NAKED INTRUDER : Deadclown Hatecrime (CD Mile 329 n°2 / Slave Industries n°12 ; 11t. ; 2002)
L’artiste (Scott Jaeger), Américain je crois, qui fait cette musique EBM n’aime donc pas Zavatta, Fratelli et consorts (preuve en est un titre du disque : Clowns on fire). Grosso modo, c’est pas inécoutable, des plages passent la rampe telles Obelisk ou Retribution ou surtout l’excellent morceau sans nom (on va l’appeler Deadclown hatecrime) et sans rapport avec le reste du CD, où un auguste hilare est plongé dans une atmosphère de cirque trop joyeuse pour ne pas être malsaine. Trop de fois par contre l’on tombe dans des timbres dignes de la pop froide et synthétique des années 80 la plus courante, soûlante étant aussi un adjectif adéquat. On y entend certes parfois des sons entre le Bowie de China Girl et le Let’s rock baby de Michiko Kusaki (Boiling point, Halfthink) mais cela ne suffit pas à faire de cet album autre chose qu’une curiosité non aboutie. Le revival ok mais pas brut de décoffrage, mince (sauf si t’as pas vécu dans les années 80, auquel cas cela pourra peut-être t’être joli aux oreilles, encore faudra-t-il se lever de bonheur…).
[Victor]
CORE Y GANG
: Core y gang (CDR démo ; 9 t. ; 2001 ; 31’)
on a souvent comparé ce groupe punk lannionais à Melmor
du fait de la présence du violon et de la proximité géographique
(Trégor contre Penthièvre, yo !). A vrai dire la comparaison tient
la route sur le morceau nommé Intro (assez bon d’ailleurs)
et sur les breaks où on l’entend nettement mais ce n’est
pas ça qui donne la vraie teinte du groupe (preuve en est Antipolitik
où le violon ne sonne pas du tout comme le groupe briochin). Pour la
ressemblance, j’irais plutôt chercher chez feus les Excités
ou surtout les Stéroïds, notamment
dans les plages les plus réussies (Jungle urbaine, avec un petit
côté streetpunk sur le refrain ; Pourris ). Musicalement,
c’est bien carré, avec des textes keuponnaux assez classiques en
franzose, le seul hic est parfois la voix qui cafouille ou ne se pose pas, notamment
dans Partie civile et Pouvoir (ceci dit, c’est une démo,
c’est pas une audition à la Scala, hein…). En gros, un groupe
qui, s’il n’est pas pour le moment original, semble assez prometteur
et fait déjà montre d’une maîtrise certaine de l’énergie
punk. A suivre de près en tout cas.
[Victor]
Ton
sourire désintègre les matins (compilation
CDR Collectif Effervescence
n°2 ; 39’ ; 10 t. ; 2002)
Paré d'un titre poétique assez joli, cette compile nantaise se distingue tout d’abord par son aspect extérieur assez agricole et qui accroche l’oeil : un tracteur sur pochette carton avec CD attaché par une agrafe parisienne. Hélas, comme souvent dans les présentations minimalistes, tu peux te gratter si tu veux avoir des infos sur les groupes présentés (ce qui me semble pourtant être le but principal d’une compile). Le prix reste au demeurant correct (8€ p.c.). On commence par Modul (Drums and detuned piano) qui nous sert une musique tout à la fois colérique et intimiste et au final réussie sur un vieux piano droit désaccordé à la Chokebore (Where is the assassin ?) qu’aident à soutenir des samples et surtout une permanente batterie. Différemment rythmé et nettement moins nostalgique (y a pas de mal vu le précédent…), chaud et habilement tourné, le trip-hop de Tordeonde (Corridor) s’écoute agréablement. Toujours dans le même style, mais plus à nouveau dans un côté noise à la Tarwater, Pelforte , pas si mal mais gâché par la voix à la Björk à la fin (Otari). Peu ou prou orienté similairement, on passe à This Melodramatic Sauna, dont les voix au début manquent planter le morceau mais celui-ci s’arrache sur la longueur, notamment par l’habile mise en valeur progressive de la guitare acoustique sur fond nappé trémulant. Idem enfin pour Colegram et son trip-hop mêlé de bruits de récréation (Humad), un peu répétitif au début mais qui décolle sur la seconde partie du morceau. Electronique, Gendyn (De l’angoisse à la méthode) fait immanquablement penser à Gel dans ce qu’il a de mieux (bips, nappage, renversement et déstructuration ) et Mtd (Anyfish) à de la musique de film (voix américaine, tintement et batterie en fond, Seven n’est pas loin !). Passsons sur Karikomi, loupé avec son sample d’Eddy Constanine trop utilisé et sa mélopée molle du genou (G is the key when Alphaville’s burning). Achevons en conclusion cette chronique par la présence de la fraîche et courte pop-noise féminine des Belle Bastards (Domestic lips for your stick) et surtout celle de Stuntman 5, dont l’atmosphère hip-hop US doublée de nappe ambient, à l’architecture parfaitement équilibrée, tape véritablement dans l’oreille de la bonne manière. Au total, une réunion d’atmosphères et de personnalités d’univers proches, quoiqu’assez divers, enchaînées avec cohérence, réunion qui vaut largement le détour.
[Victor]
BAD RELIGION : Punk
Rock Songs (The Epic Years) (compile CD EPIC / SONY ALLEMAGNE ; 2002 ;
25 t. ; 67’)
Bad Religion est le lien entre le punk-rock américain
et le rock FM, cette compile ne sera pas là pour prouver le contraire.
A part le bon titre rock Ten in 2010, rien de bien transcendant sur
ce disque et il est à penser que Bad Religion disparaisse aussi profondément
de l’histoire du punk qu’il fut haut porté aux nues. Ne fût-ce
que cela, ce ne serait pas grand-chose mais ces bâtards ont de plus produits
un disque, je traduis, « non jouable sur PC ou Mac » .
Ce, sans doute pour éviter la copie gravée laquelle est tout à
fait autorisée par la loi tant qu’elle demeure individuelle . Or,
une bonne partie de leur clientèle est faite d’ados qui ont de
plus en plus tendance à utiliser leur ordinateur comme lecteur et cela
se comprend. Bref, le gars achète le skeud et chez lui, en rentrant,
il s’aperçoit qu’il a très mal au derrière,
quelque chose de bien… Et après on dira que Bad Religion est un
groupe « punk »… Un groupe médiocre doué d’un
esprit mercantile de merde, voilà la vérité.
[Victor]
Tout va très bien en France (compile CD BETTERAVE CIRKUS 001
; 2002 ; 23 t. ; 69’)
Ska-punk, dire que cette compilation n’est pas placée sous le signe
du ska-punk serait mentir ! Quelqu’un qui n’en aurait jamais écouté
serait tout de suite au jus du style . Côté punk, on trouve d’intéressant
Six Rich Dead et les Kargol’s
(qu’on aurait plutôt attendu versant ska) ainsi que les initiateurs
de la galette, les Betteraves . Moins convaincant
mais suffisamment particulier pour être mentionné avec son son
rock 80’s, Darling Genocide (d’anciens
Cadavres à ce que j’avais cru comprendre).
Pour le ska (la plupart très fortement hybridé et pas du tout
roots, précisons-le), sont à écouter les Rats
sveltes (mélange avec du rock alternatif), la Raïa
(excellent, avec de l’accordéon), Eat shit
(un live qui passe bien), les Kobayes (toujours
dans le ska-hiphop-core les Manceaux), 36 (un groupe
en hommage à Léon Blum), Morpionz
Circus (dont un précédent morceau donne le titre à
la compile et qui nous pondent une fieffée bonne chose ici, moins fanfare
du sud et plus carré que ce que j’avais pu jusqu’ici en entendre),
Donkey Skonk (à la faconde méridionale)
et l’inépuisable groupe parisien le Pélican
Frisé, le plus ska de tous les ensembles présents. Le son
général reste très correct (à part sur le titre
de Three feet cats) ainsi que le prix . La présentation
générale se compose d’une grande feuille où chaque
groupe possède un petit espace de présentation et le rond central,
de sales bobines des chaussettes à clous de Mai 68 . Bon esprit et bonne
pioche que ce panorama du ska-punk français d’aujourd’hui
(et qui vaut mieux que le ska-fête au village si répandu et aimé
des foules, l’été, sur la place centrale, quand on a encore
du sable dans les chaussures bateaux).
[Victor]
Don't
fuck with Saint-Etienne (Compilation CD Meantime
Rds M004 ; 2003 ; 18 t. ; 52’)
Une compilation de Saint-Etienne maintenant, dont Maz
de Protex Blue et du fanzine Meantime
est à l’origine. C’est un panorama de la scène punk
stéphanoise d’aujourd’hui. Saint-Etienne est une ville qui
s’est toujours distinguée par son club de football (Larqué,
Bathenay, Janvion, Rocheteau et n’oublions pas Platini
aussi) dont la caisse noire de Roger Rocher est
restée dans l’histoire . Bizarre, pour le détail, que le
groupe basque Skunk soit dans le lot (surtout que
leur titre est très oubliable). Les plus mauvais titres sont ceux de
Lack of Reason (pop énervée gentille),
Riggel (un peu plus énervée mais
toujours gentillet, genre les voix pas muées), Ultimatum
(ska-rock mélodique de lycée) et de The
Village Voice (punk-rock français tradition déprime). Le
reste est plutôt agréable. Mention particulière à
Goofball, avec un titre (Mazes) de rock
carré, hargneux et qui sent sa veste de jeans trois tailles en dessous,
du bon rock quoi avec une bon couplage guitare-basse ronflant comme un bestiau
fougueux. Deuxième mention spéciale également aux Perfect
Cousins, avec un titre punk lourd et pénétrant (Nothing).
Switchstance et son morceau inconnu avec sa drôle
de prise de son sont également à relever du côté
des bonnes surprises. Dans le même style et à toute blinde dans
l’auto, Cider Breakfast, qui cartonne avec
un Overdose nation envoyé comme une canette à travers
la salle. Idem pour les Hunchbacks, dont le Leave
déchire. Plus noir, moins speed et avec un goût âcre dans
la bouche, Eis (ce groupe est tout de même
l’un des plus originaux de sa scène émo-noise) qu’on
a connu un chouïa meilleur mais c’est la vie. Moins emballants sont
Good Ol’Boys (punk-rock français 70’s
dont le premier titre [Monica] est pas mal, vraiment couleur d’époque
– début 80’s – tandis que l’autre est moyen)
et Post Silly Poulps (un titre live agressif mais
bof). Groupe mort, Protex Blue nous chante une
bonne chanson qu’on dédicacera au baron Seillère
(Parasite), du bon rock corrosif. Le deuxième titre qu’il
nous offre en guise d’adieux, au bout de 2/3 écoutes, s’avère
aussi carrément bon (cf. le refrain) nonobstant quelques passages de
chœurs à l’anglaise un soupçon convenus (mais l’ensemble,
on le doit le reconnaître, est bien construit). Le groupe qui lui a succédé
en partie, Thee Muckrackers S.E. nous pond pour
sa part un ma foi bien gouleyant Red Rosa Skank qui nous ramène
au pays des Dynamites et des Techniques
trente-cinq ans en arrière, ce d’une façon non honteuse,
du bon revival quoi avec une couleur d’orgue typique et ô combien
appréciable ! La blague de la compile vient de Caca
, groupe qui reprend honnêtement et assez classiquement – à
part le chant mâle - Heart of Glass de Blondie,
combo new-yorkais dont la chanteuse a désiré mon corps pendant
des années, en vain hélas. Ben, ça y est, j’ai fait
le tour, il me semble, salut ! (A 4 euros, inutile de vous dire que c’est
une acquisition recommandée).
[Victor]
PIK
: 19 Titres (CDR démo ; 2002 [1998 à 2001] ; 39’
; 19 t.)
Sous une couverture très réussie (une fillette mégalocéphale
avec une femme asiatique souriante dans la tête qui pose devant un plan
de maison sous lequel est planqué un Japonais), avec une femme asiatique
souriante dans la tête), Pik propose de petits
morceaux d’électronique domiciliaire (la maison a-t-elle des fantômes
?) d’une ou deux minutes. Pleins de sons concrets (passages radiophoniques,
cliquetis), ils délivrent une atmosphère d’installation
électrique particulière qui évoque facilement les interrupteurs
de type Tumbler. C’est très bien ficelé (à part le
morceau avec le bébé), à la limite de la gêne et
aux lisières de l’inconnu. Une bonne pioche que cette démo
compilatoire, qui vaut bien des disques de labels.
[Victor]
LES GARÇONS FACILES
: Twist Olympique (CD Buzz Buzz Rds BBR031099 ; 9 t. [+ 1 vagissement
de nourrisson] ; 2000 ; 33’)
Sous une pochette rétro chiadée qui multiplient les logos (jusqu’aux
supporters de l’O.M. !), ce disque, que j’avais
oublié de chroniquer en son heure, retrouve les couleurs de l’époque
du Golf Drouot, du twist et de Johnny, très
à l’honneur ici. Ce sont des reprises, parfaitement interprétées
quant aux instruments (et le meilleur titre demeure d’ailleurs la cover
surf-garage de Jack the Ripper). Là où tout cela coince,
c’est dans la voix qui, bien que loin d’être mauvaise, ne
parvient pas du tout à retrouver ce cachet d’époque qu’ont
par définition les originaux (pas forcément des chefs-d’œuvre
non plus quant on les compare aux primes versions anglo-saxonnes, cf. Johnny
dans Fils de personne par rapport à Fogerty…).
Manque au total un soupçon de fantaisie et des compos originales légèrement
moins propres. Réservé aux fanas des 60’s revival (voire
sur-revival puisque ils reprennent la chanson filmique Johnny de Bijou
).
[Victor]
DESTRUCTOS
/ STINKY POLECATS : Split EP (EP Self Destruct Recordings DEST002
; 11’ ; 2+2 t. ; 1998)
Malgré une pochette géniale (célèbre détournement
de l’arrestation de Lee Harvey Oswald où
on voit l’intéressé hurler sa haine dans un micro au milieu
du clavier et du guitariste de son combo hardcore), ces Destructos
écossais ne cassent pas les briques avec leur punk mélodique à
la limite de la pop tandis que leurs acolytes des Stinky
Polecats ne valent guère mieux à sussurrer leur punk 77
également mélodique. Sous des aspects trompeurs, un disque relativement
imbuvable.
[Victor]
THE FILAMENTS : Skulls
& Trombones (CD New Blood
NBCD02 [ou 25cm Rural
Muzik RM17] ; 21’ ; 9 t. ; 2002)
Frais émoulus d’une région humide et verte en Angleterre,
les Filaments impressionnent par la maîtrise
de leur art dès leur premier album. Ces jeunes punks (ils doivent avoir
dans les vingt ans aux pommes) d’Outre-Manche arrivent à manier
plusieurs sous-style du punk (punk-core, skapunk, punk mélodique et oi
!) et à les mêler avec la plus grande aisance. A part deux titres
(Trevor, sorte de streetpunk allemand pas très léger
musicalement et Uk now, ska des familles un peu poussif), tout le reste
se mesure à l’aune des meilleurs. D’entrée de jeu,
Punk unity affiche la couleur avec un mélange de punk grand-breton
et de ska (et même un petit plan métal à la guitare). Suit
l’excellent Hiroshima, punk-core agressif façon
Exploited période Troops of tomorrow, à la limite
du désespoir, puis Our roots, qui revient à un streetpunk
un brin mélodique et au refrain marquant. Thrown away repart
sur le ska-punk qui fait la touche du groupe et, en écho à la
troisième plage, Better way retrouve des accents punk-oi ! mélancoliques,
côté oi ! qui déboule pleine tête dans des effluves
de ska et de punk (que diantre, quelle surprise !) dans Oi ! The Filaments
et tout cela se parachève dans un Patricia explosif et violent
qui laisse l’auditeur comblé, le temps d’aller dans le frigo
se rechercher un bock avant de se repasser le total une fois, encore une fois.
[Victor]
More G.D.M. (compilation CD Tigersushi
TSRCD001 ; 79’ ; 15 t. ; 2002)
Drôle de concept que celui de cette compilation du label issu du webzine
parisien Tigersushi puisqu’il s’agit
de mélanger (pourquoi ? j’avoue n’avoir pas trop compris)
des morceaux vieux de vingt ans avec des œufs frais de la veille. Explorons
tout d’abord ce qui date. On commence avec Gina
X (ma qué, peut-être Lolobrigida !), électro-pop
pas mal aux sonorités 80's marquées mais les refrains sont trop
kitch et plombent la chanson, icelle peut donc être remisée. Ensuite,
un groupe amerloque nommé The Bush Tetras
(les « coqs de bruyère de Deubeuliou », horreur !!) : du
rock aux guitares assez agressives comme il s’en développa par
la suite (Young Gods) et aux teintes gothisantes, le tout mené de manière
lancinante et hypnotique, l’échec venant de la voix féminine,
plate pour le genre. C’est toujours mieux en tout cas que la complainte
minimaliste archi-nulle des Tokow Boys (des Français)
avec une chanteuse munie d’un organe comme le groupe les Elles, hélas
pas du tout pareillement utilisé… Suit un type nommé Max
Berlin (mais bien de Groß Pariss, ach !) à la fin des années
1970 et qui nous sort de son futal pattes d’eph’ une chanson érotique
dans le style gainsbourien du moment. La magie n'opère toutefois pas
car le texte est relevé comme une assiette (plate ou creuse, t’as
le choix) bien que la musique soit très correcte. Changeant radicalement
de style, on se met sur la tête pour écouter maintenant Chapter
Three, groupe de rappeur new-yorkais (rien à voir avec les très
pas-bons Chapter 21) au milieu d’un univers
typique du début des années 80 au gros son funk et tout et tout.
On peut regretter que le morceau soit assez quelconque et que rien de fort ne
ressorte au final véritablement. Heureusement vient alors Material
alias Bill Laswell, l’homme à tout
faire, aux phalanges magiques qui nous sert une électro-pop dansante
très années quatre-vingts et plutôt prenante, parole de
connaisseur en vie meilleure. Le dernier et le plus ancien pour la fin, voici
Cluster et son Hollywood, aux ambiances
filmiques où, au travers de nappes, percent des pointes de cordes mêlant
tour à tout mélancolie et sérénité. Passons
maintenant à la partie contemporaine. On commence avec Metro
Area, venu d’Outre-Atlantique et se répandant en une musique
électro-lounge pour bar branché assez nase et qui se ringardisera
vite fait, pas dur à deviner. Aucune originalité. Nettement plus
agréable est le Grand-Breton Maurice Fulton
et son ambient qui vire au funk léger bien réalisé en deuxième
partie de plage. Idem pour Silver Apples dont l’électro
aux rythmes trébuchants avec murmures en fond est plutôt réussie
et donne envie de poursuivre l’exploration de ce groupe plus avant. On
rechute pourtant avec la pop froide à grosse basse d’Alice
Machine (de Paris) et sa voix féminine impersonnelle et qu’on
peut oublier en zappant sur les b-boys de T.B.S.
et Jamalski don le rap plus récent au flow
parfois raggamuffin percute bien parmi des sons de fond aux timbres à
la Mr. Oizo et de vocoder. Hop, ça rebondit
aussitôt avec Shalark à l’électro-rap
bien ficelé auquel on accroche d'entrée de jeu et qui plaît
par sa sobriété expressive. Un des pires morceaux du disque nous
tombe malencontreusement à ce moment-là sur la tête, ouille
ouille ouille ! , en la personne de Seven Grand Housing
Authority qui nous jette une house bateau incolore à effacer de
suite. Mauvais ! On clôt le tout et on remballe enfin avec l’électro
très 80's planant avec des nappes aux timbres charmeurs du Californien
John Tejada, qui nous fait là du beau boulot,
le bonhomme. Une compilation mi-figue mi-raisin mais où, sans grande
révélation du siècle, l’on peut trouver son contentement.
Le livret, pour finir, n’est pas très beau mais fourni en détails
sur les différents groupes et c’est là l’essentiel.
Et l’essentiel, c’est le principal de toute façon.
[Victor]
LAMBSHOP : Is a woman
(CD City slang 21090-2 ; 62’ ; 11 t. ; 2002)
Assez décevante est l’atmosphère générale
pop acoustique de cet album de Lambshop. Elle évolue
entre Léonard Cohen et Daniel
Guichard . Ce n’est pas franchement vilain mais véritablement
lassant. D. Scott Parsley est un peu plus rythmé que le reste
mais l’ensemble (peut-être valable si on comprend les paroles) demeure
très mou du genou et la sauce, hélas, ne prend pas.
[Victor]
MOURMANSK
150 / MUCKRACKERS
: Born under massiv noisy shell fire (split CD 3 pouces Disques Novaya
Zemlaya / Les Forces Alliées Rds / 213 Rds ; 23’ ; 7 t. ; 2003)
Il fut un temps, rappelez-vous, où marguerites et primevères,
renoncules et coquelicots égayaient les champs de nos vertes campagnes
tandis que les aéroplanes filaient dans le ciel azuré et que la
Deux-Chevaux Citroën des P.T.T. s’en venait, tranquillement, porter
à tous les habitants les meilleures nouvelles de notre doux pays. Et
ce n’est pas du tout de cette époque dont il s’agit présentement
puisque, happés brusquement par le chaos sonore, nous plongeons aussitôt
dans le brasier de l’apocalypse par l’intermédiaire de ce
Gift des Muckrackers brûlant de
toutes les flammes de l’enfer… Arrive Mourmansk
150 dans une atmosphère angoissée, dure, froide au milieu
de laquelle se perdent des voix bureaucratiques, françaises et technologiques
impertubables et lointaines. Il gardera tout au long de ses trois titres ce
style, la plus percutante de ces plages étant Les Plantes vertes
. J’étais plus habitué à l’indus-core ultraviolent
du personnage mais l’on doit avouer que cette veine convainc tout autant.
Quant à ses acolytes lotharingiens, c’est la veine hardcore-indus
qu’ils privilégient, leur terrain de prédilection (seule
la plage Tief in mir ressortit plus de l’atmosphère lofi-indus
de Mourmansk 150) et ils s’en sortent plus que bien, m’est avis
que c’est là une de leur meilleure prestation au disque. Et quand
on pense que ce sont uniquement des morceaux pris sur le vif en concert, on
n’ose pas imaginer la fournaise sonore (et capiteuse) dans laquelle sombre
leur public, probablement entièrement démancyclé à
la fin du show, une fournaise en complet accord avec l’évocation
de Stalingrad que l’on entend (Lokomotiv) ! Un disque impeccable.
[Victor]
Autonomy not submission
(compilation CDR Pariah Rules Records PR02 ; 69’
; 29 t. ; 2001)
Un mauvais point tout d’abord pour cette compile super D.I.Y. (trouvable
chez Laurent Alcaraz, , 10 bis rue Saint-Martin
21800 Quétigny, France) : son prix est élevé (9 à
10 €) alors que peu d’effort a été fait dans la présentation
(pas de dates, aucune info à part le contact du dessinateur de la couve,
aucun livret, annoncé comme à venir mais jamais sorti). On commence
par d’anciens morceaux d’Heyoka, le
groupe punk-rock français mythique des années 1990, capable du
pire comme du meilleur, meilleur qu’il nous offre sur un des quatre titres
ici présents, Portinawak (un de leurs plus connus). Human
Spark ensuite nous envoie un punk à la limite du rock comme on
savait en faire au début des années 1980 et dont on retiendra
surtout le bien ficelé Cul de sac (en hommage au film de Polanski
et à une erreur d’orientation qu’ils ont faite un jour en
auto). Nettement plus nerveuse et souvent crust sont les compos de G.D.B.,
bien gouleyantes (deux reprises de Doom) sauf la
première (Chargée qu’elle s’appelle, on ne
le lui fait pas dire). Je passe sur Stuff Like That,
mauvais de A à Z et c’est à regret que je ne reste pas non
plus très longtemps sur les plages d’Attentat
Sonore, excepté un Punx with Brains assez enlevé.
Le passage à vide se poursuit avec les Nantis
(on se demande de quelle richesse…), heureusement se pointe le punk-rock
latino de Gozilla, le célèbre tyrannosaure,
joyeux comme au Crétacé supérieur et bien rentre-dedans.
A quoi bon par contre l’insertion d’un titre live de Conflict
qui ne casse pas trois pattes à un canard tory ? Sur ce, voici Les
CRS au zoo et Un après-midi au supermarché des Lorrains
de B12, courts mais costauds et qui relèvent
tout de même la sauce avant que Malaka, groupe
de punk-rock français incolore, ne close la parade. Apparemment, cette
compile est faite aux bénéfices de la liste de distribution dijonnaise
Maloka mais on se demande bien, vu le prix, quels
bénéfices ils vont en retirer.
[Victor]
MA VALISE : Prise
de tête / Musique pour la Brat Compagnie (CD-R L’Assoc’Béchamel
; 30’ ; 13 t. + 1 plage d’animation vidéo ; 2002 ; Assoc’
Béchamel, Au nid d'oie, 44190 Clisson ; 02.28.21.51.80) :
Fruit de la collaboration de la fanfare Ma Valise
avec des gens du théâtre, ce disque est divisé en deux.
Tout d’abord, l’illustration du court-métrage, Prise
de tête, de Paul Moulins. La musique
est très agréable, du cabaret bien fichu, sans voix et qui se
laisse écouter sans problème. Les deux autres tiers ont été
composés pour la troupe vendéenne Brat Compagnie.
Si l’on excepte les deux plages vocales, on a là de la belle ouvrage,
tout particulièrement les morceaux Dub sans tête, du dub
instrumental comme son nom l’indique, dominé par la réverb
de l’accordéon, et Verte, tout en chaleur et en misère.
L’animation vidéo est par contre un tantinet lassante. Très
peu cher, ce disque vaut le détour, ce d’autant qu’avec le
saccage des Fillon et Raffarin
dans le milieu du spectacle en France, on ne risque plus trop d’avoir
des charretées de musique d’accompagnement de spectacle.
[Victor]
JUGGERNAUTS
& BBUGG : The
Cato Street Conspiracy (Split CD Basement
Ape Rds APES003 ; 45’ ; 3 + 2 + 1 = 6 t. ; 2003)
Il s’agit ici apparemment, sous un sobre mais habile habillage en papier
kraft, d’une bande son du film éponyme (mais dont je n’ai
jamais entendu parler et qui doit, je suppose, parler de ce célèbre
complot républicain anglais étouffé dans l'oeuf à
la mort de George III le cinoque) où les
titres ont été alternés par chaque groupe tout en s’enchaînant
l’un l’autre. L’atmosphère générale est
au hardcore progressif atmosphérique avec effets à l’ordinateur
par-dessus. Les Juggernauts se débrouillent
vraiment bien dans le genre (il faut dire qu'apparemment, l'un de ses membres
fait partie des très bons et terrifiques Morgue
et que la production est du fameux Sergent Garcia),
non qu’ils soient novateurs mais ils affichent une aisance certaine et
frôlent parfois les contrées floydiennes (Control in the eastern
landscape) ou, plus subtilement, évoquent le Neil
Young de Dead Man (A halo of flies). Ça se laisse
écouter sans anicroche, on se laisse porter du début à
la fin. Pour Bbugg, le gros défaut, puisqu’il
y en a un, est la voix malheureuse du chanteur (laquelle, par exemple, bousille
le morceau Texture d’anarchie sereine), pas assurée et
trop criarde par rapport au reste. Ce duo est pourtant assez doué musicalement,
en témoigne sa plage la moins esquintée et la plus longue (et
à laquelle participent également les Juggernauts) Thème
de fin : Reach the ants où l’on part, de chaos funko-métalliques,
vers des contrées aux lisières de l’électro avec
des samples de voix franco-anglaises qui se dédoublent dans des nappes
de guitares larsenées, de grommellements électroniques et de nappes
ambientées. Un disque déséquilibré mais de très
bonne facture au deux tiers.
[Victor]
MUCKRACKERS : Muckrackers #3 (compilation CDR Negative Rds / Les Forces Alliées Rds / 213 Rds ; 76’ ; 17 t. ; 2004)
A nouveau les Muckrackers, ce groupe lorrain hélas pour eux compatriotes du baron Seillère mais dont les préoccupations sont à cent lieues. Ils ont ici réunis leurs amis autour d’un gueulard à l’abandon et leur ont intimé l’ordre de refondre un de leurs récents titres et par ailleurs excellent : Flug, toujours dans ce registre hardcore-électro-indus à la Fast Forward dans lequel ils sont loin d’être manchots (ils le reprennent eux –même en fin de disque en version longue). Pas facile de s’y prendre pour chroniquer tout ça, le disque ayant grosso modo une orientation de la copie la plus fidèle à celle la plus déformée. A noter, fait rare, qu’aucun morceau n’est à proprement parler moyen ou mauvais mais plutôt le contraire. Chapeau ! Tout a commencé par le gémissement soudain d’une sirène d’alerte de DCA. Rauwolfia reste assez proche de son modèle, renforçant la rythmique avec du gros kick martelant. Avec OP.ale, on lorgne plus du côté Nine Inch Nails avec une électronique toujours présente. Cette façon de voir les choses se renforcent avec une voix à la Rammstein et des nappes à la limite de l’eurodance (non, j’abuse !) ou de la techno belge du début des années 1990. Retour sur la planète indus avec ESR, une plage sobre et bruitiste tavelée de harpe basse électronique qui précède une sorte de drum’n’bass soft avec toujours la même voix, serrée cette fois-ci, tout ça étant bien fin et l’œuvre de Beinhaus. On replonge dans le chaudron en compagnie de Rau, à fond dans l’industrie et où la voix, là encore, peine à émerger ce qui renforce le caractère oppressif du morceau. Electro minimaliste pour J213 qui parvient même à transformer les Muckrackers en gallinacés à la fin du morceau, on repasse en Lorraine avec les sabots de A Diet Off, une région sombre où ça cogne lourdement mais sûrement entre électro et indus, un speaker anglais amenant sa fraise sur la fin du morceau, bien habile que tout cela… Suit l’un des trucs les plus originaux du disque, j’ai nommé Urban Bétail (chouette nom !). Sur fond d’imprimantes à aiguille en folie, il nous balance une techno très originale au rythme cassé et à la voix anglo-saxonne qui never surrender (c’est elle-même qui le dit, je ne fais que rapporter ses paroles). Afin de nous reposer, nous montons alors dans les airs grâce aux nappes de fumées sorties des cheminées pour survoler les noirs champs d’entre Forbach et Sarreguemines avec les forteresses volantes, l’ensemble savamment délayé par MooN. La chute est brutale mais nous avons les choses en main lorsque, de son étrange électronica, Shizuka nous ramène au sol par le plus long des remix et dans un style proche de la scène laptop française, dégénérant au final en un vaste essaim d’où jaillissent mille et un insectes industriels qui se mettent à bourdonner avant de s’éparpiller. Place nette. Entre alors le plus surprenant des groupes ici présents, connus pour être l’un des must de la scène électro-hardcore-punk-indus européenne : Punish Yourself. Sur un rythme jazzy incrusté de tuttis orchestraux, ils nous balancent mine de rien une pépite à la Propellerheads sans rapport aucun avec leur registre habituel. Nettement plus austère est par contre la plage indus-ambient de Tin. RP ; l’oppression est là aussi de mise en pays platt. Que dire alors de XTL qui nous renvoie dans l’indus le plus marqué à l’Einstürzende Neubauten (précisément à l’album de remix de 1997) ? On apprécie, ce d’autant que la tension demeure. Cela prépare le bouquet final avec Pressure, spécialisé dans le pressoir comme son nom l’indique et le liquide qui coule a, ma foi, un putain de fameux goût d’électro-indus-hardcore-punk à la Punish Yourself, justement, la boucle est bouclée ! Une grande réussite que cet album, tiré à peu d’exemplaires ai-je cru lire, ce qui est bien dommage quand on voit la qualité des mets présentés. Vive la Lorraine !
[Victor]
SLEAZY
JOKE : Mafia Politica (CD Mass
Prod / MusiCanard
MASS40 CANARCD03 ; 32’ ; 11 t. ; 2003)
Quatre ans après l’un des meilleurs EP punks français réalisés
à ce jour, Sleazy Joke revient mettre le
bronx dans les enceintes, super attendus au tournant vu le niveau du quatuor.
Hélas, la hargne du premier essai, sacrée baffe, ne parvient pas
à se relancer ici. Si les textes (tous en français et généralement
avec un certain style qui les rend meilleurs que ce qu’on peut voir habituellement
dans le genre) sont toujours aussi incisifs, souvent vécus, et touchent
à énormément de sujets bretons (le Wagon,
le rocker-poseur qui a peur des vaches, l’intrusion dans un banquet bourge
[redite moins réussie par rapport à Pastaga sur l’EP])
et polémiques (la pollution agricole, l’incarcération «
préventive » à tout-va des militants bretons, la corruption
des politiques et des puissants, l’illégalité du chichon,
etc), l’osmose avec la musique n’est pas toujours au rendez-vous.
Celle-ci varie entre punk, rock et certains plans quasi métal des années
80. La voix du chanteur, toujours aussi « bonvoisine », demeure
un élément incontournable et qui fait qu’on repère
les Fougerais au quart de tour, à la première intonation. Si aucune
chanson n’est vraiment à tèje sur ce CD, quelques chansons
toutefois valent particulièrement le détour telles Nickel
et sain, Roule (à la fin excellente), Manigances
et Galérien. La présentation enfin est classique pour
le genre avec un collage multi-photos à l’intérieur du digipack.
Sleazy Joke reste un groupe à suivre car ils ne sont pas tant que ça
à avoir du chien commaç ainsi qu’une réelle personnalité
d’entrée de jeu (un peu comme l’avaient naguère feus
les Excités).
[Victor]
LES CORONS PUENT : Aux
armes (EP Rudeboi rds / Oi! pour Oi ! / Oi
! à boire / Morveux Productions ; 9’ ; 3 t. ; 2003)
Malgré une pléthore de producteurs, cet EP ne restera pas comme
un chef-d’œuvre de la oi ! en France. Sous une présentation
banale et desservi par un insert de textes mal imprimé et souvent illisible,
ce trois-titres présente une musique mille fois entendue et avec des
paroles carrément bateau pour ne pas dire caricaturale au point d’en
devenir (volontairement ?) comique (Classe ouvrière, où
un top beauf, coincé entre un clacos et un bout de lard, en est contraint
à s’essorer le poireau car sa grosse veut pas et alors il picole,
tout un programme, et au milieu voici le refrain : « Classe ouvrière,
classe ouvrière, tu es un héros de la classe ouvrière !
»… La pauvre, elle n’est pas sortie de l’auberge ! ).
Dommage que tout cela quand on sait qu’il y avait l’ancien bassiste
NCA-Apple Crew aux
commandes ; mais c’est comme ça.
[Victor]
THE CLASS ASSASSINS : No justice...
No peace (45t. Insurgence Rds IR005
/ Mad Butcher Rds MBR072) ; 6’ ; 2 t. ; 2001)
Du punk-rock assez classique et rien moins qu’extraordinaire pour ce groupe
canadien, chant quelconque, musique peu colorée, pas de quoi en tout
cas faire un bon 45 tours et c’est bien triste car en deux titres, la
messe est vite dite et l’on n’a plus qu’à rentrer chez
soi écouter autre chose.
[Victor]
DILLUSION
: Ailleurs (CD autoproduit ; 38’ ; 7 t. ; 2003)
En adepte du jeu de mots facile, j’aurais pu dire désillusion mais
comme je ne connaissais pas ce groupe helvète précédemment,
je n’avais pas d’attente particulière. C’est du rock
qui tire vers le punk-rock et le hard-rock tout en parcourant les chemins de
la chanson sombre, en anglais, français et portugais, une chanteuse ouvrant
la route. La couverture de ce digipack neuchâtelois possède a contrario
une esthétique certaine et réussie, le tout étant apparemment
également le fait de la chanteuse .
[Victor]
SUPPURATION : Incubation
(CD Holy Rds Holy88
; 40’ ; 9 t. ; 2003)
Plongée dans un bain de métal émotif, la rencontre avec
Supuration, groupe du nord de la France n’est
pas des plus inspirantes, notamment pour ce qui est de la voix du chanteur (même
doublée) qui plante systématiquement les morceaux. Les gars savent
jouer, sûrement impeccablement, mais l’originalité n’est
pas ici le maître mot, une morne froideur imbibant l’ensemble d’un
bout à l’autre. Rien à redire par contre sur le superbe
digipack dépliant où l’on voit se fragmenter une femme splendideà
moitié nue, enceinte d’une tête géante de gosse, le
tout sur un fond rouge sang assez malsain mais si classe. Grand regret donc
que la musique ne se hisse pas à la hauteur de la présentation
.
[Victor]
ROMEO IS BLEEDING : Introspections (CD
Plastik Culture Rds
PC007 ; 49’ ; 10 t. ; 2003)
Pas facile de chroniquer un tel disque tant il n’y a rien à racheter
à l’intérieur si l’on excepte le plan technique (mais
fait-ce un disque , je vous le demande ?). On se retrouve face à une
sorte de pâle retour au rock américain indé du début
des années 90, flirtant entre la noise, la pop et l’émocore
(par le chant hurlé sur certains titres). Aucune originalité sur
aucun titre, c’est décevant de bout en bout (même sur Nagotnytt,
plage finale atmosphérique et très longue - le cinquième
de la galette - mais qu’une voix féminine vient délaver
inutilement). Le livret ne donne aucun texte non plus, bref, grosse déception
pour un groupe originaire de P.A.C.A. et dont on entend pourtant beaucoup parler
depuis plus de cinq ans.
[Victor]
Let
them eat Sauerkraut (vol.1) (compilation CDR Sauerkraut
Records ; 79’ ; 40 t. ; 2003)
Couvrant sept ans de rock underground allemand (1981/1988), cette compile cousine
des Teach Yourself Punk Rock nous ressort
des trucs obscurs de chez obscur de façon à ce que nous ne mourions
pas idiots (c’est pas gagné…). C’est le punk dans toute
sa nervation et avec cette teinte plus froide et plus radicale qui caractérise
la Germanie . Tout n’est pas tip-top à l’intérieur,
pour ne pas dire rasoir (tel Fehlgeburt, par exemple
dont nous avons droit à un interminable EP). Dans un style punk rentre-dedans,
Flag Of Hope et the Idiots
(aux accents quasi motörheadiens par moments) cartonnent bien les tympans.
Moins chaleureux mais assez expressivement désagréables et réussis,
les deux derniers titres d’Erotischer Stuhlgang,
de la fin des années 1980, dépeignent impeccablement l’atmosphère
grise et mélancolique de l’époque (à l’instar
de Corman & Tuscadu, en France par exemple)
; une petite découverte. Surprise également que ce EP de 1981
de Der Favorit où Jean-Paul
II, ce vieux guignolo pas encore sur pilote automatique, bredouille sa
haine et déverse son fiel au micro devant les guitares punk-noise du
combo. On retiendra enfin le titre des originaux mais inégaux Freiwillige
Selbskontrolle, Im Westen nix neues où les Munichois
parviennent, une fois n’est pas coutume, à ne pas se disperser.
Bonne initiative quoi qu’il en soit que cet agrégat de raretés,
témoins de la sève si diverse et si riche qui coulait à
l’époque, ensemble qui plus est peu onéreux (six euros)
derrière une jaquette couleur moche représentant une choucroute.
[Victor]
Studio One Story (CD + DVD Soul Jazz Records
CDDVD68 ; 4 h ; 16 t. ; 1 livret de 100 pages ; 2002)
Voici un document passionnant pour qui s’intéresse un tantinet
à la musique jamaïcaine puisqu’il a pour sujet l’histoire
du mythique studio fondé par Coxsone Dodd,
le légendaire STUDIO ONE. Divers intervenants
(Coxsone bien évidemment mais aussi Alton Ellis,
l’ingénieur du son Sylvain Morris, Sugar
Minott, le Skatalite Johnny Moore, Horace Andy,
la chanteuse Marcia Griffiths, Lone Ranger toujours
en verve, Ken Boothe en Angleterre et le fameux
DJ King Stitt) narrent l’aventure incroyable
de ces musiciens avec des inserts de reportage sur la fabrique de disques, l’organiste
Jackie Mittoo (personnage essentiel bien qu’il
ne restât que quatre ans avant de filer au Canada), les Skatalites
en concert sur un camion, des ballades dans le quartier avec les vieux de la
vieille, King Stitt toastant torse nu, des propos louangeurs sur les Heptones
(que C. Dodd considère comme le meilleur groupe qu’il ait eu à
enregistrer), etc. Un régal donc pour les amateurs et même les
néophytes. Quant au CD, on y trouve des trucs connus (Love Bump
de Lone Ranger, les Canons de Navarone par les Skatalites, Dennis
Alcapone, les Abyssinians, Tommy
McCook, etc) mais même dans ces cas-là, c’est déjà
plus qu’un plaisir et on découvre également des choses si
l’on n’est pas un érudit de la chose . Le livret, enfin,
très coloré et illustré de nombreuses photos d’époque,
se lit sans aucun problème, un glossaire récapitulatif étant
proposé en toute fin. Très fortement recommandé.
[Victor]
COOL JERKS
: This is it (CD Soundflat
Records SFR001 ; 31’ ; 14 t. ; 2003)
Les Cool Jerks sont un groupe d'outre-Rhin qui
donnent dans le revival 60’s à 300%. Et non seulement ils sont
techniquement bons mais en plus tout cela a de la gueule et l’on s’en
voudrait de passer à côté. Le disque est grosso modo divisé
en deux parties, la première tirant vers le rock quand la fin s’oriente
plus nettement vers la pop. On commence par un morceau de rock dur et un deuxième
encore plus sauvage style Seeds et toute cette
sorte de choses. Le morceau éponyme qui suit donne plus dans le garage
rock’n’roll de la fin des années soixante. Ensuite arrive
un Mädchen, Mädchen en allemand, rock classique et bien fichu,
que suit le yéyé Hipshakin’Sally puis un rock’n’roll
plaisant (How to satisfy) qui, à peine achevé, voit débouler
l’ultra-rapide et bien nommé Cool Jerk Stomp. Idéalement
placé pour la transition, l’instru-surf S.O.S Barracuda
: die Mädchenjäger calme la foule par ses effluves marines
et routières de l’Ouest américain. La partie pop s’entame
alors par Op der Stroos, en hollandais mais dont l’atmosphère
rappelle à fond la chanson tudesque des Beatles
Sie liebt dich. Auf die Piste, plus gentillet, s’inscrit
dans la même lignée. Rappelant plus la veine marrante du quatuor
anglais, Shimmy Babe est un pur régal. Les trois titres de fin concluent
par une augmentation des plans rocks sur fond pop, la chanson Money rendue
célèbre en passant par Liverpool, foutant le feu à la salle,
yeah, de la balle, bébé, c’est bath tout ça. La présentation
est en anglais et en français mélangé (étonnant
pour un groupe allemand) mais il doit y avoir un cafouillage avec les légendes
de photos car elles ne correspondent pas aux informations données (à
moins que ce ne soit volontaire). La pochette du digipack, pour finir, nous
montre les trois acolytes et leurs instruments à toute blinde…
dans une Triumph TR4 blanche à l’arrêt dans un studio photo
! Un disque très agréable, sans fioriture aucune, où tout
est à garder, un vrai plaisir en somme.
[Victor]
GU GUAI XING QIU : - titre en chinois qu'on ne
peut reproduire ici - (CDR Ben
le Millionnaire ; 5’ ; 2 t. ; 2004)
Contrairement à ce que son nom pourrait l’indiquer, ce groupe ne
vient pas du fin fond du Zhejiang ni du Shanxi mais bel et bien de Meurthe-et-Moselle
. Un titre de brutal-core pour commencer (Chine muette), un autre de
crust aux riffs hard-rockeux pour terminer (Chemin tracé), en
moins de cinq minutes l’affaire est dans le sac. Tout ça pour un
euro, pas besoin de voyager en Cathay pour connaître la véritable
sagesse.
[Victor]
THE OLD DEAD TREE : The
nameless disease (CD Season
of Mist SOM070 ; 49’ ; 11 t. ; 2003)
Métal sombre et mélancolique, la musique de ce disque aurait pu
donner un bon album. Hélas, la façon de chanter tristoune et quelque
peu niaisouse de la principale voix de ce groupe plante la galette du début
à la fin, ce qui confère du coup à ces morceaux un air
de banal et de déjà vu. Un premier essai non transformé.
[Victor]
Punks in parkas (vol.3)
(compilation CDR People’s Republik of Punk ; 79’ ; 28 t. ; 2003)
Cette collection est destinée à sortir du tombeau les pépites
de la power pop européenne et américaine de la fin des années
1970 et début des suivantes. Disons-le tout net, il n’y a pas grand
chose à sauver de cette compilation et surtout pas les deux groupes français
présents, les Snipers et les Désaxés,
gnangnans à souhait. On exceptera toutefois de ce triste panorama tout
d’abord les Members, au rock énergique
et diversifié qui n’a pas trop vieilli (on trouve un morceau connu
de 1980, Flying again, et deux autres, même pas sortis à
l’époque, Brian was et Muzak machine) et enfin
Nikki & the Corvettes, que je ne connaissais
même pas de nom et dont le Back seat love est un vrai carton
de power pop, enlevé avec un feeling commaç grâce entre
autres à une voix féminine qui ramène à Joan
Jett voire à la poigne des groupes énervés actuels
comme les Lunachicks. Les deux autres titres de
ce groupe ne sont en outre pas mauvais non plus. Par conséquent, vu le
bas prix (6 euros), ça peut, l’un dans l’autre, valoir le
coup que d’ouïr cestui CDR.
[Victor]
** Chroniques
zineuses **
ROTTEN
EGGS SMELL TERRIBLE N°7 :
le fanzine du sieur Alcouffe est de retour avec
une formule commerciale du tonnerre afin de cartonner en Aveyron, le pays de
José Bové. Cette nouvelle cuvée
pour démarrer l’année fait la part belle à la ville
rose (avec une grosse marque cicatricielle sur la gueule par la grâce
de Totalfina) et notamment à la cité
de quand Douste n’y était pas encore
et que Baudis, le roi de la chaîne et du
slip de cuir, démarrait son règne en fils à papa débarqué
de la téloche… Honneur est fait aux Brigades
et à la scène qu’ils drainèrent dans les années
80, à travers un historique de celle-ci et une interview de Vlad,
fondateur depuis du groupe parisien des Informers,
avec un aller-retour comparatif entre autrefois et naguère, jadis et
maintenant. Seconde couche ensuite avec les Dau Al Set,
qui en un triple tir-croisé, tantôt chaleureux nostalgique, tantôt
réaliste et froid, nous ramène à cette même époque
qui désormais semble si loin tant la plupart des saloperies (économiques,
médiatiques, politiques) ont depuis germé et poussé à
toute vitesse. Revenant dans le temps présent, R.E.S.T. enchaîne
avec des questions sur le végétarisme, donnant à trois
personnes concernées par la question la parole (Raf
d’Attentat Sonore [l’antique groupe punk limougeaud], Philippe
Fourcade d’AVIS [asso végétalienne
toulousaine] et Yann Boislève [activiste
punk rennais notoire]). C’est bien fichu et éclairant même
si Philippe Fourcade me semble avoir un peu le nez dans le guidon comme dans
sa brochure d’il y a trois ans. (tout le problème de l’activisme
contre vents et marées). Le sujet du végétarisme par rapport
aux enfants paraît enfin bien facilement éludé (et pourtant
il est essentiel) car tous font dans le « si j’avais un enfant,
je suis sûr de ce que je ferais » et comme on sait, avec des
si, on mettrait Paris en bouteille… de Viandox !). A propos de bouteille,
le fanzine, « reconnu d’inutilité publique mais on s’en
branle, nous, puisqu’on s’aime d’amour !!! » (dixit
l’auteur et ses acolytes) termine la sienne avec Crevure
et Maïté et les Moules . Tout cela
regorge par ailleurs de chroniques en tout sens (le sectarisme n’est pas
de mise ici, certes non !) et de bons, de très bons mots comme la fine
équipe du sud-ouest sait seul en distiller (terroir et tradition !).
Pour un bon moment entre deux siestes, une adresse : Mundo Drama, BP17, 12450
La Primaube (28p. A4 ; 2€ en timbres, ou une petite auto Solido, ou
un 45t. de crust ou un autre fanzine, au choix, c’est pas moi qui invente
(comment oserais-je ?), c’est écrit dedans ! )
[Victor]
EARQUAKE N°83
:
L’incontournable du fanzinat punk et compagnie national est de retour
avec en couverture un sinistre slogan d’outre-Rhin qui sonne comme un
écho au récent film de Pierre Carles,
Danger Travail. Outre les chroniques fanzineuses toujours développées,
celles qui concernent la musique (avec beaucoup d’antiquités au
programme, ce n’est pas moi qui m’en plaindrai) et celles qui s’occupent
de littérature – toujours riches - , ce sont deux interviews que
l’on trouve au sein de ce numéro : l’une de Trojan
Horns, groupe de ska australien et l’autre de Ensign,
le fameux groupe hxc américain. Si la première interview est classique,
la seconde est assez typique pour ne pas dire cliché de la scène
(du fait de l’étroitesse des sujets éternellement rebattus
par la scène hard-core straight edge, à savoir le rejet des moins
puristes et la lutte contre les poseurs) même si le fait d’évoquer
les tournées en Europe comme une façon de voir autrement la politique
américaine est une remarque intéressante. Earquake est
de toute façon indémodable et une lecture ô combien nécessaire.
Dispo contre 3 timbres à 0,50 € chez Fred
Leca, 55 rue Saint-Jean 88300 Neufchateau, Frankreich.
[Victor]
NEW WAVE N°6 :
Nouveau numéro pour ce fanzine rené, cette fois consacré
au « Grrrl Power » avec Divine, l’égérie
de John Waters en couverture. Après une
rétrospective de la première partie de l’année 1979
et un court article sur le groupe parisien les Troglodytes,
New Wave revient sur l’actuelle
mode chez les fashion victimes (assez friquées tout de même) qui
verse dans le punk style. Certes, c’est nul mais encouragez les lectrices
à ne pas donner dans le panneau, c’est un peu enfoncer une porte
ouverte. Pour le reste, il s’agit surtout de chroniques musicales et littéraires
dont l’intérêt majeur réside dans l’éclectisme
(punk, hardcore, électro, indus, EBM, gothique, il y a même du
classique avec Chérubini) et les nombreux
contacts proposés. On peut aussi dénicher une revue des disquaires
londoniens et la chronique Diar(rh)y, très personnelle (normal)
et assez bien enlevée (sur la canicule, la vieillesse punk et l’infâme
trahison estivale de Chéreau, Mnouchkine
et des VIEILLES CHARRUES (j’aurais pu écrire
Salopes, mais ce nom est déjà pris). Enfin, un article sur l’illustratrice
Liz McGrath chapeaute la thématique du numéro
ci-présent, savoir les filles qui le revendiquent. Le ton léger
et ouvert de cette parution A3 fait qu’elle se lit en zig-zag mais d’une
traite. Il en coûte 1,5 euro pour 8 pages à Celia, BP n°6,
75462 Paris Cedex 10.
[Victor]
TRASHOS
N°1 :
Minizine écrit à fond la caisse, Trashos ne s’embarrasse
pas de précaution dans ses quelques chroniques punk’n’roll
agrémentées de dessins marrants. Comme il le clame lui-même,
« kiffe or die ! ». Tu peux donc le kiffer ou le dier chez David
Gabory, 4 rue du Commandant de Champagny, 49000 Angers (1 timbre pc /
2 p. A4).
[Victor]