Bill Pipo vs Violentopaloff


« Encore un matin, un matin pour rien
», me disais-je ce matin-là en me levant de manière matutinale aux aurores tel un lève-tôt. Cette citation, je l’avais inconsciemment empruntée à Frédéric Schiller, le dramaturge romantique allemand, celui-là même qui ajoutera vingt ans plus tard en écho à ces vers célèbres : « Un matin, un matin, ça ne sert à rien ». Désorienté par toutes ces affirmations romantiques allemandes qui circulaient dans ma tête sans respecter la priorité à droite (« Eh va donc, eh fumier ! ») , je me levais donc en éructant un reste de Grimbergen de la veille et en pensant à mon rendez-vous avec l’un des magnats de la presse internationale, celui auprès de qui les Rupert Murdoch et autres Silvio Berlusconi ne sont que charançons des blés courant sur le ciment poussiéreux d’une minoterie industrielle de la Beauce centrale : Bill Pipo. Il pleuvait sur la route de Toulouse à hauteur de Blagnac quand j’arrivais au volant de ma R16 bleu ciel à phares gouttes-d’eau à l’arrière, mon calepin en poche avec toutes mes questions notées scrupuleusement. Avec un interviouvé pareil, fallait pas rigoler. J’en frissonais rien que d’y penser, la sueur me dégoulinait dans le dos jusque dans le dargif et les vingt clopes que j’avais fait passer de vie à trépas depuis Agen vitres fermée (vitres ouvertes, t’attrapes un rhume) rendaient la visibilité dans l’habitacle aussi nette que celles des Jeux Olympiques de Nagano. Arrivé à hauteur de la rue du Professeur Martin où créchait notre milliardaire champion de pétanque en triplette de la Haute-Loire 1987-1988-1989-1990 (un quadruple palmarès jamais égalé jusque lors, même ses amis Tiger Woods et Stéphane Collaro s’y sont cassé les dents), quelle ne fut pas ma surprise en apercevant le modeste castel qui occupait les trois-quarts de la rue. Je m’attendais à une fantaisie de dingo floridien avec trente-six piscines, façade rose bonbon, piste d’hélico et milice en rangeos et matraques électriques patrouillant devant et tirant à vue sur tout ce qui n’est pas de race blanche ni riche ni bedonnant. Que nenni ! Bill, en toute modestie n’avait à sa demeure que cinq tourelles, une piscine en marbre de Carrare qui procédait plus d’un désir de retrouver les antiques valeurs romaines que d’une volonté animale de s’ébrouer comme font ses semblables, une petite Testa Rossa et le coupé BMW pour faire ses courses comme tout le monde. Ces deux Rolls et sa Bentley devaient être au garage. Bill a toujours refusé les signes extérieurs de richesse, même lorsqu’il vivait avec la starlette exigeante Cameron Diaz. Je descendis de ma boîte à savon et m’approchai de la grille noire et dorée. Sept dobermans japèrent alors soudain à ma vue un étonnant concert de bienvenue, sans doute inspiré des chœur antiques grecs que leur maître leur avait bienveillamment enseignés. Apercevant le majordome, un robuste et grand Numide en blazer bleu, lunettes noires et oreillette sur le côté, je le hélai : « S’il vous plaît, mon bon, pourriez-vous rentrer vos cabots, j’ai rendez-vous avec Monsieur Pipo ! ». L’individu s’approcha, saisit brutalement le col de mon imper à travers les barreaux, me souleva de cinquante centimètres telle une plume d’autruche du Pont-Euxin (il devait faire de la musculation antique) et me glissa : « Qu’est-ce t’as, macaque ? Tire ta race ailleurs, sac à fiente et fissa ! ». Le ton ne me plut que modérément mais, ne voulant commencer cette journée par un esclandre qui aurait pu faire perdre sa situation à mon interlocuteur, je préférai passer outre et me rabattis sur un petit rade des bords de Garonne où je tentai d’éteindre le début d’ire incendiaire qui couvait en moi, à coup de perroquets et de mauresques. Et alors que je n’attendais plus rien de la journée ni de la vie en général, deux heures plus tard, ô stupeur, qui vis-je entrer dans le bar ?… Gérard Majax l’illusionniste suivi d’André Théron, le chroniqueur hippique sur les traces duquel marchait Denise Richards, l’actrice américaine et, fermant la marche, s’avança tel qu’en lui-même Bill Pipo himself en personne que précédait Denise Richards, femme pulpeuse s’il en est, dans le sillage de l’homme à casquette à carreaux qui sent l’écurie André Théron lequel réglait son pas sur le disciple de Garcimore, Gérard Majax, qui me salua. Que de beau monde ! Bill s’excusa tout de go des propos que son fâcheux m’avait inconsidérément tenus (« T’as eu du pot qu’il te colle pas une mine, d’habitude, il cogne avant de causer, c’est comme ça, c’est dans sa nature, moi, ça me fait marrer, je le paye pour ça d’ailleurs »), et d’entrée me proposa aimablement que nous commençassions l’entretien dont nous avions naguère convenu (« Bon, active-toi la menteuse et glaviote-nous vite fait mal fait tes conneries, l’arpète, j’ai pas que ça a foutre ce matin, moi ! »). La lippe trémulante et le regard animé d’une joie sans pareille, je m’exécutai…

[Victor]

 

 


HAMS ! : Salut Bill Pipo ! Bon, Bill, il est souvent au centre des conversations, du côté de Cap Canaveral où rôdent les alligators qui ont bouffé Jeff Beck, ceci : on déclare ouvertement que c’est par ton entregent que George Walker Bush Junior s’est fait élire, certains disent que des restes d’urnes bourrées furent retrouvées à même le sol plastifié des plages de Floride entre deux hors-bord, un morey et un bulot. Que penses-tu de ces accusations qui portent atteinte à ton honneur de rentier paisible et surtout de conseiller en communication.com ?
BILL PIPO : Point com toi-même, Bill Pipo a déjà fait savoir, par voie de presse interposée, qu’il ne souhaitait plus s’exprimer sur ce sujet épineux, tant il est vrai que ses propos ont été déformés, décapsulés, retournés telle une paire de vieux gants scandinaves. Je n’ai de leçon de démocratie à recevoir de personne. Je ne peux nier avoir, dans les pages de mon luxueux magazine monochrome Pipo-Mag, fait part de mon attachement pour la famille Bush et les idées qu’elle véhicule depuis voilà trois cents ans et qui sont celles du bon sens et du stetson à large bord en peau de fesse. Georges Dobeliou Bush symbolise l’Amérique éternelle et tous ceux qui ont couché avec John Wayne du temps de sa splendeur savent de quoi je cause.

HAMS ! : Ta réussite dans la presse people par l’intermédiaire du magazine grand-tirage Pipo Mag n’a pas été sans courroucer bon nombre de personnes dont d’aucunes ne sont pas des moindres parmi certaines autres. Comment as-tu pu gérer le virage à 360° que tu as effectué par rapport à Wishy Washy Beer, l’ancienne parution de ton groupe médias qui, est-il besoin de le rappeler, était le numéro un de la presse monopolistique informative au Bruneï, au Bélize, au Swaziland mais aussi en Bouriatie et je ne parle pas du Lauragais ou des Monts d’Aubrac - Monts d’Aubrac où, si l’on en croit la légende, de vieux numéros de WWB circuleraient à prix d’or sous la peau de mouton (certains contre cinq roqueforts, une photo dédicacée de José Bové et une bouteille de Quézac, ai-je même entendu, mais cela paraît bien exagéré) ?
BILL PIPO : Le succès de ma précédente revue épisodique à parution momentanée était tel que l’Imprimerie Nationale ne pouvait plus suivre le débit demandé, de sorte que le Syndicat du Livre CGT s’est réuni en assemblée plénière pour délibérer sur la marche à suivre en cas de surexploitation des rotatives, cela devenait dangereux, il fallut l’intervention du FBI et des forces de progrès entraînées par le maire de Lyon qui a fumé de l’opium pour arrêter tout et c’était une belle histoire mais tout, tout va continuer, oui, si tu y crois, moi j’y crois. Bref Pipo mag est né des cendres fumantes de Wishy Machin car il fallait éviter le chaos et relancer la carrière du magnat de la communication interplanétaire, j’ai nommé Bill Pipo, the Royal Master Flash Himself, Celui Qui A Volé le Feu, le fils de Belzébuth et du Soldat Inconnu, l’homme qui connaît perso le bassiste de Soldat Louis.

HAMS ! : On sait que tu es un fan de Jules Grévy, d’ailleurs, toi-même, tu ne t’en caches pas, hormis sous ton lit. N’as-tu pas été quelque peu déçu par son implication dans le scandale des Décorations ? Comment réagis-tu en tant qu’ami de la famille de longue date ? N’as-tu pas peur de la réaction des boulangistes ?
BILL PIPO : Pour cette question, Bill Pipo a préféré se faire représenter par son avocat, Me Enculé, qui tient à préciser : « Mon client, M. Pipo, Grand Rabin des Gaules et Fieffé Godemichet Olympique, a certes commis des petites boulettes dans sa vie mais cé pas lui qu’a mangé les crottes de nez de David Halliday ».

HAMS ! : Soit. Je respecte ton silence, Bill. Mais encore… Le fait qu’on ait récemment arrêté le rapeur Pouf Dadi, fils de Marcel Dadi et néanmoins mari de Jennifer Lopez, actrice à laquelle on prête une aventure sans lendemain avec non seulement Matt Damon mais encore Gérard Houiller et surtout… toi, Bill ! (sacré Bill ! sacré toi… de chaume ! Ahah !), cette actrice sans qui la tequila frappée à trois heures du mat sur une table en formica collante n’aurait pas la même amertume qu’au-delà du Cercle Polaire, et dont le sein gauche est atteint de salemajestiasis, une maladie maligne et des plus rares dont le professeur Cabrol, de l’Institut, disait : « Ma 103SP kittée, j’gratte tout le monde avec sur le quai de Conti ! » et aussi « Qui t’es, toi, t’es qui ? », bref, quelle est - actuellement s’entend, hein, pas de lézard - ton opinion sur la couleur des géckos ?
BILL PIPO : Ha, ho, Jennifer Lopez, je m’en souviendre comme si je me le rappelais. C’est moi qui faisais le serpent dans Anaconda, grand film en couleur dont au sujet duquel on ne peut nier les vertus digestives. J’ai par ailleurs conçu le story board où on voit le slip de John Voigt sauf qu’à l’origine, ça devait pas être lui, héhé, petite mesquinerie du montage mais on n’est pas des bêtes, le film est très réussi quand même.

[Profitant de l’intensité de la discussion, Denise Richards s’éclipse aux lavatories pour se laver les mains. Le jet du lavabo devait être ma foi fort puissant car lorqu’elle revient, son t-shirt est architrempé et l’assistance a la confirmation que le pare-choc de la demoiselle n’est pas de chez Citroën mais bel et bien de chez Berliet et elle le prouve ! Les reliefs et vallons suggérés par le linge humide ôtent comme fait exprès le mot de la bouche de chaque interlocuteur, sauf bien sûr de Bill qui regarde tout cela d’un air blasé et nous sort : « Denise, elle est gentille mais elle s’imagine que, comme le coup du T-shirt mouillé a marché avec Pierce Brosnan dans 007, ça va marcher avec tout le monde… Evidemment que non ! Pas avec Bill Pipo du moins. Pierce, je le connais, le gars timide qu’a eu de l’acnée jusqu’à dix-sept ans et que sa mère le forçait à mettre des sous-pulls quand il était gosse. Un peu traumatisé et introverti, quoi, moi je l’aime bien, on tape le bab’ ensemble quand il a le temps après le boulot, ça nous arrive, mais c’est comme quand je lui fais la feinte de l’arrière-gauche en bande, Pierce, c’est un grand naîf, il voit que dalle. Alors, tu penses bien, le coup du t-shirt mouillé, avec un gars comme lui, c’est jouer sur du velours et fingueurce hinezeunause ! ». Vexée de la découverte de son stratagème de séduction, Denise fait celle que la bave du crapaud n’atteint pas le t-shirt mouillé de la blanche colombe. Je tousse alors l’air comme de rien et poursuit à nouveau mon subtile questionnaire en acier armé voire en béton trempé]


HAMS ! : Cher Bill, dis-nous tout sur tes goûts en Bédé et en miouzic (Miouzic, donestope !, comme chante Madonna, autre amie de toi, aimé Bill) ?
BILL PIPO : La miouzic, comme tu dis, c’est toute ma vie ! Je lui ai consacré mes plus belles années. Je me revois encore dans le swinging London. A l’époque, les cons se disputaient entre les Stones et les Beatles, moi, j’étais Dick. Les mecs avaient compris que dalle, y savaient pas, les cons , que le killer avait un ranch à Montauban et qu’il chantait Nice Baie des Anges avec les lasagnes arquées comme la première Rosanna venue . Pis après y a eu le disco, c’était grave, ça peut paraître ringue mais il faut savoir qu’à l’époque ça l’était déjà ! Mais on s’en branlait. La coco n’était pas trafiquée et on avait de gros nez. Après y a eu le Death Metal, là c’est moins drôle. J’ai connu ma période mystique pendant laquelle j’ai profané des gymnases en faisant pipi sur des tatamis. On fait tous des conneries, ne me juge pas. Maintenant je compose un peu, pour faire plaisir, notamment pour mes amis dont Madonna avec laquelle j’ai collaboré pour son dernier disque sous le pseudo de Mirwais car forcément il fallait un pseudo car c’est pas terrible, hein, bon, mais Mado, ça lui sufffit, elle est pas compliquée comme nana, elle se casse pas le bourrichon quelques notes de Bontempi font toujours plaisir aux cons. Tu vois mon z’ami, la musique, c’est comme si c’était ma mère !


HAMS ! : Bill : de toi à nous, simplement, en cinquante-trois mots et demi, Bill Pipo et le 7eme art, une histoire d’amour ? (attention, j’ai pas dit le 7eme arrondissement de Paris, où tu as ton hôtel particulier)
BILL PIPO : Le chiffre 7 évoque moult choses pour Bill Pipo. Sais-tu en réalité qu’il s’agit d’un nombre magique ? Savais-tu qu’il y a sept jours dans une semaine et sept boules de cristal dans la bibliothèque du Capitaine Haddock ? Et qu’il faut tourner sept fois la langue dans sa bouche avant de parler ? Il y a aussi sept péchés capitaux et, coïncidence des coïncidences, Bill Pipo pour sa première colo à l’âge de 12 ans avait emporté 7 slips dans sa valise. Etonnant, non ?

[Gérard Majax intervient alors pour procéder à un tour dont il a le secret. Il sort de sa poche un œuf qui devint sous nos yeux un éplucheur à légumes puis un flingue puissant avec lequel il fait feu immédiatement sur une dame entre deux âges qui sirotait une anisette au comptoir. La dame s’écroule mais de l’impact sanguinolent à sa tempe gauche s’éploie sur-le-champ un canard mandarin qui se met à réciter Le Dormeur du Val, A une passante et l’intégrale des paroles du dernier Bon Jovi. Là, on trouve que ça va trop loin et on dit à Gérard qui s’excuse (« Je voulais qu’il récite le dernier Charge 69 mais c’est un nouveau tour et j’ai toujours du mal sur la fin, faudra que je le retravaille. Désolé »). Aussitôt, le canard devient une coupelle avec des olives pimentées et des cahuètes à l’intérieur et tout le monde lui dit alors gratias. Je reprends la parole]

HAMS ! : Au sujet des rumeurs qui court sur le split-CD que tu préparerais pour PIPO RDS entre Patrick Fiori et Agnostic Front, on raconte que certaines scéances ont été houleuses, Patrick ayant sur un coup de tête voulu prendre tout le monde au bras de fer. Pourquoi avoir confié le mastering à Roland Dumas ? Tu sais pourtant qu’il n’est pas sans avoir des ennuis judiciaires actuellement…
BILL PIPO : Oui, le nom de Bill Pipo apparaît sur l’agenda de Sirven, avec une photo compromettante de surcroît, mais cela, et je le dis haut et fort, ne saurait signifier dans l’ordre des choses et en l’occurrence rien de tangible et ne constitue aucunement en l’état des choses une preuve accablante contre le susnommé Pipo Bill, citoyen du monde et surnommé par ses pairs « l’homme aux semelles de vent » car il voyage beaucoup en vérité, et jamais pour son loisir mais pour apporter joie et bonheur aux cons.

HAMS ! : Paul Préboist est mort dans un gang bang avec Claude Gensac et Marthe Mercadier. Je tiens cette nouvelle du Commissaire Priseur. Etes-vous, mon cher Bill Pipotouze, déjà allé dans un gang bang ?
BILL PIPO : Question délicate mais je ne m’y résorberai pas, OUI, j’ai été dans un gang bang mais j’y suis été trop tard passqu’ils étaient tous partis donc j’ai été tout seul avec mes deux amies à cinq doigts, j’ai nommé Gang et Bang et on a fait un numéro à trois assez formidable même que le champagne après la performance avait le goût des jours heureux. A propos de Marthe Mercadier, j’ai une anecdote. A l’époque où elle faisait les JEUX DE 20 HEURES, c’est moi qui lui rédigeais ses réponses sur des fiches bristol et, à un moment, au lieu de la fiche, je lui ai tendu la postiche de Jean-Marie Proslier alors Marthe, elle se dégonfle pas, elle dit : « Arrête tes conneries, Bill, c’est pas drôle », et moi de rire !


HAMS ! : Une K7 qui a fait du bruit (en effet) dans le Landernau de la biscuiterie, c’est Ungrateful Life (Mozerhate/Special Agent Mulder Knows). Comment la vedette américaine David Duchovny a-t-elle accepté de venir participer à cette « Tolosan GrindCassoulet Split-Tape », comme on dit outre-Atlantique ?
BILL PIPO : Bien, enfin, une question à connotation existentielle. Duchovny est un pote. On a fait des castings ensemble, j’ai même été son agent pendant un mois pas plus parce qu’il me bouffait les couilles car c’est un homme du mystère et quoi de plus relou qu’un type qui passe son temps à tenter de rentrer en contatct avec des martiens morts depuis houlala !… vachement longtemps. Donc j’ai causé à David de ce projet de tape fulgurante, associant deux des groupes les plus mythiques de ma chambre, j’ai nommé Mozerhate avec l’homme à la voix de plomb, et Spécial Agent Mulder Knows (SAMK) avec des filles nues dans les chœurs (mais on les entend pas). J’avais demandé à David de venir avec sa copine l’agent Scully mais elle n’a pas pu se libérer (soi-disant), ça m’a collé les boules et quand j’ai vu David à l’aéroport Toulouse-Blagnac, j’a fait semblant de ne pas le voir. Voilà. Maintenant si tu veux tout savoir, cette putain de cassette est en vente dans le commerce en m’écrivant et en joignant l’équivalent de 2,30 euros passqu’y faut manger, et boire aussi !

[Nouvelle interruption à ce moment-là car André Théron nous livre ses pronostics de Paris-Turf pour la cinquième où il joue le 8 placé, ce qui nous étonne tous pour la simple et bonne raison que ce canasson est drivé par… P’tit Gui Bellégard en personne (eh oui ! ça vous en bouche en coin, mes salauds !). Pour faire diversion, je reprends le cours de mes questions]

HAMS ! : Penses-tu que le chroniqueur Réginon de Prüm fût un falsificateur ou un pilote automobile ou les deux aucun à la fois ? A ce moment-là mettrais-tu un « b » ou deux « l » à « Simca Horizon » ?
BILL PIPO : La vérité, comme le scandait le chanteur Enrico Macias, sort de la bouche des enfants morts. Oui, c’est une phrase mal connue du fameux poète berbère, qui à l’époque, se faisait appeler Léonard , mais je me souviens un soir à Tanger l’avoir entendu murmurer à l’oreille des chameaux ce doux refrain : « Revoir Tanger sans tanguer, la prochaine fois j’arrête le Sidi Brahim » ou un truc dans le genre. Enrico, si tu m’entends !…

HAMS ! : La fortune du label PANX s’est bâti sur sa 61e prod., à savoir le désormais classique Let us stand to our glorious dead des Violentopaloff, mais il est notoire que son boss avait mis le paquet pour qu’ils enregistrassent chez lui en exclusivité (un litre de ricard + deux étuis fraîcheur choco Prince + le quart d’un paquet de Benson light, le tout pour toute la durée de l’enregistrement, on croit rêver !). On peut toutefois s’étonner de la folie des grandeurs et de la surenchère qui ont cours de nos jours pour s’accaparer les plus grandes stars (Kurt Cobain aurait à l’époque quant à lui exigé carrément des BN authentiques, rien que ça !, au grand désarroi de Pascal PANX qui ne put hélas les fournir). Mais jusqu’où donc ira la folie des stars internationales !? Quand on sait que la plupart des petits labels underground en sont réduits à se rabattre sur les Pépito Leader Price à à 0,59 euro les 16 et le Côtes-du-Roussillon-de-la-Communauté-Européenne, est-il à craindre que la qualité générale de la scène alternative s’en ressente (à commencer par la ligne de basse du bassiste des Violenttopaloff) ?
BILL PIPO : Pour les chocos Prince, je m’inscris en faux ! J’ai bien connu les Violentopaloff, surtout le bassiste virtuose (cinq ans de Petit Conservatoire avec Mireille) puisqu’on dort tous les soirs dans le même pyjama. Je peux vous dire que malgré tout ce qui se murmure ci et là, ils n’ont jamais eu la grosse tête, la preuve : ils ont décidé de se saborder en pleine gloire, c’est fort ça, nom d’un clams !!! En ce qui concerne la ligne de basse , puisque tu en parles, il en va comme de la ligne blanche sur une nationale. Y a un côté ou y faut pas y aller.

 

HAMS ! : Bill mon ami, tu descends souvent dans la ville rose chef-lieu de la Haute-Garonne. Récemment, tu me narrais que tu avais entendu dire lors d’un repas avec Lionel à Cintegabelle, que le bon peuple ne voudrait pas d’un Douste à Toulouse tant que Giresse ne serait pas réincorporé comme entraîneur de l’équipe de foot locale, pitoyable on peut le dire. Bon, maintenant, Baudis dirige le CSA, Nougaro se prépare à entrer en studio pour un album directement en prise avec la jeunesse de maintenant (Moi aussi, je suis disco !), Bayrou quitterait la politique pour intégrer P4alatak, est-il raisonnable pour Douste que sur tes conseils, il crie dans un porte-voix en tenue SM, à quatre heures du matin derrière Le Mirail : « Chichon, chichon, qui veut du chichon ? Chichon, chichon, il est bon, mon chichon ! » Combien de points gagnera-t-il selon toi et par ce faire dans les sondages de la SOFRES et de BVA ?
BILL PIPO : J’en profite pour le clamer haut et fort : Bill Pipo soutient Tête-De-Con Ier, j’ai nommé Douste-Blazy, ou encore Rouston-Blazon, voire Ouste-Blazy, j’en passe et des plus sales. Cet homme a une tête de coiffeur et on salit son nom ! Quelle honte ! Votez Douste ! C’est mon ami. Il me fait penser à ma première brosse à chiottes, un truc un peu raide avec de la merde au bout, j’y peux rien, c’est sentimental. Puisque tu causes de Giresse, bel ami, je te somme de te rincer la bouche avec une solution à base de houblon fermenté avant de prononcer un avis obscurantiste sur le TOULOUSE FOOTBALL CLUB, club mythique destiné à régner au plus haut des cieux et ce dans pas moins de vingt ans , car telle est la volonté de Dieu et Dieu est Grand et il s’appelle Victor Bonilla le Colombien masqué, l’homme qui sème terreur et désolation dans les surfaces adverses.

HAMS ! : Laetitia Casta, La Casta ainsi qu’elle se nomme elle-même, me glissait à l’oreille pas plus tard qu’hier soir sur l’oreiller de mon lit moelleux double place Ligne Roset : «Ce Bill, au lit quel drôle de pistolet ! Jamais rencontré quelqu’un d’aussi empoté que c’t’andouille ! ». Alors, Bill, tu ne peux pas te dérober cette fois : comment expliques-tu cette défaillance de ton organe copulatoire mâle ? La Casta t’a-t-elle noué l’aiguillette ? Te contenterais-tu désormais de la mère de Michel Sardou ? C’est un peu la teuhon, pour employer une expression comme tchatchent les djeunes casseurs (pléonasme !) aujourd’hui… Allez, Monsieur Bill Pipo, la vérité, nous voulons la vérité… toute nue !
BILL PIPO : D’abord, et d’une, la mère de Sardou est dead . J’ai tété à son enterrement, invité par Michel qui a l’habitude du même métal (c’est-à-dire d’enterrement, andouille !). Quant à la Casta, n’en parlons plus. Une erreur de jeunesse. Bill Pipo a essayé de t’envoyer une photo de son appareil génital mais ses suprêmes boules ont ratatiné le scanner au moment de la numérisation de la chose. Désolé. Peut-être une autre fois sur le plateau de C’est mon choix ?


HAMS ! : Un peu de sérieux pour terminer, cessons ce ton badin. Tu avais été bouleversé voici trente-quatre ans par cette phrase lue dans Earquake au cours d’une interviou du roadie du groupe finlandais scandicore 80’s Ruokkia Illtapäivällä Muista : «Jag ser en järv ; det fallet sig mycket lägligt för mig… Du borde skämmas ! » . Cela remettait en cause fondamentalement pour toi les méthodes heuristiques imposées par le Cercle Philosophique d’Olomouc auxquelles t’avaient initié Philippe Sollers et Julia Kristeva, tes amis d’alors. Et, toi qui demeurais passif, même quand les phasmes t’attaquaient la nuit par surprise, tu t’étais dit, vautré au fond de ton pouf en sky mauve Carnaby Street, que cela ne pouvait plus durer et qu’il fallait coûte que coûte que tu agisses et prisses les devant, une fois pour toute ! Qu’on en finît avec toute cette hypocrisie du monde occidental !… Cela reste évidemment dans nos mémoires, à nous tous qui suivions en ce temps-là avec acharnement les joutes des grands phares intellectuels de l’époque (Jean-Paul Sartre, Raymond Aron, Bertrand Russell, Michel Foucault, Jacques Debary, Marcel Hamon), cette algarade que tu provoquas lors du Septième Congrès International du Cercle Philosophique d’Olomouc réuni au Centre Culturel d’Auch durant l’été 1972, tandis que concluait à la tribune le prestigieux orateur Michel Fugain : « C’est commeuh l’oiseau… », tu l’avais interrompu net et sur-le-champ avait rétorqué : « Non, c’est pas comme l’oiseau !…. C’est pas comme l’oiseau, c’est pas comme la tortue luth non plus ni comme l’âne bâté, c’est comme rien du tout ! Vous entendez : moi, Bill Pipo, je vous le dis haut et fort, c’est COMME RIEN DU TOUT !!! ». La salle était coite. L’assistance bouche bée. Le monde n’avait plus jamais été comme avant. Pendant longtemps, ton avis fit autorité dans tout débat digne de ce nom. Les grands pontes de l’Université ne juraient que par toi (« Selon Heidegger et Bill Pipo… », « Si l’on s’appuie sur l’esthétique pipotesque du non-moi dans l’appréhension du je », etc, etc), à tel point que ton patronyme était passé dans le langage courant (« La réduction d’impôts promise par le gouvernement, c’est du Pipo », « Une victoire de l’O.M. en championnat ? C’est du Pipo », etc, etc). Mais le temps passe et les esprits se relâchent. Trente ans plus tard, certaines personnes jeunes et mal intentionnées n’hésitent plus à remettre ton enseignement sur la sellette. C’est pourquoi, voici ma question : quand tu entends aujourd’hui la Compagnie Créole s’exclamer sur la place publique : « Comme sur les tableaux du Douanier Rousseau ! », ne trouves-tu pas cette comparaison non seulement osée mais aussi tout simplement facile ?
BILL PIPO : C’est fou, comme le temps passe ! En créole, ils ont un proverbe très joli qui dit à peu près : « Tan pass épui cheveu li gris et poil de cul aussi », ça veut dire en gros, si tu veux, que le temps est assassin et emporte avec lui le rire des enfants. Et puisque tu étais à tous mes congrès, tu n’as sûrement pas oublié celui de 1984 dans les Corbières lorsque je mis à jour devant un million d’auditeurs persuadés d’écouter Lucien Jeunesse et le JEU DES MILLE FRANCS cette formule qui a fait le tour des salons où l’on cause, à savoir que tout corps de masse M plongé dans une quantité Q de litres de bière, subit une pression à 13 francs sauf entre 19 et 20 heures ou Q est multiplié par deux pour la même pression. Tu suis ? Et puis d’abord le Douanier Rousseau, il peint peut-être mais y a pas que lui, Cantona aussi, il le fait très bien et puis en plus, il marque des gamelles alors que le Rousseau à part la fouille anale, qu’est-ce qu’il pratique d’abord comme sport ?

 

HAMS ! : En effet, comme tu dis… Voilà, Bill, mon cher Bill (puis-je t’appeler mon Bilou ? Allez, j’ose !), nous voici au bout de cet entretien qui nous prîmes plaisir à passer avec ton gros bip…. bip…. (eheh !). Bon, on te laisse le mot de la fin (t’as qu’à nous refiler des tuyaux de ton pote Jean-Pierre Gaillard !), salut, merci et à une prochaine !
BILL PIPO : Ouf, ça tombe bien, j’ai un train à prendre. Merci pour le chocolat. Salut aux mammouths mâles et femelles. Je remercie mes sponsors Pépito et Phildar pour m’avoir soutenu pendant cet interview, Céline Dion pour avoir arrêté de chanter et Francis Lalane qui fabrique des petits soldats en plombs dans un département rural, avant il faisait même pas travailler les coiffeurs, maintenant il embauche au moins trois personnes avec sa petite entreprise qui ne connaît pas la crise. N’oubliez pas : la vie, c’est que du bonheur, du bonheur et encore du bonheur, je le disais l’autre nuit à ta sœur. Peace, Lovamoor et pet dans les usines de cassoulet ! Hasta la Victoria (Beckham) siempre ! Houla up, barbatruc !

 


Evidemment, c’est moi qu’ai payé la tournée générale, Bill, c’est pas son genre, lui est de ceux dont l’ardoise du mois arrive à la maison su un plateau doré avec les excuses du patron et qui renvoie le tout arrondi au millier de francs supérieurs avec cinq cents balles de pourliche pour le personnel. Bill est parti avec ses amis - dont un qui cocotait la haridelle -, ils ont enjambé le cadavre déjà froid de la rombière d’où s’était envolé un canard mandarin et sont partis dans le lointain d’un futur à venir. Bill Pipo… Il avait un train à prendre. Sans doute pour la capitale, pour gérer ses affaires. Moi je suis remonté dans ma R16 avec mes petits papiers où j’avais sténographié la converse avec le grand homme. Oui, ce n’est pas tous les jours qu’il nous est donné à nous autres journaleux de recevoir les épanchements magnanimes d’un des esprits de ce siècle qui marqueront le troisième millénaire d’une croix blanche au boulet de charbon. Je téléphonais à ma rédaction pour leur annoncer « Mission accomplie ! » mais v’là t’y pas que ces cons-là tant qu’à m’avoir sous la main, ils voulaient m’envoyer interviewer le lendemain Mick Jagger puis dans la foulée le Sous-Commandant Marcos ! Alors là j’ai dit non tout net, non non, non c’est non ! Pas la peine de discuter ! Don’t move (and main the gap, please) ! Stoppieren Sie hier gnädige Leuten ! Halte au sketch (et aux mammouths simiesques) !…Non, c’est pas possible ! Nein, es ist nein, Dylan is Dylan, faut pas pousser grand-mère dans les orties ! (ces urticacées contiennent de l’acide formique aux bouts de leurs fins poils, le saviez-vous ?) … Après Bill Pipo, qu’est-ce ça veut dire tout ça ?! On change de division là, on repasse dans la cour des sous-fifres de bas-étage d’arrière-cuisine de fond d’armoire ! Non mais ! C’est hors de question ! Maintenant que j’ai goûté aux joies de l’entretien avec les plus hauts esprits de ce monde, il est totalement zesquelu que je me farcisse des gais-lurons de troisième zone ! Jagger et Marcos ! Ah non, par saint Bill ! Foin de la paroi nasale en porcelaine et du passe-montagne à pipe courbe, seuls ne me siéront désormais que la crème des décideurs mondiaux et les personnages historiques (Bill Pipo, Stone, Nadine de Rothschild, Mickaël Douglas et son frère Pierre ainsi qu’Alain Carignon et Patrick Balkany, tous ceux qui gagnent et regagnent encore, les autres dehors !). Je sortis de la cabine de téléphone et éteignis mon portable. Il est des matins, et ce bien qu’on fût déjà en début d’après-midi, il est des matins, disais-je, des matins où on se chante : un matin, oui, un matin, un matin pour rien, eh bien non ! Un matin, un matin pour quelque chose, un matin, un matin ça sert à quelque chose, contrairement à ce qu’avait affirmé péremptoirement sous couvert de romantisme allemand (l’excuse facile !) le dénommé Frédéric von Schiller. Le prétendu grand homme avait donc tort. Mais se doutait-il seulement que ce tort tu jusqu’alors (de Floride ou ninja) c’est par l’entremise d’un certain Bill Pipo, être humble en même temps que supermilliardaire, que, deux cents ans plus tard, il serait découvert de gris et même de noir foncé ? Ce paradoxe de Bill Pipo (Pipo’s odd paradox ) n’avait, à l’instar de la non expulsion de Schumacher à Séville en 1982, pas fini de faire jaser…

 

Contact : Bill Cormary Steph Pipo, 15 bis, rue du Prof Martin, 31500 Toulouse(steublazy).

 

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