Dans
notre époque, dominée par l'économie, la France se doit
de redresser la barre, faire face à la crise avec un moral d'acier
trempé, en un mot : gagner. Et pour cela, il nous faut des décideurs
dont la poigne nous permettent d'écraser nos voisins et néanmoins
amis, les commerciaux étrangers. Hélas, doublement hélas,
des cadres épris de boissons fortes empêchent à la réalisation
de cet ambitieux dessein.
Par leur fatalisme et leur comportement de perdants, ces gens minent le pays.
Honte à eux et à leur passion pour Duroméa
(M. T. Gonnet, de Pleumeur-Gautier en Bretagne, nous écrit
à ce sujet : "Je suis consterné par le comportement
de tels individus. Franchement, ne pensez-vous pas, avec notre ami Alain
Madelin, que cela est de la faute des adeptes de plus en plus nombreux
de ce voyou de Che Guevara ? Ceci dit, notez bien que je
ne me prononce pas car, il faut bien l'avouer : mes deux sœurs sont bonnes...".)
! Non, cent fois non, ne laissons pas la parole à ce genre de personnages
et dénonçons les au moyen de lettres anonymes. Celle-ci nous
est envoyée par le Président des Accidentés du
Port de Binic (APR), M. Achille
de Robien.La voici. Vous aussi qui avez un voisin qui nuit à
la prospérité ambiante par son comportement révolutionnaire,
surtout n'hésitez pas : dénoncez-le !
Ainsi, objet de la risée publique, il reviendra dans le droit chemin,
celui de Pixies & the Brain et de l'Ecole de
Chicago.
Extrait de Capital (semaine du 23 au 29 mars 1998)
A 27 ans, Benoît se retrouve contrôleur financier de TROUVAY CAUVIN GULF (250 MF de C.A.) après un CSNE effectué à Dubaï dans la même société. Un job intéressant, une société dynamique et jeune, le défi méritait d'être relevé. Pourtant, Benoît garde la tête froide : "Malgré une charge de travail importante et des horaires très lourds, je m'en sors en véritable manager".
Un rythme de vie professionnelle intense qui ne lui fait pourtant pas oublier son école. Car les soirées ne manquent pas à Sup de Co Le Havre : "A la dernière soirée, j'étais tellement torché (entre quinze et vingt verres) que je n'aurais même pas pu rouler !".
Pour Benoît, il est essentiel de savoir faire cohabiter travail et alcool . "Sup de Co, souligne-t-ila l'avantage de nous offrir trois années d'entraînement intensif dans ce domaine". Pourtant on ne dirait pas à le voir, frais et dispos un lendemain de fête, dans sa veste en laine peignée : "J'assure en toutes circonstances, et le premier qui ose me faire une critique sur ma tenue vestimentaire, je lui p... au c... ! "
Brillant, tombeur, élégant et torché, Benoît est aussi polyvalent. En témoignent ses collègues Pinot et Pas Fort, dont il se veut à la fois maître à penser et conseiller vestimentaire, au grand amusement d'un Monsieur Pipe amateur de blagues légères. En témoignent aussi ses collègues féminines assises de l'autre côté de la vitre, dont les oreilles sifflent de ses conseils de gynécologue avisé !
Son avenir ? Benoît ne s'inquiète pas. "J'ai ma carte Premier et dans trois mois j'achète mon appartement. Tout ce que je veux, c'est une pauvre nana intelligente mais pas trop, qui ne me fasse pas virer en sortant une connerie si nous sommes invités à dîner chez mon patron".