Interview de Pierre Tanguy, guitariste attitré et parfois chanteur d'Ouf, la puce respire à l'oreille du monde


Ouf, la puce respire à l'oreille du monde
est un groupe célèbre qui circule dans de nombreuses villes et bourgades de France et de Navarre. Ils ont notamment enregistré la Chanson de Youri et Natacha. Pierre a également fait partie des Landreger's natives, groupe légendaire du Trégor s'il en est, mais aussi des Oufs, connus pour leur chanson sur le poisson. Il se repose actuellement près de la chapelle de Traou Meur à Trédarzec, fatigué de ses multiples tribulations. Devant chez lui est garée sa voiture. Un de ses proches, Yves-Marie Picard, est, coïncidence, précisément en cet après-midi, venu, lui aussi, lui rendre visite.


- Trédarzec, en ce 7 février 1998-

Halte aux Mammouths simiesques ! : Salut Pierre, que deviens-tu?
Pierre Tanguy : Eh bien, je reviens juste de Korr er Pont dans le Morbihan à l'instant. Le moteur est encore chaud! Et donnez-moi le crayon bleu...


HAMS ! : As-tu des projets d'enregistrements à venir que tu tiens à nous dévoiler exclusivement?
Pierre Tanguy : Justement, nous venons tout juste d'enregistrer quelques maquettes pour le prochain disque.


HAMS ! : Toi et tes acolytes êtes passés récemment à la Flèche d'or à Paris; qu'avez-vous pensé de ce concert? Aviez-vous remarqué qu'un ancien bus de CRS déguisé en car de fans s'était installé devant la salle et que le conducteur et son chien pie se trouvaient eux-mêmes dans l'assistance?

Pierre Tanguy : C'était vraiment super comme endroit, rempli de gens et on était content d'être là. Pour le bus, je laisse la réponse au propriétaire...
Yves-Marie Picard : Le soleil, les fleurs, la terre; avec des gens partout autour, un royaume de couleurs, dans un monde qui rend sourd!, dixit Robin du Bus, du Bois (et même vachement)...


HAMS ! : D'habitude, vous visitez les Parigots en ce lieu cryptique qu'est le Sentier des Halles. Pourquoi ne l'avoir pas fait cette fois-ci et n'être pas, comme de coutume, allés vous rincer le gosier dans le bar de nuit qui fait l'angle de la rue d'Agout, dans le Deuxième?
Pierre Tanguy : Oui, le Sentier des Halles. Euh! C'est bon! Par contre un troquet pas très loin nous laisse de bons souvenirs. Il s'appelait Le Bienvenue...


HAMS ! : Te fais pas de bile, Titi, on parle bien du même...
Pierre Tanguy : Oui, certes, mais, ah, oui, ce petit zinc, il s'appelait Le Bienvenue, ouvert toute la nuit, genre Maroc, avec les merguez et tout! Après la Flèche d'or, on a pris la route, après ! Dur...


HAMS ! : Vous revenez, nous semble-t-il, d'une tournée lorraine; comment donc vous a accueilli la populace tudesque?
Pierre Tanguy : Tu déconnes ou tue des cons! Les gens de l'Est, du Nord, les Germains, y mettent pas à côté. Le blanc, le blanc, le champagne!!! On a joué pour Emmaüs et le lendemain, dans un château. Je vous fais don de la présente photo (cf. le cliché ci-contre).


HAMS!: Depuis quelques temps, tu résides à Traou Meur à Trédarzec? Pourquoi ce départ précipité des abords de la cathédrale de Tréguier?
Pierre Tanguy : Un appart, c'est bien; une maison, c'est mieux!


HAMS ! : N'as-tu pas envisagé tout de même à un moment donné de t'établir à Crec'h Choupot ou sous le pont Saint-François?
Pierre Tanguy : Nooonnnn ! Mais j'ai un ami qui y avait pensé pendant la guerre...
Yves-Marie Picard : Ah, le pauvre!...


HAMS ! : Pour en revenir à ton gagne-pain, comment définirais-tu ta musique, ton style, pour les profanes? Négresses vertes ou Pires?
Pierre Tanguy : Pires que les Négresses Vertes sans doute ! Mais je me soigne...


HAMS ! : T'en es déjà à trois ricards depuis le début de l'interview plus un cône, tu trouves pas que tu te lâches un peu trop de temps à autre?
Pierre Tanguy : Tu passes à la maison samedi soir, il y a un dîner. Ça devrait donner...


HAMS ! : Quels sont tes meilleurs souvenirs avec le groupe savary-bellonesque Landreger's natives ou de l'époque des Oufs?
Pierre Tanguy : Des concerts assez drôles! Et des choses qu'on ne dit pas en interview mais plutôt autour d'une table...


HAMS ! : Ahahah! Je vois! Des choses.. plutôt épicées!... La légende des Landreger's native serait donc sulfureuse... Mais, j'y pense, d'où vous sont venues ces idées pour ces pochettes originales et mélangées?
Pierre Tanguy : Rien que du collage. Photo, papier, ciseaux. Papivole!


HAMS ! : Pourrais-tu succintement nous présenter tes associés musicaux?
Pierre Tanguy : Ouh là! Trop difficile... Une bande de joyeux lurons!


HAMS ! : Quelle est ton opinion sur l'actuelle condition des intermittents du spectacle en France et sur les rognures effectuées par le CNPF [= actuel MEDEF] à l'encontre de celle-ci?
Pierre Tanguy : Je ne sais pas quoi répondre... [Yves-Marie Picard, sentant son ami fatigué et l'entrevue partir à vau-l'eau, lui fait soudain gober cinq trips d'un coup] Non, je ne m'en cache pas, je soutiens le baron Antoine de Seillères du fond de mon âme, je le laisse même trop transparaître, à mon grand dam, dans nos représentations... Aaahahhh! Baron, daigne emmener mon humble carcasse parmi ta suite, i suis Titouille, ton féal vassal ! Tends-moi donc tes lèvres grasses qu'hic et nunc, nous pratiquions l'osculum ! [Il embrasse goulûment la couverture du dernier numéro de L'Express, qu'il a reçu par voie postale, et sur laquelle figure la caboche du patron du CNPF] Que le chien de Keufranc soit donc mon vavasseur! Allez, fidèles compagnons, m'aidez à prendre le damné Pesked, par saint Souboque ! Cestui lieu malfamé qu'aucuns nomment hostellerie mais que moi, Titouille la Gratouille, j'appellassions lieu de perdition! Aâââh! Par la moustache de Michel Bataille, qu'honneur nous soit rendu! Que les consommations alambiquées, ventre saint-gris, sur-le-champ soient déliées de tout coût! Sonnons l'olifant! Plaignez saqueboutes! Aâââh! Bois bandé gratos! Aaah! [Il fait le tour de la table de sa cuisine en sautant partout avec des yeux hallucinés puis grimpe dans son évier et essaie de faire rentrer ses docks jaunes à poulaine dans le conduit d'évacuation car il croit que c'est un soupirail pour s'échapper]


HAMS ! : Bon, écoute, puisque ce sujet a l'air de te faire sacrément sortir de tes gonds, on va peut-être changer de propos... Euh, voyons voir... Et ta réaction sur le scandale des ballets roses à Pleubian durant les années 80?
Pierre Tanguy : Balai rose toi-même! Excuse-moi je suis un peu nerveux en ce moment, l'éclipse sans doute...


HAMS ! : Le bassiste d'Ouf la Puce a apparemment changé; quelles sont les raisons profondes de ce changement et où est parti Game Over?
Pierre Tanguy : No one knows but he's still in the universe!!!


HAMS ! : Nous vîmes naguère, par-delà les roches liminaires qui bornent ton logis, un noir et resplendissant coupé 304. Ce penchant pour la firme au lion est-il ancien? As-tu, ancrée au plus profond de ton âme, une passion pour les vieilles autos ?
Pierre Tanguy : Ben, en fait, c'est Raoul, l'accordéoniste-chanteur, qui m'a contaminé. Et puis, les vieilles Peugeot, c'est notre enfance, les grands-parents, tout ça !


HAMS ! : T'as l'air déjà à moitié raide, tu ressembles à Lee Perry... Bon, écoute Titi, on va peut-être te laisser, hein? Si t'es mal, de toute façon t'as ton clic-clac qu'est pas loin... Sur ce, merci beaucoup, et... à plus! On te prend deux bocks dans ton frigo pour la route, hein... Non non, bouge pas, on va se servir nous-mêmes...
Pierre Tanguy : Eh oh! Buvez pas toutes mes bières!... Eh non, les gars, vous abusez... Ma Stella Artois en canettes!!!....Flûte alors!... Enfin bon, merci quand même d'être passés les gars!... Ce me fist fort grand heur en mon triste cueur! Allez Rossinante, hue dia! Décampissons vers de noveltes et chauldes aventures! Aââââh! Grant mercy, beaux messieurs! [Il recommence à délirer et il est grimpé sur le dos d'Yves-Marie Picard, qui, cependant qu'il fait contre mauvaise fortune bon cœur et s'échigne à ruer, nous fait signe de son pâturon arrière de mettre les bouts, ce que nous faisons, craignant que la situtation n'empire]


HAMS ! : Oh, mais y a pas de quoi! C'est nous qui te remercions ainsi que notre lectorat sympathique et de plus en plus nombreux, duquel nous prenons hélas également congé jusqu'au prochain numéro. Allez, tchaôw1!

Chiouït & Victor
Février 1998

Sommaire