Nouvelles

 

 

Nous avons reçu pour notre n°1 un dactyle1 de trois nouvelles. Leurs deux auteurs nous étaient jusque lors inconnus.
Le premier, Sébal Thomollé, est étudiant en philosophie à Rennes mais son frère aurait pu être garagiste à Lanvollon, nous précise-t-il. Détenteur du record de natation dans le Jaudy depuis le 31 décembre 1996, il nous dit avoir puisé son inspiration dans la matière-même de son récit.
Le deuxième est une seconde car cette Nat Le B. n'est autre qu'une fan inconditionnelle d'Aube Hellouët, la fille d'André Breton, fils d'un gendarme de Tinchebray et père du surréalisme. Elle adore, qui plus est, écouter Castellemis le soir au fond du Bois du Poète. Actuellement sur les traces d'Elisabeth Hurley, elle tente de faire parler les bandits manchots à Las Vegas. C'est une amie personnelle de Nelson Monfort, le présentateur-vedette, et de Jacques Himoummoute, l'infographiste armoricain. "J'ai rédigé, nous informe-t-elle, ces courts récits poétiques alors que je séjournais dans une communauté jamaïcaine sur les bords de la Gironde. Deux membres de celle-ci m'ont entre autres beaucoup aidé. Or mon hôte, sûr de lui, voulut tester ma capacité à absorber différents breuvages. Rapidement je dus néanmoins mettre les points sur les "i" et seul un gitan m'accompagna dans ce périple ès purées septembrales".
Sur ces renseignements, nous vous laissons à une agréable lecture qui vous divertira, nous l'espérons, pleinement.

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Le Potager de l'ours

C'était par une soirée d'hiver qui s'effilochait tout en longueur, on n'y faisait pas grand chose et tout coulait calme dans l'esprit fluide de Max.
Il s'écoulait une musique qui sonnait profonde en fumant une cigarette méditative. Il pensait fort qu'il n'avait rien à faire et malgré ses soubresauts de mauvaise conscience, (sur le coussin à côté de lui) ça lui allait fort bien.
Il humait son café qui se mit brusquement à retentir (du moins c'est l'impression qu'il eut sur le coup) puis le téléphone s'égosilla.
C'était un copain : Hypolithe, très sympathique, qui venait le remuer dans ses méditations :
- "Salut, c'est Hypo"
-"Tiens salut!"
-"Ça va?"
-"Ouais ouaiwais tranquille et toi?"
-"Ouais... Eh dit qu'est-ce tu fous?"
-"Là maintenant?"
-"Ouais, enfin t'à l'heure!"
-"Ben je sais pas t'es chez toi?"
-"Ouais t'as qu'à passer!"
-"Je prends la caisse, j'arrive".
Au moment de raccrocher Hypo sauta dans sa voiture et mis le contact dans le moteur qui cogna carrément cool. Sa nouvelle caisse s'encastra dans le pare-chocs de celle de devant, recula pour enfoncer l'autre et il décolla sans encombre du créneau.
Sur la route rectiligne la circulation vrombissait bien, Hypo fixait l'horizon capricieux et estima son temps de trajet à une heure environ. Cinq minutes après Max entendit un bruit de freinage crissant et Après un bref hurlement ( qui provenait de la musique) une portière claqua. C'était son pote Hypo.
Il se précipita à la prote d'entrée pour lui serrer la main. Il était habillé comme les autres fois : il avait un gros manteau d'enterrement en laine grise genre parka et une espèce de treillis avec ses vieilles marteens aux pieds et son traditionnelle pull irlandais assorti à sa gueule.
Max serra la main froide d'Hypo, lui fit remarquer que son bouc avait poussé et Hypo en conclut que les poils lui allaient bien.
Et puis tout se relâcha lorsqu'ils allèrent s'asseoir dans le super salon en moquette musical de Max. Le thé était prêt et la pièce embaumait avidement la menthe fraîche et le citron, avec un soupçon de ganja hollandaise.
Max et Hypo aimeraient ces rencontres insolites...
Après avoir testé une dizaine de reggaes différents, en passant du roots au ska, ils goûtèrent goulûment à quelques produits du terroir (Maroc, Afghanistan, Afrique...), ils discutèrent des concerts sympas, des films excellents et cetera, et quand la fumée se fit trop compacte, ils décidèrent d'aller faire un tour.
Lorsque Max sorti du brouillard, suivi de près par Hypo, il saisit la poignée de la porte d'entrée qui s'ouvrit en grand sur le matin que le soleil avait déjà accroché.
Ils partirent à travers champs dès potron-minet, enjambèrent les ronces et les racines, puis les clôtures et les vaches jusqu'au prochain talus.
Puis Hypo décida de s'arrêter à un croisement pour montrer à Max un endroit attrayant. Celui-ci ne s'y opposa point et fut ravi de découvrir une nouvelle piste.
Ils voyagèrent longuement jusqu'à une petite prairie herbue exposée au soleil naissant d'avril. Ils stoppèrent brusquement et décidèrent de s'asseoir. Un pigeon roucoulait dans un chêne à côté d'une pie qui avait décidé de hululer, pendant ce temps un corbeau planait au-dessus d'eux. Max n'y prêtait pas attention car il désirait s'installer tout confort et rouler une clope. Hypo qui prenait plaisir à discuter avec le corbeau qui s'était posé sur son épaule, lui tendit du feu ; Max alluma sa cigarette solitaire.
Hypo parlait de la saison précoce avec le corbeau. Korback lui confia que "l'année allait péter des récoltes fantastiques!". Hypo s'en réjouit pour tout le monde et lui demanda si la cambrousse alentour était paisible. Le corbeau lui becta que tout était cool sauf les abrutis de chiens de chasseurs, notamment celui à Charles Hingles, qui était plus con que les autres. Il lui fit remarquer au passage que les chasseurs ne le dérangeaient pas vraiment (il faut dire que leur ivrognerie conjuguée à leur débilité profonde, était plutôt bruyante que menaçante).
Enfin Hypo salua le corback qui reprit son envol pour d'autres galaxies. Max se retournait juste pour lui tendre un jont. Hypo le prit, reconnaissant. Il regardait Max et pensait à leur amitié (depuis l'enfance et tout) et ça faisait du bien à l'intérieur d'une façon floue, Hypo se sentait en sécurité avec Max...
Soudain Hypolithe attrapa une idée à côté d'une plume abandonnée par le corbeau.
- "Eh, Max!"
- "Quoioi??" Max se reposait énergiquement à ce moment-là.
- "Et si on plantait pour plus avoir d'embrouilles avec le toche?!"
- "Planter QUOI?" Max se réveillait.
- "Planter la ganja quoi!!!" répondit Hypo hyperpossessif.
- "Je connais un type qu'a des graines d'une bonne vieille espèce locale acclimatée depuis mai 68, une bonne récolte".
Max dévisageait Hypo, il semblait adhérer, un sourire illumina sa face un peu niaise (surtout le côté droit) et Max décida enfin d'émettre quelques vocalises :
- "C'est le moment de planter, on peut faire ça chez moi au début..."
Puis une discussion biologique. Hypo en collaboration avec son coadjupile Max en déduisit de très belles hypothèses scientifiques : il faut dire que l'endroit était inspirant, l'herbe drue se secouait touffue par un soupçon de vent, ce qui favorisait le remue méninges des deux compagnons.
En bref, ils s'étaient mis d'accord, il fallait mettre en route le processus irréversible, d'abord se procurer des graines par l'intermédiaire du vieux soixante-huitard, inconnu de Max, puis les mettre en pots dans le living-room à Max et pas avec n'importe quelle terre : de la terre prénatale, riche en azote et nitrates et toute une composition de machin fertiligènes qu'on trouve dans les sacs de terreau à la coopérative agricole du coin.
Peu de temps après, Hypo fit irruption chez Max. C'était par un début d'après-midi, au chaud de la journée, il lui apportait un petit sachet plastique hermétique qui contenait les précieuses graines e leur espoir. Il avait mené à bien son expédition chez le vieux militant, il lui en restait plein de bons souvenirs.
Max regarda les graines : il était perplexe, imaginant la vie qui était contenue dans ces petites sphères, imaginant leur fin et leur seconde naissance en son cerveau, il avait déjà l'impression de sentir leur sainte fumée.
Enfin la cérémonie se déroula sans encombres : la plantation était chirurgicalement réussie. Le nouveau décor du salon était admirable : table basse sous la fenêtre exposée au soleil, spots au sodium de la technologie, appareils de mesures : hydromètre, éolienne de mesure du souffle venteux (produit par un ventilateur fixé au plafond), radar ultrason et thermomètre digitalisé et le bac, le berceau, était chaleureusement mis en évidence dans un cadre discret.
Hypo regardait Max au moment de boire le thé, il savait qu'il devait partir pour quelques temps et revenir à la fin du mois de mai. Entre temps il savait que Max s'occuperait bien de la progéniture. Et en effet il s'occupera dignement des enfants, malgré ses tendances alcooliques occasionnelles qui lui faisait parfois oublier ses devoirs.
Sur la centaine de graines plantées environ quatre-vingts ont germé. Max assista à leur naissance, émerveillé par un matin gris et pluvieux. Il décida de stimuler ces petites vies par quelques biberons d'engrais chimiquement adaptés. Il réchauffa agréablement l'atmosphère et prit des mesures pour désinfecter la pièce.
A part le fait que le bac-nursery lui serve aussi de cendrier les grands soirs (soirs de réceptions) tout se passait bien pour les bébés ganjas. Max était heureux, sans pour autant mesurer le temps.
Puis il y eut quelques enterrements, au début Max ne les pleurait pas trop, mais mourir à deux feuilles, c'est trop cruel... Finalement au bout de quelques temps, trois ou quatre semaines et demie et trois quarts, il restait soixante bébés ganja tout verdoyant de bonheur écarlate. Ils développaient de délicates feuilles aux ramifications élancées et resplendissantes.
Pour une découverte c'en fut une sacrée pour le bienheureux Max qui se sentait l'âme agricole des vignerons millénaires, il se sentait frère du cultivateurs jamaïcains, marocain, afghan et espagnol, suisse, portugais ou haollalncsiasi... Il rejoignait l'homme primitif dans la tribu des fumeurs.
Parfois il se sentait sage en regardant pousser la ganja, il faut dire qu'il n'avait pas grand chose d'autre à faire autrement. Il semblait i que la musique et tout le conditionnement fertiligène profitassent à la jeunesse Kanabe d'une façon étonnante, si bien qu'il fallut changer de berceau.
Mais à ce moment de l'histoire Hypo revint faire un saut à minute chez Max, au cours d'une teuf ordinaire qui ne s'annonçait pas si mal...
C'est alors que soudain tout d'un coup stupéfait Hypo découvrit la progéniture qu'il avait laissée à Max en partant , elles lui en mirent plein la gueule, tellement qu'Hypo dût se cramponner à son pote en se congestionnant :
- "Putain, énormeeeeeeee, comment qu'el z'ont poussé, et t'as mis quoi dedans, et puis le pot est trop petit..."
Face à l'excitation jubilante de son coadjupile Max resta de marbre.
- On va les foutre dehors, en guise de réponse à Hypo.
Max ne tenait plus trop la teuf ces deniers temps, on avait déjà dit qu'il avait des tendantes alcooliques occasionnelles.
Puis par un beau matin de mai au ciel bleu miroitant, Hypo se leva et marcha dans la merde :
"Bienheureux celui qui se salit avant de se nettoyer!".
Puis il se rasa sans savon et sans laver en téléphonant à Max qui digérait encore la contre-teuf du Jour de l'An. Ils se mirent d'accord pour aller libérer leurs jeunes enfants vers leurs vies d'adulte à dix heures trente minutes du matin, environ.
Max n'eut même pas le temps de bondir hors de la voiture à Hypo, qui sentait le chacal pourri, que le soleil se mit à frapper de tous ses rayons calorifiques sur la terre suintante.
Hypo se heurta violemment la tête sur le montant de la portière en sortant, mais il assura à Max que tout allait bien... En souriant béatement devant le beau panorama.
Puis ils se mirent au travail : ils transportèrent les caisses par monts et par veaux, à travers des pistes et des vallées ; ils empruntèrent le tunnel sous l'Atlantique puis un mulet dans une cour de ferme. Ils avaient d'abord essayés avec des veaux mais ça marchait moins bien. Car il fallait en transporter du matériel : pioches, pelles, sacs de terreaux pour l'adolescence Kanabe et quarante litres de thé pour se désaltérer.
Arrivés à la petite prairie, mentionnée précédemment dans le récit, Max et Hypo furent bien heureux de prendre le thé avec la petite Clara Hingels qui était de passage. Depuis que la petite maison dans la prairie était rasée, elle venait de temps en temps faire sa mélancolique devant le paysage abstrait.
Après avoir bu le thé, ils sodomisèrent à tour de rôle la petite Clara qui s'en accommoda fort bien. Puis après tant de ripailles ils se remirent au travail.
Ils défrichèrent à peu près trente hectares de cambrousse et camouflèrent soigneusement leurs soixante-six pieds de ganja dans la partie la plus ensoleillée de la petite prairie. Contrairement à ce qui était prévu, il devait être aux alentours de dix heures trente minutes et quinze secondes lorsque les plantes formaient une troupe libre. Il était juste temps de rentrer pour se coucher pour Max et Hypo.
A part le fait que Max eut l'impression d'avoir les parois nasales infectées par les relents fauves d'Hypo durant le trajet, tout se passa sans décombres ni détours.
Pendant ce temps, dans la petite prairie, Clara courait avec son chien, poursuivie par Charles Hingles qui brandissait sa hache, ils ne remarquèrent rien de changé en passant... Sauf sieur Korback qui sur un arbre perché, par son bec ultra puissant, dévorait un camembert électrique.
Puis un jour un cirque passa dans le petit village, non loin mais pas trop près de la petite prairie en question. Et ce soir-là, parmi tous les spectateurs éberluchés par le "Spectacle gonflable du cirque Pitros", personne ne se rendit compte qu'un ours de Roumanie s'était évadé après avoir collé une taloche à son empaffé de dresseur. L'ours n'était pas fait pour la danse, et c'est ainsi qu'Ivanof Grotchek brisa sa carrière (car l'ours en question s'appelait Ivanof Grotchek).
Quelques temps plus tard, il se mit au vert avec sieur Korback qui lui aussi venait du ghetto...
Malgré tous ces événements le temps paraissait couler uniforme à Max qui ne guettait pas l'arrivée d'Hypo (surtout depuis la dernière fois, mais l'amitié c'est comme ça).
Et pourtant Hypo décida d'aller faire un saut chez son coadjupile, il entra par la fenêtre du cinquième étage et s'écroula au milieu du salon en moquette musicale.
- "Eh dis, tu sais quel jour on est?" qu'Hypo dit en arrivant.
Max ne savait pas trop quoi répondre, surtout que cette année la saison était exceptionnellement superbe, chaude et ensoleillée comme l'avait prédit le sieur Korback.
- "On est le 15 octobre, reprend Hypo qui se frottait le genou, c'est la pleine lune, nous les abattrons toutes à minuit".
Mais ce qu'on avait oublié de vous préciser, c'est que l'alchimie savante de Max et d'Hypo permit que toutes les plantes développées ne soient que des femelles, ce détail anodin est crucial car les mâles ne servent à rien.
Alors les yeux de Max s'allumèrent, derrière son air niais surgissaient une lueur de vitalité intellectuelle : à minuit, après avoir bu cinq cents litres de thé, fumé trois ou quatre kilos, il fallut se motiver à l'ouvrage ; ils sniffèrent chacun un bon rail de pure keco puis se dirigèrent vers la petite prairie au pas de course. Le ciel était dégagé et la pleine lune distribuait une lueur genre fantomatique assortie d'une musique d'orgues barbares...
Lorsqu'ils découvrirent leur tribu femelle, haute de plusieurs mètres de haut dans le sens de la hauteur (c'est-à-dire ers le ciel), Max et Hypo en furent figés. Puis chacun d'eux sortit sa manchette et se mit au travail dans l'odeur enivrante du chanvre mûr.
A ce moment de l'histoire Ivanof Grotchek écrasait comme un roi dans une litière paisible au bas de la prairie. Il largua un louf d'ours en plein rêve de béatitude mais il avait mangé beaucoup de poissons radioactifs, ce qui expliqua facilement l'odeur démoniaque de ses relents intestinaux.
Hypo et Max qui déblayaient dur dans la prairie, étaient presque arrivés au bout de leurs peine ; Hypo qui avait abusé du thé décida d'aller pisser (on pourrait juger tous ces détails scatologiques et déviants, mais dans notre histoire chaque chose a son importance).
Au cours de sa quête, Hypo qui aimait bien les odeurs délicates se trouva pris au piège par l'émanation troublante d'Ivanof Grotcheck, il trouva l'endroit propice à une pause urinaire et escalada le joli talus jonché de fleurs irradiantes et lumineuses. Il écrasa quelques champignons, eux aussi allumés par le pet radioactif d'Ivanof Grotchek et il finit par s'installer au sommet du talus. Ivanof qui dormait en contrebas du même talus, parmi les fougères chauffantes, fut assailli par une sensation humidifiante qui perturba ses beaux rêves bleus. Hypo, qui prenait plaisir à sa condition humaine, décida de siffloter une petite parade de clown en fixant la lune.
A ce moment précis s'en fut trop pur monsieur Grotcheck en congé du cirque, il se leva pour coller une torgnole à Hypo, ce dernier, malgré sa surprise, émit quelques cris de protestations. Max qui fut alerté observa la scène en dégainant sa machette, puis se précipita vers le bas de la prairie pour couper le dernier plant avant que l'ours en eût fini avec Hypo, il n'oublia pas de dire "salut" à son meilleur pote en lui souhaitant bonne chance.
Max pouvait sembler niais mais il avait tout de même des sursauts de lucidité, on ne pouvait pas lui reprocher un manque d'héroïsme car il avait sauver toute la récolte, on ne peut pas non plus exiger l'impossible, surtout dans une histoire réaliste. Alors finalement, Max se mit à attendre le retour d'Hypo en lui gardant sa part au cas où...
Mais par la suite tout s'arrangea fort bien car Ivanof, qui avait bouffé Hypo, se mit à fumer des gros et devint végétarien, ce qui le pacifia. Il devint enfin le nouvel ami de Max, avec qui il cultiva un biopotager.
En fin de compte sieur Korback en déduisit qu'il ne fallait pas vendre la peau de l'ours avant d'avoir demandé au dresseur...


Sébal Thomollé

 

 

 

 

La gazinière du rastaquouère

Burning Spear entra dans sa chambre et trouva un cougar en rut sur la commode. Il en profita pour analyser les canines de cet admirable bestiau. Ce qui n'arrangeait rien à sa permanente bouclée, frisée, permanentée, mini-vaguée, que sais-je?
Rien, comme pour beaucoup de personnes, rien ne vaut une bonne bière mais quand le delirium tremens est proche, il vaut mieux être dans le cirage que dans la panade parce que l'on digère très mal sans l'assaisonnement : ben, on peut mettre du vinaigre de noix, par exemple, du citron, de l'huile...
Les courses étant faites, il considéra que l'heure était venue de montrer à quelques personnes de son entourage, dont les Wailers, de quel bois il se foutait froid, chaud ou tiède mais surtout pas congelé... "Non, frais, c'est mieux et c'est souvent moins cher, non?", demanda l'un des frères Barrett. Burning n'en dit mot et préféra reprendre sa plume pour son roman nécrophile. Et, néanmoins anisettophile (l'anisette en effet, parce qu'au ricard, la cirrhose est trop près), proche, si proche pourtant, il leur avait paru lointain ce soir-là...
Il n'en put plus et ramassa le dernier mégot qui traînait dans ses cendriers sentant le tabac froid... Froid... Froid dans le dos, ce qui est pire que froid aux pieds, nez, mains, jambes, bites, couilles, chattes toutes mouillées, toutes maigres, toutes pelées derrière la gazinière. Cet ustensile, du latin gaesix qui signifie "mettre le feu", il était presque éteint ; alors Burning Spear décida de le rallumer. Ainsi allait doucement s'achever son trip virtuel devant une bonne glace au chocolat au lait de carpe. Alors que s'il s'était exprimé clairement (mais en même temps d'une façon si obscure) ...

Nat le B.
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Bad trip pour la I-threes

"Le bol est toujours plein de soupe et c'est pas forcément évident de la remuer tout en voulant danser sinon pour finir par se prendre le pied dans la laisse du chien... Ainsi en fut-il de cette malédiction funeste qui planait sur les Grimaldi depuis Rainier Ier et même l'autre d'avant... Et d'après alors? On ne parle jamais de l'après... Je ne sais pas, l'après-midi après l'amour..."
Après ces quelques ébats physiques imaginaires, Judy Mowatt remit doucement de l'ordre dans sa tête, ses pieds et ses chapeaux, parce qu'elle venait de goûter à ce qui était bon dans le champignon. C'était tout sauf l'accélérateur. On avait donc fini par s'arrêter chez George Clinton pour vérifier le carburateur, et l'accélérateur donc, qui avait des ratés. Lui décida alors de reprendre ses études le plus rapidement possible. Il téléphona par conséquent à son notaire, Maître Duluc. Maître Duluc, après un scandale financier qui l'avait touché profondément, dut la mettre en veilleuse.
"Je suis bien réveillée, se dit Judy, moi je n'ai pas envie de la mettre en veilleuse !". Elle alluma aussitôt la radio et brancha le grille-pain. Mais après avoir maté La pleine lune dans le caniveau, de Jean Jack y Moumoute, fils de Jack, éditrice de carte postale et de Wouawouanne, pâtissier hospitalier, hélas!, pauvre d'elle, la descente !! Et son trip tomba à l'eau...


Nat le B.

 

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