Play-list de l'émission du 31 mai 2005 :
1- Lunt : The bridge, the airplane and my love (extrait de Fragments of free voll ; Carbon Rds) ; 2- Imagho : Someone controls electric guitar #5 (extrait de someone controls electric guitar ; Hitomi recordings) ; 3- Amazing Grace : Os, itighaho (extrait de Revival times ; Desolation House Rds) ; 4- Giuseppe Ielasi : Track n°5 (extrait de Gésine ; Häpna) ; 5- Ben Stanko : Black and red (extrait de Tomato we die ; Set Projects) ; 6- The Kentucky Knobs : Dangerous woman (extrait de Deuce ; Experimental Musical Research) ; 7- Arne Nordheim : Return (extrait de Dodeka ; Rune Grammofon) ; 8- Philip Jeck : 20 / 02 / 00 Live at ICC, Tokyo ; Touch) ; 9- Daniel Menche : Track n°4 (extrait de Vent ; Or / Soleilmoon records) ; 10- Fe-Mail : Modogin (extrait de Syklubb fra haelvete ; TV5) ; 11- Giscard le Survivant : Boucherie de Skhirat ; extrait de Limites de la Démocratie ; 3 Patttes) ; 12- Finalcut : Re sult [au jardin de pierre, au lieu-dit de la femme sans tête] (extrait de Risques Partagés ; Ragondins Mondains) ; 13- Téléphérique : Abstrackte chiffres (extrait de Paradigma ; Fario)
Ce split entre deux grands malades de l’expérimentation électronique, le Français Giscard le Survivant et le Belge Finalcut, se classe résolument sur l’étagère des productions hermétiques et azimutées. Quoique le livret donne la trame narrative de ce dit musical, les conteurs alternatifs n’ont en réalité rien fait pour se caler l’un sur l’autre et regarder dans la même direction: Finalcut tisse sa toile dark-ambiant bruissante et oppressante à chaque fois que vient son tour et Giscard le Survivant donne de son côté dans l’électro-ambiant retrofuturiste un rien plus "mélodique" (dans la limite des stocks disponibles), à tout le moins plus colorée. Sous l’ombre tutélaire de leur muse commune, l’inconstante et imaginaire Brooke Adams, star internationale de cinéma publiquement adulée, l’amicale franco-belge alterne donc manipulations nerveuses ou grinçantes de nappes sonores stagnantes, froissées ou brouillées (Céleste, Re Sult [au jardin de pierre, au lieu-dit de la femme sans tête]), dramatisations électro-musicales poignantes (qui saurait résister à la force d’évocation de l’appel insistant du téléphone de Seul au Bistro de l’Octroi avec Brooke Adams, qui semble persister à vouloir annoncer une nouvelle capitale alors que nul ne vient le décrocher ?), flûtiaux extraterrestres évoquant plus l’arrivée imminente d’aliens aux yeux pédonculés que la grâce bucolique des contrées campagnardes (Grâce incroyable des podzosols ocriques), virée ésotérique dans un cerveau déjà bien entamé (Rainet slim cortex, qui comme sont nom l’indique évoque des grenouilles de laboratoire à cerveau étroit), évocations de céphalées digne d’un flash info dégénéré raisonnant dans une conscience autophage (Dysfonctionnement de l’infundibulum chronosynclastique), et même un slow langoureux plutôt tendu et acide aux pulsions nerveuses à la limite des coups de perceuse dans le cortex. Le disque s’achève sur deux collaborations un rien plus homogènes et accessibles: un Bal tragique à Chamalière à la rythmique syncopée qui fait figure de trouée dans le ciel hermétique de ce disque un rien tupperware, sur lequel reparaît Brooke Adams pour disparaître à jamais, et un adieu à la rythmique effrénée, Tindermans in the sky with moules-frites, sonnant comme une dernière course dans le mur. A ne pas mettre entre toutes les oreilles, on ne saurait pourtant trop conseiller cette quatrième production des Ragondins Mondains aux amateurs de créations intersidérantes et véritablement originales.
Célia Schneebeli
Prémonition (site rock-électro français ; mars 2005)
Un Belge et un Français, Finalcut et Giscard le Survivant, alternent les déconstructions sur le split CD Risques partagés de la jeune structure Les Disques Ragondins Mondains. Douze titres (dont deux composés ensemble) à ne pas laisser traîner entre toutes les oreilles, tant les mélodies abstraites de ce Meccano audio sont à construire soi-même à partir de pièces métalliques remplacées par des sons dénaturés et triturés à l’infini. Musique concrète, micro sons, industriel expérimental, ainsi qu’une bonne dose d’humour dans les titres sont au programme.
Bertrand Hamonou
The Factory (site français de musique industrielle ; mars 2005)
Dernière production des Disques Ragondins Mondains, ce split CD entre le belge Finalcut et le français Giscard Le Survivant est un disque totalement barré. Et même quand j'écris "barré" et surtout quand vous lisez ce mot, vous êtes encore loin d'imaginer ce qu'est ce split CD. Nous avons, tout d'abord, deux artistes produisant une musique plus ou moins differente, entre Finalcut réalisant une musique à la frontiere de l'abient, de l'industriel et de la musique concrete et Giscard Le Survivant qui, en plus de survivre, crée de la techno dite "d'origine" et de l'indus experimental, encore une fois totalement barré. Et il suffit d'écouter les premières minutes du disques pour réaliser a quel point ces deux compositeurs sont fous. Entre l'éprouvante Grâce incroyable des podzosols ocriques de Giscard le Survivant et le titre tout aussi éprouvant de Finalcut Célèste, etc... C'est une réalisation très hostile, mettant souvent les oreilles des auditeurs les plus avertis a l'épreuve avec ces violentes experimentations. On a tout de même quelques fois, entre deux morceaux plus violents les uns que les autres, droit à des pistes plus ambient (Rainet Slim Cortex), avant de repartir de plus belle avec Giscard Le Survivant. On prend donc vraiment des "Risques Partagés" a mettre cet albums dans des mains "inexpertes", comme pour toutes les productions à a ce jour des Disques Ragondins. Ce n'est pas pour cela que le disque est mauvais, car il ne l'est pas, mais il faut tout de même savoir a quoi s'attendre... De plus, après plusieurs écoutes, le tout passe plus facilement... Enfin, plutot moins difficilement.
Starsucker
The French Touch (site belge de musique électronique / chanson / rock ; février 2005)
Oeuvre commune de Finalcut et de Giscard le Survivant (que l'on avait notamment aperçu récemment sur la compilation "Maniac" du label 3Patttes Records), ces Risques partagés vont faire la joie des amoureux de musique bruitiste. Entre les samples vocaux piochés dans les années 70, les sonneries de téléphone qui font office de rythmiques, les claviers planants et les clics électroniques directement enregistrés sur l'imprimante matricielle (vous savez, celle avec les aiguilles) du bureau d'à côté, il faut dire qu'il y a fort à faire. Si cela ne suffisait pas, les deux copieurs / colleurs fous ont invoqué les mânes des Beatles (Tindermans in the sky with moules-frites), de Charles de Gaulle et Charlie Hebdo (Bal tragique à Chamallières), et la participation de l'actrice Brooke Adams qui a rédigé un texte inclus dans le livret du CD. Si tout cela ne vous suffit pas, sachez que plus qu'une juxtaposition de titres des deux compositeurs (cinq pour chacun), ce split-CD comporte également deux morceaux écrits en commun, pour aller toujours plus loin dans l'électro-indus ambient et concret.
Décidément, comme on le disait dans les années 70, Giscard à la Barre ! Après son album solo plutôt sombre, le revoilà, increvable, escorté par le jeune et fringant Jean Lecanuet… Ou Finalcut, plutôt. Album versus donc ou split album, chacun alternant les pistes. Album concept également puisque les tracks sont inspirés d’un texte cryptique et énigmatique avec comme figure tutélaire, Brooke Adams, égérie de nos nuits d’épouvante. Finalcut élabore une musique électronique pleine d’accidents sonores, de crachotis et de larsens étouffés, assez dense et limite étouffante alors que GLS tape dans une électro plus ludique, mixe de samples issus « d’expression directe », de téléphones énervants et de slogans anarcho syndicalistes. Quelques titres bastonnent plus dont le Dysfonctionnement de l’infundibulum chronosynclastique de GLS, mais pas de beats faciles ! On évolue plus dans l’expé barré que dans de la tech old school malgré l’ambiance pompidolienne véhiculée par certains titres de GLS. A noter un excellent titre « ambient » très flippé et presque tibétain de Finalcut Re sult. Les deux titres terminaux, de vrais versus cette fois, déchirent violemment leurs génitrices, Tinderman in the sky with moules-frites avec son intro electro dark et la moulinette furieuse de Bal tragique à Chamalière. A noter un packaging carrément « de luxe » (c-à-d même pas découpé dans un carton de corn flakes) et un beau papier sur lequel est imprimé l’exquis cadavre de ce versus. Tout ça empaqueté par les petites pattes roses des Ragondins Mondains.
Dogme