H.A.M.S. ! n°0

 

 

 

 

Guy Konopnicky : Manuel de survie au front, 1998, 100 pages, édition Mille et Une Nuits, collection "Les Petits Libres", 10 F.

Cet ouvrage a été rédigé par un érudit de premier ordre (auteur de polar et d'ouvrages sociaux, hardi polémiste) qui, sur le même sujet, avait déjà, voici deux ans, commis Les filières noires, enquête sur les obscurs réseaux de financement du Front National.
Il nous présente ici un condensé de ce que l'on sait déjà, savoir : que le FN est un parti de haineux pourris jusqu'à l'os, de surcroît en prise directe avec la collaboration la plus forcenée des années sombres ; que ses dirigeants sont souvent peu malins, se détestant cordialement les uns les autres ; que leurs forces, ils les puisent dans le renoncement progressif et insidieux à la démocratie des élites françaises, principalement politiques et journalistiques ; que l'un de ses buts inavoués, même aux militants, est l'enrichissement personnel du führer de La Trinité ; qu'enfin il ne faut jamais nulle part lui céder le moindre pouce, en lui retournant à travers la figure sa principale arme : le droit et sa rhétorique.

Victor

 

Serge Halimi : Les Nouveaux chiens de garde, 1997, 120 pages ; éditions Liber, collection "Raisons d'agir", 30 F

Le but de cet opuscule est de démonter les rouages du prétendu "quatrième pouvoir", les médias à la fin du XXe siècle (en France). Et c'y est fait de manière magistrale. Etayée minutieusement, l'enquête ce journaliste du Monde diplomatique et professeur d'économie, spécialiste des Etats-Unis, vire très rapidement au réquisitoire : tout le monde s'en prend plein la gueule d'Alain Duhamel aux croutons de service du Nouvel Obs, en passant par BHL, Imbert, Bilalian, July Slama et autre PPDA ainsi que tous les bavouillards qui nous assomment sempiternellement. Cette volée de bois vert en tous sens fait plaisir à lire et elle restera, n'en doutons point, en travers de l'œsophage de tous les rengorgés de service qui tiennent le haut du pavé dans le journalisme, ceux-ci cherchant obstinément à nous persuader qu'ils ne sont plus au temps de l'ORTF mais bel et bien libres, alors que, tel Nabucet dans Le Sang Noir de Louis Guilloux, ils n'ont de cesse de rêver à ce qu'un jour, un puissant daigne enfin leur délaisser une de ses bottes, afin que d'abondance il la puisse lécher.

Victor


Louis Guilloux : Angélina, 1932, 190 pages, édition Le Livre de poche [1982], collection "Biblio", 20 F environ.

Ce livre fait partie des ouvrages les moins importants quantitativement de Louis Guilloux (1899-1980), auteur de sommes considérables (comme le Jeu de Patience, ou même Le Pain des Rêves et Le Sang Noir). L'œuvre se situe entre l'ouvrage populiste et premier écrit publié de l'écrivain breton, La Maison du Peuple (1927), Dossier confidentiel (1930) et son chef-d'œuvre, Le Sang Noir (1935), assurément un des meilleurs romans de la littérature française. Elle se rattache plus au premier de ces trois livres.
C'est le récit de la vie laborieuse d'une famille d'artisans misérables dont le père a peine à assurer la maigre pitance. Histoire sans prétention, le roman dépeint l'arrivée au monde d'une petite fille, Angélina et son évolution jusqu'à l'âge adulte dans le milieu dur des petites gens de vers 1900, dans une ville de l'ouest qui n'est pas nommée. Tout ceci est prétexte à la peinture psychologique d'une famille typique, où les aspirations de chacun sont souvent contrecarrées par les pesanteurs archaïques de la société de l'époque. Malgré le mal quotidien et le sentiment d'injustice profond qui règne dans ce milieu de petits ouvriers, d'autant plus ressenti que s'épanouissent alors le plus vivement les idées socialistes dans les basses classes, Guilloux, issu lui-même d'un tel milieu, laisse en fin de compte entrevoir quelques lueurs d'optimisme dans ce portrait affectueux d'êtres qui n'ont finalement que leur vie pour eux et rien d'autre.
On peut de plus noter un usage particulièrement fin du patois de Penthièvre, que l'auteur sait habilement mêler au parler courant et qui confère encore plus de véracité à ses personnages comme à l'état brut. Il saura s'en souvenir lors de la rédaction de son magnifique Sang Noir.

Victor

 

Per Olov Enquist : La cathédrale olympique, 1972, 198 pages, édition Pandora [1980], collection "Domaine Nordique" ; traduction du suédois de Marc de Gouvenain et de Lena Grumbach ; 60F environ.

Voici la description quotidienne, du premier au dernier jour, de ce que furent les Jeux Olympiques (et sanglants) de Munich en 1972. Le romancier, lui-même ancien perchiste, est dépêché par un journal pour suivre les diverses compétitions. Il en profite en fait pour nous montrer comment déjà à cette époque, l'esprit de Pierre de Coubertin, les dirigeants du Comité International Olympique l'ont mis dans leur poche, pour peu qu'il ait un jour existé... Il ressort de cet ouvrage que jamais l' "esprit sportif" ne s'en sortira, pris qu'il est en étau entre la politique et l'économie. Réquisitoire de cette montagne d'hypocrisie que sont les Jeux Olympiques, ce roman se lit très agréablement tant comme documentaire que comme œuvre littéraire à part entière.

Victor

 

Quelques jours avec un menteur, d'Etienne Davodeau (édition Delcourt "Format livre" ; 1998).
Cinq vieux potes décident de partir pour une semaine de vacance, entre eux, loin du quotidien, à savoir de leurs femmes et de leurs enfants. Une semaine entière à se lâcher, s'engueuler, se comprendre et se remémorer leurs parcours. Semaine certes parfaite mais un mystérieux personnage organise des attentats à la peinture, attentats qui attisent leur curiosité.
Voici une histoire mélangeant l'analyse des rapports humains et un suspens des plus intéressants qui apparaît comme très bonne et en noir et blanc de surcroît.

DJ Popiste

Les révoltés (t.1), de Dufaux et Hales (édition Glénat ; 1998)
Direction les Statès où un scénariste de renom se trouve plongé dans son passé, suite à la mort accidentelle du fils d'un milliardaire. Un passé de jeune adulte désargenté mais à l'ambition poussée... Le héros fait une rencontre qui le mènera à la réussite mais surviennent des amours contrariées et un terrible secret de famille!
Cette bande dessinée, faite de lutte des classes, d'arrivisme et d'un terrible secret de famille, nous donne une histoire des plus prenantes. Un bon moment.

DJ Popiste

Le secret de Karen, tome 1 : Le cercle des sentinelles de Wurm et Desberg (édition Casterman ; 1998).
En Angleterre, Andy Harlow, jeune homme de bonne famille, fréquente, par le biais de son très chic collège, une famille de l'aristocratie. Il tombe amoureux de la fille, Karen, et de là naissent des amours contrariées. La fille est envoyée aux Etats-Unis. Andy essaie de l'oublier. Etudiant brillant, il passe cadre dans une banque londonienne et rencontre Shone, jeune fille fraîche. Il en tombe amoureux. Mais sa passion étudiante est encore présente et lui interdit tout projet jusqu'au retour de Karen, la brûlante.

DJ Popiste

Marvels (t. 1 : La Genèse ; t. 2 : Le Jugement dernier), de Kurt Busiek et Alex Ross (1998)
Direction le comics ricain et les superhéros. Pour la première fois, l'histoire n'est pas vécue par la population. Cela en donne une vision bien moins idyllique. Le tout est vu plus particulièrement par un journaliste-écrivain qui découvre les superhéros et y consacre sa vie. On suit ses réactions à travers les visions de crainte, de colère et de peur qu'ils engendrent dans la population de New-York et d'Oullins. Ce comics sort du chemin à découvrir et même, dirons-nous, des sentiers battus.

DJ Popiste

 

U Turn (1998)
U Turn est un film américain d'Oliver Stone, réalisateur de l'excellent Salvador. Le scénario a été écrit par John Ridley, d'après son propre livre Ici commence l'enfer. L'action se déroule dans l'Arizona, Etat à la nature désertique qui jouxte la frontière mexicaine, dans la campagne proche du principal axe qui traverse la région, donc dans l'endroit le plus éloigné qui soit, celui où personne jamais n'est tenté d'aller. Comme fait exprès, la principale ville ou le principal trou- c'est idem- du pays se dénomme "Supérior"... Ah, c't' antinomie, mes aïeux !... Heureusement que le comique est l'un des traits majeurs de cette œuvre! Les acteurs principaux sont Sean Penn, Jennifer Lopez, Nick Nolte, Claire Danes et Jon Voigt. Voici l'histoire en gros: un type avec une poisse grosse comme ça (Sean Penn) dont la main est parée d'une énorme poupée voit la durite de sa Mustang 64 1/2 péter alors qu'il la conduisait en direction de la Californie. Vert, il fait comme son auto. La pompe-garage la plus proche se trouve, eh oui, qui l'eût cru, à ... Supérior ! Damned ! Le voici qui s'y rend, y rencontre un garagiste pourri jusqu'à la racine de ses dents (l'admirable Billy Bob Thornton) puis une bombe sexuelle (Jennifer Lopez) encore plus chaude que l'atmosphère ambiante, dans laquelle pourtant il ne fait pas bon laisser sa plaquette de beurre sur le capot de sa caisse. Celle-ci, métisse du nom de Grace, lui propose illico d'aller appendre de nouveaux tissus à ses tringles. Il accepte et va chez la demoiselle mais Bobby Cooper, notre héros, n'est pas au bout de ses surprises car, se faisant ramener dans le bled infernal par le mari monstros de la belle (Nick Nolte, qui, soit dit en passant, a de plus en plus la gueule du tourier du Nom de la Rose), qui venait de la surprendre en train de rouler un patin énorme à ce sacré Bobby, ce dernier se voit proposer une bonne part dans quelques 50.000$ s'il fracasse sa femme contre des roches. Bobby se gratte alors la barbe de trois jours et soudain se dit intérieurement:"P'tain, j'hallucine !". Le spectateur lui aussi hallucine car ce ne sont là que les toutes premières minutes d'un film de deux heures dont toute l'action est menée à l'identique. Le rythme est soutenu. Les cadrages et la photographie, presque d'un clip, sont splendides et restituent à merveille l'atmosphère de folie douce qui embrasse les acteurs, ainsi que la chaleur de plus 40°C à l'ombre qui expliquent probablement que la plupart des habitants de cette bourgade infâme aient tous leurs plombs fondus pour ne pas dire carbonisés. Irrécupérables. Le héros s'englue dans ce décor à l'instar d'un désespéré qui tente de s'extirper de quelque fond vaseux: plus il essaiera de s'en dépêtrer, plus il s'y enfoncera immanquablement. Les acteurs sont parfaits, l'histoire haletante soutenue de main de maître par la musique, comme à l'habitude excellente, d'Ennio Morricone, rien que ça. A noter la rengaine célèbre et obsédante Oh, it"s a good day de Peggy Lee. Le ton majeur du film demeure celui de la tragicomédie, à savoir que l'humour qui y est prodigué ressemble, si l'on veut, à cette publicité pour les bonbons à la fraîcheur mentholée KissCool dont le double effet provoque l'apparition d'un sens interdit sur une sorte de route transcontinentale en plein cœur du désert. Le chauffeur n'ose pas y croire, nous non plus, mais on est à quatre pattes ! Et on ressort du film de Stone non pas stone (oh lui eh! oh l'humoriste eh! Ah cte blagueur!) mais bel et bien de bonne humeur. 1998 commence donc haut la main avec de tels films et c'est toujours appréciable quand de grands réalisateurs font montre de leur maestria de la manière la plus imaginative. On espère qu'en France un jour, un gus s'y mettra car, comme dirait l'autre, ça pourrait donner...

Victor


L'Associé du Diable (Devil's Advocate) (1998)

Al Pacino entraîne Keanu Reeves dans une spirale infernale. Ah! Vanité quand tu nous tiens... Dans ce film, Al Pacino (John Milton) est comme à son habitude magistral. Certes un peu cabot, mais il fait partager son plaisir à jouer avec le public (A chacune de ses apparitions, la salle réagit, c'est tout dire !!!). Ce "surjeu" est de plus légitimé par la personnalité du rôle qui l'incarne ici, à savoir le diable en personne, et qui d'autre que le diable peut tout se permettre? Al Pacino est ainsi tour à tour charmant, charmeur, inquiétant, surprenant, tant pour le spectateur que pour Keanu Reeves (Kevin Lomax). Ce dernier incarne ici l'avocat du titre (en v. o.), et c'est dans ce personnage que se trouve tout l'intérêt du film. En effet, jusqu'à quel point peut-on défendre de mauvaises causes en gardant sa bonne conscience? Tel est le thème de ce film et qui mieux qu'un jeune avocat aux dents longues pour l'incarner? Keanu Reeves, star à "minettes" depuis ses rôles dans Point Break Extreme Limite et Speed, s'en sort plutôt bien face à ce cher Al. A la réalisation, Taylor Hackford à qui l'on doit les très académiques Contre toute attente (1984) et Dolorès Clairbone (1995) semble ici plus inspiré qu'à l'habitude, avec quelques séquences à la limite du surréalisme (Keanu Reeves marchant de plein jour et à l'heure de pointe dans une avenue anormalement déserte de New-York) et quelques accélérés bien sentis. L'ensemble restant toutefois très classique à commencer par quelques morphings plutôt légers dans le genre. Le scénario (Jonathan Lemkin et Tony Gilroy, d'après le roman d'Andrew Neiderman) quant à lui joue avec les poncifs du genre, rappelant dans sa première partie l'inquiétant Rosemary's Baby de Roman Polanski, surtout au travers du personnage qu'interprète Charlize Therone (Mary Ann Lomax) qui tombe peu à peu dans une paranoïa auto-destructrice. Le message du film nous renvoie à ce qui donne à ces inquiétudes de fin de millénaires, à savoir: Dieu a-t-il abandonné les hommes? En tout cas le Diable lui s'en occupe et s'amuse plutôt bien. Voir le retournement de situation final en forme de clin d'œil. Chiouït

 

 

Starship Troopers (1998)

Ce film est l'œuvre de Paul Verhoeven, auteur notamment de Robocop et de Total Recall. Le scénario est d'Ed Neumeier, d'après l'ouvrage paru en 1959 de Robert Heinlein, auteur, entre autres, des Maîtres du monde, porté à l'écran en 1995 par Stuart Orme avec Donald Sutherland. L'action se passe au XXIVe siècle. Les hommes ont étendu leur territoire au système solaire même s'ils vivent encore principalement sur Terre, dans de gigantesques mégalopoles. L'une d'entre elles, Buenos Aires, est l'endroit où vivent Johnny Rico (Casper Van Dien), Carmen Ibanez (Denise Richards), Carl et Dizzie Florès (Dina Meyer), jeunes gens footballeurs, folâtres et aseptisés, un peu à l'image des beaux gosses bronzés dont l'on nous présente actuellement les marivaudages à quatre sous à la télévision. A cette époque, l'homme ne se sait plus seul dans l'espace car du fin fond de la galaxie ont surgi de redoutables "parasites", rivaux de l'humanité, qui conquièrent, planète après planète, l'orée du système solaire: les Arachnides. Ces insectes, au grand dam des militaires et scientifiques à Terre, demeurent opaques à toute appréhension, chose grave car ils menacent les hommes par le détournement volontaire d'astéroïdes qu'ils projettent sur la planète bleue. Pour les jeunes gens beaux et idéalistes qui vivent sur Terre, l'armée est l'un des débouchés les plus attrayants, du moins pour ceux qui se sentent l'âme d'un "citoyen"(i. e. un "civil" qui, par le service militaire deux ans durant, a montré qu'il était digne d'appartenir à l'élite de ses concitoyens). Tel est le cas de Carmen, Johnny et Carl qui, malgré l'avis parental, s'engagent. Ne s'orientant pas vers les mêmes armes, ils se jurent une éternelle amitié. Oui, mais sur le terrain tout change, chacun fait son chemin. Carmen rompt avec Johnny par courrier électronique et vidéophone interposés et Carl appartient désormais au gratin de l'armée. Johnny Rico comprend que, ainsi que le lui explique son ami Ace Levy (Jake Busey), sa véritable famille, quoi qu'il en ait, c'est l'armée. Or voici que, peu après, Buenos Aires est rayé, par un météorite, de la carte: la guerre totale face aux Arachnides est lancée et, pour parer à ces attaques étrangères de plus en plus hostiles, l'armée décide la mobilisation générale. Voici nos jeunes gens à l'épreuve du feu. Que va-t-il leur arriver? Mais que va-t-il donc se passer? Vous le saurez en allant voir cet excellent et nouveau film, n'ayons pas peur des mots, du réalisateur hollandais sulfureux. Le montage est parfait. L'œuvre emprunte à différents types de films: les séries Z de SF des années cinquante (on peut ainsi entendre une voix off s'enthousiasmer pour les aventures de nos jeunes héros) ; les films de propagande anti-communistes qui se répandirent aux Etats-Unis à la même époque (des enfants s'emploient à broyer de leurs souliers des pauvres myriapodes innocents de deux centimètres de long!...); L'armée qui martèle: "Engagez-vous, rengagez vous! L'armée, l'avenir!4"; la sitcom californienne politiquement correcte des années 80-90 avec des nanas top-canons, des mecs au thorax bodybuildé que t'y crois pas et à l'uniforme Totenkopf, et de la naïveté pas méchante collée à la truelle; le film d'action américain type, western ou film de guerre( La charge de la brigade légère ou Full Metal Jacket), avec toute l'émotion véritable, la brutalité et les revirements inattendus qu'on en peut extraire; enfin, le film de SF actuel, dont le modèle est sans nul doute La Guerre des Etoiles. Le tout est mélangé avec brio, ce qui confère au film un second degré parmi les plus fins qui soient. L'interprétation est sans reproche. Les effets spéciaux sont extraordinairement réussis. La projection dans le futur, chose hasardeuse, montre par sa vraisemblance que Verhoeven, à la suite de l'auteur du livre, sait rester sobre, même s'il se permet pour se poiler un minimum d'introduire des scènes comme celle des douches mixtes, totalement à l'encontre du sexuellement correct en vigueur aux Etats-Unis de nos jours (ah, si seulement Bill avait rencontré Monica et Paula au XXIVe siècle!...). Le spectateur français pourra en outre se marrrer en voyant apparaître des sosies de Bruno Crémer, Jean-Pierre Bacri et Thierry Lhermite. Comme vous pouvez sans doute le deviner, l'humour est fort présent dans ce film, ne serait-ce que par le décalage entre une sitcom et un film de guerre. La force de Verhoeven est d'avoir su finalement ne pas nous faire prendre parti pour les hommes plus que pour les Arachnides mais sans toutefois condamner ces jeunes gens aux purs idéaux, qui, tout au long du film, finissent chair à pâté. Pour conclure, Starship Troopers est donc un super film à ne pas manquer, critique sans pareille du monde tel qu'il est et tel qu'il pourrait être.

Victor

 

...Autre Avis sur Starship Troopers:

Johnny s'en va en guerre ! Avant tout, Starship Troopers est un film de science fiction, et marque le retour de son réalisateur, Paul Verhoeven au genre. Après Robocop et Total Recall, Verhoeven signe à nouveau un grand film de SF, avec que tout cela sous-entend, c'est-à-dire des vaisseaux à la manière de la Guerre desEtoiles, un héros au cœur vaillant: Casper Van Dien (Johnny Rico), des lasers, des monstres, des armes automatiques...
Starship Troopers est à première vue une grosse production holywoodienne, une BD sur grand écran, un film fun avec un casting hypersexy; voir la présence ici des actrices Dina Meyer et Denise Richards (sacré Paul, je voie que tu as la libido toujours aussi développée !). Des effets spéciaux à tout casser. Enfin bref! Un film pour adolescents attardés. Starship Troopers est aussi un film de guerre. Les séquences se suivent comme étant des illustrations, des clichés du genre (la préparation militaire, le départ à la guerre, le débarquement, les combats, la mort du soldat, etc, etc). Rappelant tour à tour les films moyenâgeux, les films sur la guerre 14 ou celle de 39, voire même les westerns, le tout agrémenté en surface d'un patriotisme exacerbé, appuyé par le casting: de jeunes gens aux dents blanches, aux muscles ravageurs, le tout pouvant nous rappeler les heures les plus sombres de l'Histoire. Mais c'est sans connaître notre ami Verhoeven qui de film en film s'acharne à critiquer les travers de la société à commencer par la société américaine bien sûr. Verhoeven livre en fait ici un film anti-militariste (rappelant le très grand Full Metal Jacket, de Kubrick du moins dans son propos). Starship Troopers a donc la couleur d'un film de guerre sans en avoir l'odeur. Verhoeven traîte son sujet avec ironie en menant ses jeunes héros excessivement naïfs et cons, se faire démanteler au champ de bataille. Starship Troopers, c'est Hélène et les Garçons sont à la guerre 14, c'est un "soap-opera from outer-space" (Ed Wood). C'est dans ce décalage entre les images de tueries et les dialogues gentiment niais des protagonistes que le propos de Verhoeven trouve tout son sens. A la différence de Robocop et Total Recall qui exprimaient plutôt la quête d'identité d'un homme, ici c'est à la connerie humaine que s'attaque Verhoeven, à l'orgueuil de l'Homme, à ce besoin qu'il a d'être toujours le plus puissant, le plus fort; et ce, quitte à faire une guerre dont il n'a pas forcément besoin, qui n'est pas forcément nécessaire. Verhoeven pousse son propos jusqu'à la dérision. Ce film est dans la filmographie de Verhoeven plus dans la lignée de La chair et le sang que de ces autres films, avec cependant une plus grande liberté dans le traitement - SF permet !-. Les flashs d'infos qui parsèment le film sont traîtés ave beaucoup d'humour ironique voire cynique, laissant un goût amer chez le spectateur qui n'aura pas de mal à y voir une illustration des JT du 20h sur nos propres chaînes de TV. Verhoeven est un anarchiste au service du capital et son film est l'antithèse d'Independance Day (à la différence de Mars attacks). Il n'est donc pas étonnant qu'il n'ait pas marché outre-Atlantique.

Chiouït



Les Couloirs du temps (Les Visiteurs II) (1998)
Si comme moi, vous avez aimé Les Visiteurs, vous serez sûrement tenté, tel que je le fus, d'aller voir ce deuxième opus des aventures bédéesques de Godefroy de Montmirail et de son fidèle compagnon, Jacquouille la Fripouille. Tel un adolescent attardé, "qui veut rester jeune toutou, dingo!, se préserver du chien qui sait tout" (merci Gotainer), je me ruai au milieu d'une horde de gamins dans le cinéma le plus proche de chez moi. Bien mal m'ne prit, quand à la fin du film, je restai quoân !! (Qu'est-ce adonc cet animal?), abasourdi par tant de bruit, de cris, lobotomisé que j'étais par Les Couloirs du Temps. Les enfants avaient l'air content(c'est déjà ça), moi un peu moins ; voire même un tantinet énervé par tant de talent gâché. Je m'explique (il faut bien le dire, ça m'emmerde un peu d'aller casser icic dans cette chronique, le duo Clavier-Poiré, tellement ils ont pu par le passé me faire marrer, m'enfin bon !). Avant tout il faut arrêter de se foutre de notre gueule! Un p'tit peu quand même (trop de publicité!). Le scénario est approximatif, et tire dans tous les sens (comment Murielle Robin retrouve-t-elle le filliot de l'enchanteur? Beaucoup d'allers-retours passé/ présent? Pourquoi?) Le film n'est qu'une succession de gags qui tombent à l'eau: les deux héros habillés en gendarmes pourraient amener un quiproquo énorme, dans la tradition des bonnes vieilles comédies franchouillarde- et ben non- que dal! A quoi sert la clarinette que prend Jacquouille? Le scénario va constamment à la facilité; pour preuve, la scène où l'expert joailler qui fait un deal avec Marie-Anne Chazel, connaît comme par hasard le personnage qu'interprète Claire Nadaud. On reste à chaque fois sur sa faim; certaines situations sont surexploitées, voir l'épisode des pompiers. Ça devient lourdingue. D'autres sont sous-exploitées (voir plus haut). Certaines séquences ne servent à rien (le carambolage au début du film???) ou encore arrivent comme un cheveu sur la soupe (le méchant Bourguignon qui envahit le château de Godeffroy: la séquence passe tellement vite qu'on ne voit même pas que c'est l'ancêtre du mari de Claire Nadaud). Exit aussi le sentiment. Il n'y a presque rien, si ce n'est la séquence où Jacquouille refuse de partir dans le passé. C'est pourtant en mélangeant sentiments et humour qu'une comédie est réussie (voir les premiers Visiteurs). Quant aux acteurs, on peut remarquer Jean Réno, toujours aussi juste et sobre, sous-exploité dans cette suite malgré son potentiel comique (quand il chante au mariage par exemple). Claire Nadaud réussit à faire décoller le film dans sa deuxième partie. Murielle Robin... on passe. Marianne Chazel est toujours aussi coole, on regrette que ce ne soit pas elle qui soit envoyée dans le Moyen Age. Christian Clavier quant à lui (qui à l'instar d'Oasis qui se prend pour la réincarnation des Beatles, il se prend lui depuis La Soif de l'or pour de Funès) s'en tire quand même franchement honnêtement. A la vue de ce film, on se demande par ailleurs où est passé le réalisateur du Père Noël est une ordure. Jean-Marie Poiré, qui utilise le grand angle à outrance, même quand cela n'ajoute aucun effet comique, voire même le casse (voir la séquence où Jean Réno engueule le gamin), est depuis Les Anges gardiens, semble-t-il obnubilé par le rythme à toute épreuve. A se demander s'il n'est pas épileptique? Question que l'on se pose à la vue de ce montage franchement limite (le plan arrêté quand l'ours fonce sur Jacquard?), les raccords sont mauvais, les inserts sur les grimaces de Jacquouille manquent de finesse- certains plans ne servent à rien. Et puisque la référence de Clavier semble être à ce jour Louis de Funès, Poiré et lui devraient se revoir La Folie des Grandeurs, et comprendre que dans une comédie, il ne sert à rien de multiplier les plans- un bon plan fixe suffit souvent. La comédie doit faire confiance à ces acteurs !!! Tout ceci me rappelle une blague (voir Colours, de Denis Hopper) à l'attention de Jean-Marie Poiré: Deux boucs se promènent (le père et le fils). Ils aperçoivent un troupeau de chèvres. Le fils surexcité : "Allez, viens Papa, on fonce et on les nique toutes !". Le père tranquille: "Si on se précipite, elles vont avoir peur et s'enfuir et on en tirera tout au plus une ou deux. Alors, on va y aller peinard, tranquillement les amadouer et là, on pourrra toutes les tirer !!!". Les chèvres, c'est le public. Alors Jean-Marie, cool, décontracte-toi, sinon un jour ou l'autre il n'y en aura plus. Il reste aux Visiteurs II quelques bonnes répliques qui font mouche, genre:
- Y souis Jacquouille (!!!).
- Des chopi... des chopines de vinasse.
Il y a aussi la chanson "Dévider quenouilles..." (la première bande-annonce était tellement bien) et surtout, il reste le duo Godeffroy-Jacquouille. Ces personnages sont une réelle réussite, Clavier et Poiré avaient réussi leur coût en les faisant naître. Il aurait pu leur réserver de meilleures aventures pour cette suite. Ils le méritaient. Dommage.

Chiouït


...Contre-Avis:

Critiquer ce nouveau film de Jean-Marie Poiré revient à s'interroger sur le problème de la bouteille à moitié pleine... ou à moitié vide. J'aurais tendance personnellement à plutôt considérer Les Visiteurs II comme à moitié réussi. Je ne crois pas en effet que ce réalisateur soit bon, il est correct. Bien d'autres le valent. C'est, par contre, un bon dialoguiste et un bon scénariste, de même que son compère et acteur Clavier. M'attendant à voir un navet (ce qu'avait de peu manqué d'être les Visiteurs I, sauvé par l'impayable scène centrale du pavillon bourgeois), j'ai véritablement passé un bon moment à la vue de cette comédie somme toute traditionnelle, tel que j'ai pu en passer la première fois qu'enfant, je découvris le Gendarme à Saint-Tropez. Le rythme est soutenu, presque trop il est vrai, les acteurs principaux sont bons, même Murielle Robin, courageuse de reprendre la succession de Valérie Le Mercier et dont le jeu boulevardier ne tranche aucunement dans cette comédie franchouillarde. Les seconds rôles sont par contre, hélas, beaucoup moins travailllés. Ma conclusion est que, si Poiré ne s'est jamais porté au niveau du Zidi de L'Aile ou la Cuisse ou d'Inspecteur la Bavure ou des grands Oury avec de Funès, il faut lui être tout de même reconnnaissant de renouer avec cette veine. Ains, comme dirait l'ami Jacquouille, meilleur vault à tout le moins s'esbaudir dans le regardement de cestui filmage, que de se puissamment languir à la veüe des merdelettes annuellement émises par ces fâcheux boulgres desnommés Assayas ou Téchiné.

Victor

 

Titanic (1998)

C'est un film de James Cameron. Le film qui ramasse tout sur son passage, le film de l'année sans conteste tant il est bon sur tout les plans même s'il n'y est pas forcément le meilleur. On ne s'étendra pas trop dessus car tout le monde regorge d'informations sur cette production, il y a même eu un dossier dessus dans Téléstar. Cameron est l'auteur de bons films, d'une part des grosses réalisations comme Terminator I et II, Aliens 2, Abyss, ces deux-ci étant par ailleurs des épopées de vaisseau; le côté hypertechnologique d'autre part, visible au début sous-marin de Titanic et dans Terminator. Il aime à réfléchir sur le progrès (ce dernier est-il une fin ou un moyen?). La faillibilité de l'être humain l'intéresse également à maints égards. Cameron est de plus un très bon scénariste. C'est lui qui écrivit le scénario de Point Break Extreme Limite. C'est l'un des rares à écrire lui-même ces scénarios, si l'on excepte True Lies. C'est le côté œuvre totale qu'il aime à cultiver. C'est un auteur dans la lignée des grands réalisateurs d'Hollywood comme John Huston ou Cecil B. DeMille, à l'inverse de Spielberg. Les acteurs sont excellents. Leonardo Di Caprio est parfait, il touche sa bille (et le pactole) et Kate Winslet aussi bonne que dans Jude, de Michael Winterbottom. Super Billy Zane également, le dingue de Calme blanc, qui campe une pourrriture de la haute, infect comme pas un. Le second du navire, l'ancien flic commis et la matrone parvenue irlandaise jouent eux aussi très bien ainsi que le copain irlandais et le copain italien. Le côté social est abordé avec ce paradoxe qu'alors que les émigrants qui se trouvent dans le Titanic, se rendent vers le pays de la liberté, ils sont déjà cloisonnés par communautés et niveaux social au sein-même du navire. Cette arche de Noé, ce déluge, oui, c'est pour que tout le monde reparte à la case départ. C'est le côté égalitaire du bateau. Ce retour au grand Hollywood se voit surtout à travers l'utilisation de la petite histoire pour dépeindre la grande, de la focalisation sur une histoire d'amour atypique pour une catastrophe extraordinaire. Comme disait Pierre Berthomieu, dans Positif il y a peu,"l'aube des temps: les films de Cameron rêvent de la contempler, la projetant dans le futur ou au fond des mers". Le fait que K. Winslet change d'identité à son arrivée et balance le diamant quatre-vingt-cinq ans plus tard montre que les cartes ont été redistribuées. La tension finale, tenue une heure durant, est splendide. Bravo James, tu mérites qu'on te paye un demi !

Chiouït& Victor

 

La prisonnière espagnole (The spanish prisoner) (1998)

Un scénario béton pour ce film qui embrouille de David Mamet. Campbell Scott, jeune inventeur d'un système qui permet de dominer financièrement un secteur d'industrie, se retrouve mêlé à une histoire gigogne d'espionnage industriel où on cherche à le faire croupir en tôle pour longtemps. Heureusement sa secrétaire Rebecca Pidgeon devient sa petite amie mais son pote Steve Martin, inquiétant, le pourchasse. Il a les boules et il ne capte plus rien. Les Japonais sont dans la ville et le trèfle irlandais partout présent. Extra.

Chiouït& Victor

 

Harry dans tous ses états (Deconstructing Harry)
(1998)
Le plus mauvais Woody Allen que j'ai vu à ce jour. A part la scène juive classique chez sa sœur et la marade avec son pote (Billy Cristal) et sa copine (Elisabeth Shue) dans la boutique de jouets, tous les gags sont mal exploités. Le comique devient ici vulgaire, les scènes sont longuettes, ça tire à la ligne, comme par exemple le passage où Woody descend en Enfer : tout le monde dans la salle regarde les femmes à poil derrière et tout le monde s'ennuie. Décevant.

Victor

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