici présents, Portinawak (un de leurs plus connus). Human Spark ensuite nous envoie un punk à la limite du rock comme on savait en faire au début des années 1980 et dont on retiendra surtout le bien ficelé Cul de sac (en hommage au film de Polanski et à une erreur d’orientation qu’ils ont faite un jour en auto). Nettement plus nerveuse et souvent crust sont les compos de G.D.B., bien gouleyantes (deux reprises de Doom) sauf la première (Chargée qu’elle s’appelle, on ne le lui fait pas dire). Je passe sur Stuff Like That, mauvais de A à Z et c’est à regret que je ne reste pas non plus très longtemps sur les plages d’Attentat Sonore, excepté un Punx with Brains assez enlevé. Le passage à vide se poursuit avec les Nantis (on se demande de quelle richesse…), heureusement se pointe le punk-rock latino de Gozilla, le célèbre tyrannosaure, joyeux comme au Crétacé supérieur et bien rentre-dedans. A quoi bon par contre l’insertion d’un titre live de Conflict qui ne casse pas trois pattes à un canard tory ? Sur ce, voici Les CRS au zoo et Un après-midi au supermarché des Lorrains de B12, courts mais costauds et qui relèvent tout de même la sauce avant que Malaka, groupe de punk-rock français incolore, ne close la parade. Apparemment, cette compile est faite aux bénéfices de la liste de distribution dijonnaise Maloka mais on se demande bien, vu le prix, quels bénéfices ils vont en retirer.

[Victor]

 

MA VALISE : Prise de tête / Musique pour la Brat Compagnie (CD-R L’Assoc’Béchamel ; 30’ ; 13 t. + 1 plage d’animation vidéo ; 2002 ; Assoc’ Béchamel, Au nid d'oie, 44190 Clisson ; 02.28.21.51.80) :
Fruit de la collaboration de la fanfare Ma Valise avec des gens du théâtre, ce disque est divisé en deux. Tout d’abord, l’illustration du court-métrage, Prise de tête, de Paul Moulins. La musique est très agréable, du cabaret bien fichu, sans voix et qui se laisse écouter sans problème. Les deux autres tiers ont été composés pour la troupe vendéenne Brat Compagnie. Si l’on excepte les deux plages vocales, on a là de la belle ouvrage, tout particulièrement les morceaux Dub sans tête, du dub instrumental comme son nom l’indique, dominé par la réverb de l’accordéon, et Verte, tout en chaleur et en misère. L’animation vidéo est par contre un tantinet lassante. Très peu cher, ce disque vaut le détour, ce d’autant qu’avec le saccage des Fillon et Raffarin dans le milieu du spectacle en France, on ne risque plus trop d’avoir des charretées de musique d’accompagnement de spectacle.


[Victor]

JUGGERNAUTS & BBUGG : The Cato Street Conspiracy (Split CD Basement Ape Rds APES003 ; 45’ ; 3 + 2 + 1 = 6 t. ; 2003)
Il s’agit ici apparemment, sous un sobre mais habile habillage en papier kraft, d’une bande son du film éponyme (mais dont je n’ai jamais entendu parler et qui doit, je suppose, parler de ce célèbre complot républicain anglais étouffé dans l'oeuf à la mort de George III le cinoque) où les titres ont été alternés par chaque groupe tout en s’enchaînant l’un l’autre. L’atmosphère générale est au hardcore progressif atmosphérique avec effets à l’ordinateur par-dessus. Les Juggernauts se débrouillent vraiment bien dans le genre (il faut dire qu'apparemment, l'un de ses membres fait partie des très bons et terrifiques Morgue et que la production est du fameux Sergent Garcia), non qu’ils soient novateurs mais ils affichent une aisance certaine et frôlent parfois les contrées floydiennes (Control in the eastern landscape) ou, plus subtilement, évoquent le Neil Young de Dead Man (A halo of flies). Ça se laisse écouter sans anicroche, on se laisse porter du début à la fin. Pour Bbugg, le gros défaut, puisqu’il y en a un, est la voix malheureuse du chanteur (laquelle, par exemple, bousille le morceau Texture d’anarchie sereine), pas assurée et trop criarde par rapport au reste. Ce duo est pourtant assez doué musicalement, en témoigne sa plage la moins esquintée et la plus longue (et à laquelle participent également les Juggernauts) Thème de fin : Reach the ants où l’on part, de chaos funko-métalliques, vers des contrées aux lisières de l’électro avec des samples de voix franco-anglaises qui se dédoublent dans des nappes de guitares larsenées, de grommellements électroniques et de nappes ambientées. Un disque déséquilibré mais de très bonne facture au deux tiers.

[Victor]

MUCKRACKERS : Muckrackers #3 (compilation CDR Negative Rds / Les Forces Alliées Rds / 213 Rds ; 76’ ; 17 t. ; 2004)

A nouveau les Muckrackers, ce groupe lorrain hélas pour eux compatriotes du baron Seillère mais dont les préoccupations sont à cent lieues. Ils ont ici réunis leurs amis autour d’un gueulard à l’abandon et leur ont intimé l’ordre de refondre un de leurs récents titres et par ailleurs excellent : Flug, toujours dans ce registre hardcore-électro-indus à la Fast Forward dans lequel ils sont loin d’être manchots (ils le reprennent eux –même en fin de disque en version longue). Pas facile de s’y prendre pour chroniquer tout ça, le disque ayant grosso modo une orientation de la copie la plus fidèle à celle la plus déformée. A noter, fait rare, qu’aucun morceau n’est à proprement parler moyen ou mauvais mais plutôt le contraire. Chapeau ! Tout a commencé par le gémissement soudain d’une sirène d’alerte de DCA. Rauwolfia reste assez proche de son modèle, renforçant la rythmique avec du gros kick martelant. Avec OP.ale, on lorgne plus du côté Nine Inch Nails avec une électronique toujours présente. Cette façon de voir les choses se renforcent avec une voix à la Rammstein et des nappes à la limite de l’eurodance (non, j’abuse !) ou de la techno belge du début des années 1990. Retour sur la planète indus avec ESR, une plage sobre et bruitiste tavelée de harpe basse électronique qui précède une sorte de drum’n’bass soft avec toujours la même voix, serrée cette fois-ci, tout ça étant bien fin et l’œuvre de Beinhaus. On replonge dans le chaudron en compagnie de Rau, à fond dans l’industrie et où la voix, là encore, peine à émerger ce qui renforce le caractère oppressif du morceau. Electro minimaliste pour J213 qui parvient même à transformer les Muckrackers en gallinacés à la fin du morceau, on repasse en Lorraine avec les sabots de A Diet Off, une région sombre où ça cogne lourdement mais sûrement entre électro et indus, un speaker anglais amenant sa fraise sur la fin du morceau, bien habile que tout cela… Suit l’un des trucs les plus originaux du disque, j’ai nommé Urban Bétail (chouette nom !). Sur fond d’imprimantes à aiguille en folie, il nous balance une techno très originale au rythme cassé et à la voix anglo-saxonne qui never surrender (c’est elle-même qui le dit, je ne fais que rapporter ses paroles). Afin de nous reposer, nous montons alors dans les airs grâce aux nappes de fumées sorties des cheminées pour survoler les noirs champs d’entre Forbach et Sarreguemines avec les forteresses volantes, l’ensemble savamment délayé par MooN. La chute est brutale mais nous avons les choses en main lorsque, de son étrange électronica, Shizuka nous ramène au sol par le plus long des remix et dans un style proche de la scène laptop française, dégénérant au final en un vaste essaim d’où jaillissent mille et un insectes industriels qui se mettent à bourdonner avant de s’éparpiller. Place nette. Entre alors le plus surprenant des groupes ici présents, connus pour être l’un des must de la scène électro-hardcore-punk-indus européenne : Punish Yourself. Sur un rythme jazzy incrusté de tuttis orchestraux, ils nous balancent mine de rien une pépite à la Propellerheads sans rapport aucun avec leur registre habituel. Nettement plus austère est par contre la plage indus-ambient de Tin. RP ; l’oppression est là aussi de mise en pays platt. Que dire alors de XTL qui nous renvoie dans l’indus le plus marqué à l’Einstürzende Neubauten (précisément à l’album de remix de 1997) ? On apprécie, ce d’autant que la tension demeure. Cela prépare le bouquet final avec Pressure, spécialisé dans le pressoir comme son nom l’indique et le liquide qui coule a, ma foi, un putain de fameux goût d’électro-indus-hardcore-punk à la Punish Yourself, justement, la boucle est bouclée ! Une grande réussite que cet album, tiré à peu d’exemplaires ai-je cru lire, ce qui est bien dommage quand on voit la qualité des mets présentés. Vive la Lorraine !

[Victor]

 

SLEAZY JOKE : Mafia Politica (CD Mass Prod / MusiCanard MASS40 CANARCD03 ; 32’ ; 11 t. ; 2003)
Quatre ans après l’un des meilleurs EP punks français réalisés à ce jour, Sleazy Joke revient mettre le bronx dans les enceintes, super attendus au tournant vu le niveau du quatuor. Hélas, la hargne du premier essai, sacrée baffe, ne parvient pas à se relancer ici. Si les textes (tous en français et généralement avec un certain style qui les rend meilleurs que ce qu’on peut voir habituellement dans le genre) sont toujours aussi incisifs, souvent vécus, et touchent à énormément de sujets bretons (le Wagon, le rocker-poseur qui a peur des vaches, l’intrusion dans un banquet bourge [redite moins réussie par rapport à Pastaga sur l’EP]) et polémiques (la pollution agricole, l’incarcération « préventive » à tout-va des militants bretons, la corruption des politiques et des puissants, l’illégalité du chichon, etc), l’osmose avec la musique n’est pas toujours au rendez-vous. Celle-ci varie entre punk, rock et certains plans quasi métal des années 80. La voix du chanteur, toujours aussi « bonvoisine », demeure un élément incontournable et qui fait qu’on repère les Fougerais au quart de tour, à la première intonation. Si aucune chanson n’est vraiment à tèje sur ce CD, quelques chansons toutefois valent particulièrement le détour telles Nickel et sain, Roule (à la fin excellente), Manigances et Galérien. La présentation enfin est classique pour le genre avec un collage multi-photos à l’intérieur du digipack. Sleazy Joke reste un groupe à suivre car ils ne sont pas tant que ça à avoir du chien commaç ainsi qu’une réelle personnalité d’entrée de jeu (un peu comme l’avaient naguère feus les Excités).

[Victor]

 

LES CORONS PUENT : Aux armes (EP Rudeboi rds / Oi! pour Oi ! / Oi ! à boire / Morveux Productions ; 9’ ; 3 t. ; 2003)
Malgré une pléthore de producteurs, cet EP ne restera pas comme un chef-d’œuvre de la oi ! en France. Sous une présentation banale et desservi par un insert de textes mal imprimé et souvent illisible, ce trois-titres présente une musique mille fois entendue et avec des paroles carrément bateau pour ne pas dire caricaturale au point d’en devenir (volontairement ?) comique (Classe ouvrière, où un top beauf, coincé entre un clacos et un bout de lard, en est contraint à s’essorer le poireau car sa grosse veut pas et alors il picole, tout un programme, et au milieu voici le refrain : « Classe ouvrière, classe ouvrière, tu es un héros de la classe ouvrière ! »… La pauvre, elle n’est pas sortie de l’auberge ! ). Dommage que tout cela quand on sait qu’il y avait l’ancien bassiste NCA-Apple Crew aux commandes ; mais c’est comme ça.

[Victor]

 

THE CLASS ASSASSINS : No justice... No peace (45t. Insurgence Rds IR005 / Mad Butcher Rds MBR072) ; 6’ ; 2 t. ; 2001)
Du punk-rock assez classique et rien moins qu’extraordinaire pour ce groupe canadien, chant quelconque, musique peu colorée, pas de quoi en tout cas faire un bon 45 tours et c’est bien triste car en deux titres, la messe est vite dite et l’on n’a plus qu’à rentrer chez soi écouter autre chose.


[Victor]

DILLUSION : Ailleurs (CD autoproduit ; 38’ ; 7 t. ; 2003)
En adepte du jeu de mots facile, j’aurais pu dire désillusion mais comme je ne connaissais pas ce groupe helvète précédemment, je n’avais pas d’attente particulière. C’est du rock qui tire vers le punk-rock et le hard-rock tout en parcourant les chemins de la chanson sombre, en anglais, français et portugais, une chanteuse ouvrant la route. La couverture de ce digipack neuchâtelois possède a contrario une esthétique certaine et réussie, le tout étant apparemment également le fait de la chanteuse .

[Victor]

SUPPURATION : Incubation (CD Holy Rds Holy88 ; 40’ ; 9 t. ; 2003)
Plongée dans un bain de métal émotif, la rencontre avec Supuration, groupe du nord de la France n’est pas des plus inspirantes, notamment pour ce qui est de la voix du chanteur (même doublée) qui plante systématiquement les morceaux. Les gars savent jouer, sûrement impeccablement, mais l’originalité n’est pas ici le maître mot, une morne froideur imbibant l’ensemble d’un bout à l’autre. Rien à redire par contre sur le superbe digipack dépliant où l’on voit se fragmenter une femme splendideà moitié nue, enceinte d’une tête géante de gosse, le tout sur un fond rouge sang assez malsain mais si classe. Grand regret donc que la musique ne se hisse pas à la hauteur de la présentation .

[Victor]




ROMEO IS BLEEDING : Introspections (CD Plastik Culture Rds PC007 ; 49’ ; 10 t. ; 2003)
Pas facile de chroniquer un tel disque tant il n’y a rien à racheter à l’intérieur si l’on excepte le plan technique (mais fait-ce un disque , je vous le demande ?). On se retrouve face à une sorte de pâle retour au rock américain indé du début des années 90, flirtant entre la noise, la pop et l’émocore (par le chant hurlé sur certains titres). Aucune originalité sur aucun titre, c’est décevant de bout en bout (même sur Nagotnytt, plage finale atmosphérique et très longue - le cinquième de la galette - mais qu’une voix féminine vient délaver inutilement). Le livret ne donne aucun texte non plus, bref, grosse déception pour un groupe originaire de P.A.C.A. et dont on entend pourtant beaucoup parler depuis plus de cinq ans.

[Victor]

Let them eat Sauerkraut (vol.1) (compilation CDR Sauerkraut Records ; 79’ ; 40 t. ; 2003)
Couvrant sept ans de rock underground allemand (1981/1988), cette compile cousine des Teach Yourself Punk Rock nous ressort des trucs obscurs de chez obscur de façon à ce que nous ne mourions pas idiots (c’est pas gagné…). C’est le punk dans toute sa nervation et avec cette teinte plus froide et plus radicale qui caractérise la Germanie . Tout n’est pas tip-top à l’intérieur, pour ne pas dire rasoir (tel Fehlgeburt, par exemple dont nous avons droit à un interminable EP). Dans un style punk rentre-dedans, Flag Of Hope et the Idiots (aux accents quasi motörheadiens par moments) cartonnent bien les tympans. Moins chaleureux mais assez expressivement désagréables et réussis, les deux derniers titres d’Erotischer Stuhlgang, de la fin des années 1980, dépeignent impeccablement l’atmosphère grise et mélancolique de l’époque (à l’instar de Corman & Tuscadu, en France par exemple) ; une petite découverte. Surprise également que ce EP de 1981 de Der FavoritJean-Paul II, ce vieux guignolo pas encore sur pilote automatique, bredouille sa haine et déverse son fiel au micro devant les guitares punk-noise du combo. On retiendra enfin le titre des originaux mais inégaux Freiwillige Selbskontrolle, Im Westen nix neues où les Munichois parviennent, une fois n’est pas coutume, à ne pas se disperser. Bonne initiative quoi qu’il en soit que cet agrégat de raretés, témoins de la sève si diverse et si riche qui coulait à l’époque, ensemble qui plus est peu onéreux (six euros) derrière une jaquette couleur moche représentant une choucroute.

[Victor]


Studio One Story (CD + DVD Soul Jazz Records CDDVD68 ; 4 h ; 16 t. ; 1 livret de 100 pages ; 2002)
Voici un document passionnant pour qui s’intéresse un tantinet à la musique jamaïcaine puisqu’il a pour sujet l’histoire du mythique studio fondé par Coxsone Dodd, le légendaire STUDIO ONE. Divers intervenants (Coxsone bien évidemment mais aussi Alton Ellis, l’ingénieur du son Sylvain Morris, Sugar Minott, le Skatalite Johnny Moore, Horace Andy, la chanteuse Marcia Griffiths, Lone Ranger toujours en verve, Ken Boothe en Angleterre et le fameux DJ King Stitt) narrent l’aventure incroyable de ces musiciens avec des inserts de reportage sur la fabrique de disques, l’organiste Jackie Mittoo (personnage essentiel bien qu’il ne restât que quatre ans avant de filer au Canada), les Skatalites en concert sur un camion, des ballades dans le quartier avec les vieux de la vieille, King Stitt toastant torse nu, des propos louangeurs sur les Heptones (que C. Dodd considère comme le meilleur groupe qu’il ait eu à enregistrer), etc. Un régal donc pour les amateurs et même les néophytes. Quant au CD, on y trouve des trucs connus (Love Bump de Lone Ranger, les Canons de Navarone par les Skatalites, Dennis Alcapone, les Abyssinians, Tommy McCook, etc) mais même dans ces cas-là, c’est déjà plus qu’un plaisir et on découvre également des choses si l’on n’est pas un érudit de la chose . Le livret, enfin, très coloré et illustré de nombreuses photos d’époque, se lit sans aucun problème, un glossaire récapitulatif étant proposé en toute fin. Très fortement recommandé.

[Victor]

COOL JERKS : This is it (CD Soundflat Records SFR001 ; 31’ ; 14 t. ; 2003)
Les Cool Jerks sont un groupe d'outre-Rhin qui donnent dans le revival 60’s à 300%. Et non seulement ils sont techniquement bons mais en plus tout cela a de la gueule et l’on s’en voudrait de passer à côté. Le disque est grosso modo divisé en deux parties, la première tirant vers le rock quand la fin s’oriente plus nettement vers la pop. On commence par un morceau de rock dur et un deuxième encore plus sauvage style Seeds et toute cette sorte de choses. Le morceau éponyme qui suit donne plus dans le garage rock’n’roll de la fin des années soixante. Ensuite arrive un Mädchen, Mädchen en allemand, rock classique et bien fichu, que suit le yéyé Hipshakin’Sally puis un rock’n’roll plaisant (How to satisfy) qui, à peine achevé, voit débouler l’ultra-rapide et bien nommé Cool Jerk Stomp. Idéalement placé pour la transition, l’instru-surf S.O.S Barracuda : die Mädchenjäger calme la foule par ses effluves marines et routières de l’Ouest américain. La partie pop s’entame alors par Op der Stroos, en hollandais mais dont l’atmosphère rappelle à fond la chanson tudesque des Beatles Sie liebt dich. Auf die Piste, plus gentillet, s’inscrit dans la même lignée. Rappelant plus la veine marrante du quatuor anglais, Shimmy Babe est un pur régal. Les trois titres de fin concluent par une augmentation des plans rocks sur fond pop, la chanson Money rendue célèbre en passant par Liverpool, foutant le feu à la salle, yeah, de la balle, bébé, c’est bath tout ça. La présentation est en anglais et en français mélangé (étonnant pour un groupe allemand) mais il doit y avoir un cafouillage avec les légendes de photos car elles ne correspondent pas aux informations données (à moins que ce ne soit volontaire). La pochette du digipack, pour finir, nous montre les trois acolytes et leurs instruments à toute blinde… dans une Triumph TR4 blanche à l’arrêt dans un studio photo ! Un disque très agréable, sans fioriture aucune, où tout est à garder, un vrai plaisir en somme.

[Victor]


GU GUAI XING QIU : - titre en chinois qu'on ne peut reproduire ici - (CDR Ben le Millionnaire ; 5’ ; 2 t. ; 2004)
Contrairement à ce que son nom pourrait l’indiquer, ce groupe ne vient pas du fin fond du Zhejiang ni du Shanxi mais bel et bien de Meurthe-et-Moselle . Un titre de brutal-core pour commencer (Chine muette), un autre de crust aux riffs hard-rockeux pour terminer (Chemin tracé), en moins de cinq minutes l’affaire est dans le sac. Tout ça pour un euro, pas besoin de voyager en Cathay pour connaître la véritable sagesse.

[Victor]

THE OLD DEAD TREE : The nameless disease (CD Season of Mist SOM070 ; 49’ ; 11 t. ; 2003)
Métal sombre et mélancolique, la musique de ce disque aurait pu donner un bon album. Hélas, la façon de chanter tristoune et quelque peu niaisouse de la principale voix de ce groupe plante la galette du début à la fin, ce qui confère du coup à ces morceaux un air de banal et de déjà vu. Un premier essai non transformé.

[Victor]

Punks in parkas (vol.3) (compilation CDR People’s Republik of Punk ; 79’ ; 28 t. ; 2003)
Cette collection est destinée à sortir du tombeau les pépites de la power pop européenne et américaine de la fin des années 1970 et début des suivantes. Disons-le tout net, il n’y a pas grand chose à sauver de cette compilation et surtout pas les deux groupes français présents, les Snipers et les Désaxés, gnangnans à souhait. On exceptera toutefois de ce triste panorama tout d’abord les Members, au rock énergique et diversifié qui n’a pas trop vieilli (on trouve un morceau connu de 1980, Flying again, et deux autres, même pas sortis à l’époque, Brian was et Muzak machine) et enfin Nikki & the Corvettes, que je ne connaissais même pas de nom et dont le Back seat love est un vrai carton de power pop, enlevé avec un feeling commaç grâce entre autres à une voix féminine qui ramène à Joan Jett voire à la poigne des groupes énervés actuels comme les Lunachicks. Les deux autres titres de ce groupe ne sont en outre pas mauvais non plus. Par conséquent, vu le bas prix (6 euros), ça peut, l’un dans l’autre, valoir le coup que d’ouïr cestui CDR.

[Victor]

 

 

 

 

 


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Chroniques zineuses **

ROTTEN EGGS SMELL TERRIBLE N°7 :
le fanzine du sieur Alcouffe est de retour avec une formule commerciale du tonnerre afin de cartonner en Aveyron, le pays de José Bové. Cette nouvelle cuvée pour démarrer l’année fait la part belle à la ville rose (avec une grosse marque cicatricielle sur la gueule par la grâce de Totalfina) et notamment à la cité de quand Douste n’y était pas encore et que Baudis, le roi de la chaîne et du slip de cuir, démarrait son règne en fils à papa débarqué de la téloche… Honneur est fait aux Brigades et à la scène qu’ils drainèrent dans les années 80, à travers un historique de celle-ci et une interview de Vlad, fondateur depuis du groupe parisien des Informers, avec un aller-retour comparatif entre autrefois et naguère, jadis et maintenant. Seconde couche ensuite avec les Dau Al Set, qui en un triple tir-croisé, tantôt chaleureux nostalgique, tantôt réaliste et froid, nous ramène à cette même époque qui désormais semble si loin tant la plupart des saloperies (économiques, médiatiques, politiques) ont depuis germé et poussé à toute vitesse. Revenant dans le temps présent, R.E.S.T. enchaîne avec des questions sur le végétarisme, donnant à trois personnes concernées par la question la parole (Raf d’Attentat Sonore [l’antique groupe punk limougeaud], Philippe Fourcade d’AVIS [asso végétalienne toulousaine] et Yann Boislève [activiste punk rennais notoire]). C’est bien fichu et éclairant même si Philippe Fourcade me semble avoir un peu le nez dans le guidon comme dans sa brochure d’il y a trois ans. (tout le problème de l’activisme contre vents et marées). Le sujet du végétarisme par rapport aux enfants paraît enfin bien facilement éludé (et pourtant il est essentiel) car tous font dans le « si j’avais un enfant, je suis sûr de ce que je ferais » et comme on sait, avec des si, on mettrait Paris en bouteille… de Viandox !). A propos de bouteille, le fanzine, « reconnu d’inutilité publique mais on s’en branle, nous, puisqu’on s’aime d’amour !!! » (dixit l’auteur et ses acolytes) termine la sienne avec Crevure et Maïté et les Moules . Tout cela regorge par ailleurs de chroniques en tout sens (le sectarisme n’est pas de mise ici, certes non !) et de bons, de très bons mots comme la fine équipe du sud-ouest sait seul en distiller (terroir et tradition !). Pour un bon moment entre deux siestes, une adresse : Mundo Drama, BP17, 12450 La Primaube (28p. A4 ; 2€ en timbres, ou une petite auto Solido, ou un 45t. de crust ou un autre fanzine, au choix, c’est pas moi qui invente (comment oserais-je ?), c’est écrit dedans ! )

[Victor]

EARQUAKE N°83 :
L’incontournable du fanzinat punk et compagnie national est de retour avec en couverture un sinistre slogan d’outre-Rhin qui sonne comme un écho au récent film de Pierre Carles, Danger Travail. Outre les chroniques fanzineuses toujours développées, celles qui concernent la musique (avec beaucoup d’antiquités au programme, ce n’est pas moi qui m’en plaindrai) et celles qui s’occupent de littérature – toujours riches - , ce sont deux interviews que l’on trouve au sein de ce numéro : l’une de Trojan Horns, groupe de ska australien et l’autre de Ensign, le fameux groupe hxc américain. Si la première interview est classique, la seconde est assez typique pour ne pas dire cliché de la scène (du fait de l’étroitesse des sujets éternellement rebattus par la scène hard-core straight edge, à savoir le rejet des moins puristes et la lutte contre les poseurs) même si le fait d’évoquer les tournées en Europe comme une façon de voir autrement la politique américaine est une remarque intéressante. Earquake est de toute façon indémodable et une lecture ô combien nécessaire. Dispo contre 3 timbres à 0,50 € chez Fred Leca, 55 rue Saint-Jean 88300 Neufchateau, Frankreich.

[Victor]

NEW WAVE N°6 :
Nouveau numéro pour ce fanzine rené, cette fois consacré au « Grrrl Power » avec Divine, l’égérie de John Waters en couverture. Après une rétrospective de la première partie de l’année 1979 et un court article sur le groupe parisien les Troglodytes, New Wave revient sur l’actuelle mode chez les fashion victimes (assez friquées tout de même) qui verse dans le punk style. Certes, c’est nul mais encouragez les lectrices à ne pas donner dans le panneau, c’est un peu enfoncer une porte ouverte. Pour le reste, il s’agit surtout de chroniques musicales et littéraires dont l’intérêt majeur réside dans l’éclectisme (punk, hardcore, électro, indus, EBM, gothique, il y a même du classique avec Chérubini) et les nombreux contacts proposés. On peut aussi dénicher une revue des disquaires londoniens et la chronique Diar(rh)y, très personnelle (normal) et assez bien enlevée (sur la canicule, la vieillesse punk et l’infâme trahison estivale de Chéreau, Mnouchkine et des VIEILLES CHARRUES (j’aurais pu écrire Salopes, mais ce nom est déjà pris). Enfin, un article sur l’illustratrice Liz McGrath chapeaute la thématique du numéro ci-présent, savoir les filles qui le revendiquent. Le ton léger et ouvert de cette parution A3 fait qu’elle se lit en zig-zag mais d’une traite. Il en coûte 1,5 euro pour 8 pages à Celia, BP n°6, 75462 Paris Cedex 10.

[Victor]

TRASHOS N°1 :
Minizine écrit à fond la caisse, Trashos ne s’embarrasse pas de précaution dans ses quelques chroniques punk’n’roll agrémentées de dessins marrants. Comme il le clame lui-même, « kiffe or die ! ». Tu peux donc le kiffer ou le dier chez David Gabory, 4 rue du Commandant de Champagny, 49000 Angers (1 timbre pc / 2 p. A4).

[Victor]

 


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