HAMS! n°7

 

 

 

 

Ci-dessous vous pourrez trouver des chroniques musicales, fanzineuses et littéraires. La présence du médeciniste panbagnatophile Philipe Protin dans ces colonnes n'a malheureusement pu se faire, celui-ci ayant un contrat exclusif de cinq ans avec Le Petit Echo de la Corniche-Bellevue.

 

** Chroniques musicales **

Agent 86 : Panorama (Compilation CD Maloka / Celia / Disque Boislève ; 2000 [1985 / 1991] ; 75' ; 33t.)
Parmi les très bons groupes américains d'il y a peu, voici Agent 86, l'ami des red necks, du FBI, de l'armée, des vivisectionneurs et de la pénitenciaire. Ce disque de pur punk est conçu singulièrement car à rebours des dates de composition ; cela fait que plus il défile, plus je l'apprécie, aimant surtout les compos puissantes mais pas bourrines (Break down the walls, Amerikan way) et surtout des petits bijoux de flegme comme Reason to roam ou Arcata Police. Une reprise de DOA est au programme. Le livret propose, outre les paroles en anglais, le regard, attachant, de chacun des trois membres du groupe sur celui-ci, dix ans après. Une ressortie à ne pas laisser passer.

[Victor]

Apocalyptica : Inquisition symphony (CD Polygram "Mercury" 558200-2 ; 11 t. ; 1998 )
Formation peu courante et qui n'est plus à présenter mais que, par prétérition, je dépeindrais comme un quatuor finlandais de violoncelles jouant un répertoire issu du métal (death principalement ici). La transposition à cet instrument peu usité chez les bardés de cuir à frisettes apporte une touche originale qui donne une musique laquelle, si bien sûr elle évoque son style d'origine, a une couleur propre, que n'altèrent en rien les grincements accentués et les tapements sur table d'harmonie et caisse de résonance. et qu'on retrouve chez d'autres formations ayant tenté l'expérience (je pense notamment aux Balanescu et à leur retranscription de Kraftwerk et de Talkin' Heads). Ce qui passe le moins est, à mon goût, les solos de gratte originaux et surtout les passages lyriques, qui n'ont jamais réussi aux métalleux de toute façon à moins que le fait d'avoir connu votre premier bécot sur Still loving you vous le consacre à tout jamais au panthéon des chefs-d'œuvres de la musique populaire. Les morceaux les plus accomplis demeurent sans nulle doute les adaptations de Sepultura (le titre éponyme extrait du mythique album de 1987 et Refuse / Resist) et les compositions originales du leader d'Apocalyptica, Eicca Toppinen (et non pas Taupinette), notamment son M.B., furibard et lourd (et qu'il serait intéressant, inversement, de reprendre à la guitare électrique). Deux autres trucs prenants restent aussi à glaner dans le tout : Domination, de Pantera et For whom the bell tolls, de Metallica, dont les autres reprises sont à jeter aux orties (avec les originaux aussi, Metallica n'ayant pas produit bézef de valable depuis les années 90 et son nullissime "album noir") .

[Victor]

Bloodstains across Sweden (compilation LP Bloodstains BS004 ; 1977 / 1983 [1997] ; ~ 40' ; 13 t.)
Un bon disque que cette compilation (il faut en effet rappeler que les pêches sur les Killed by DSK et consorts ne sont pas toujours faramineuses) qui va chercher en Suède, le pays des autostoppeuses sixties et de Bergman, quelques uns des premiers groupes rrelevant de l'appellation "musique punk". J'y ai apprécié tout d'abord Kriminella Gitarrer (Le gosse de Sylvie), les Rude Kids (Les mickeys sont un ramassis d'enculés de leurs mères) et Glo (Nerf), avec leur punk-rock nerveux (tiens donc !) et carrément corsé pour les premiers eu égard à l'époque. Bon classique aussi avec Brulbajz et leur Eåp (et pas EPO, t'es pas aux Jeux Olympiques !) qui décape mais la palme du rire, c'est à la chanteuse de Mizz Nobody (Infecté) qu'il faut la donner qui chante devant des zigouigouis dignes de Gérard Delahaye ou de la bande-son de Chapi-Chapo. Certaines productions sonnent vraiment d'époque tel le Heil Hitler des Bugs (va t-en chanter ça maintenant !), des gamins de treize ans à peine assez grand pour conduire la Saab et chasser le glouton ! Idem pour le No No's des Vicious Visions, qui tire vers Suicide par ses synthés Bontempi. D'autres n'ont carrément pas trop grand chose à voir avec le style de départ même si ça s'écoute sans peine et c'est le cas de Blödarna qui nage dans les volutes du psychérock anglais 67 (Pink Floyd, Iron Butterfly). Beaucoup de provisions à ramasser dans cet opuscule de la célèbre collection. Un autre point de vue et tout aussi important que la plupart des compilations trouvables sur ce pays, qui tournent d'abord autour des pâtres flûtistes comme Mob 47, des dandys rupins (Voice of a Generation) ou des musiciens radicalement anti-américains (Millencollin), etc. .

[Victor]

Dimmu Borgir (CD Nuclear Blast NB247-2 ; 1997 ; 10 + 1 t. ; 57')
Ce groupe danois, relativement célèbre maintenant, tape dans le genre 90's qui fait causer dans le coin et vendre du packaging satanique au Virgin Megastore, j'ai nommé le black-métal. Chez Dimmu Borgir (les "châteaux brouillasseux ?"), les visages d'augustes peinturlurés - mais en plus méchants - sont de rigueur, avec gros chant caverneux, batteur épileptique et synthé new wave pour la panoplie. Il y a cependant des trucs à glaner, une fois qu'on omet de se pencher sur les textes (style "j'en avais marre de torturer toute la maudite journée au nom du Diable, alors j'ai été m'enfiler un verre de sang frais avec une goule lépreuse à l'auberge fantôme du coin, on s'est sacrifié une ou deux vierges chrétiennes en invoquant Yggdrasil puis je suis reparti parce que bon, vu l'heure, il fallait que je rentre à mon caveau donner à bouffer une boîte d'ossements humains à mes corbeaux moisis recouverts de sphaignes. En plus y avait une messe noire sur MedievalblacksnakeTV le soir-là, alors...". De bonnes ambiances métalisantes et gothiques parsèment certains morceaux (Relinquishment of spirit and flesh), parfois remarquables (Spellbound (by the Devil), Tormentor of christian souls) et aux changements de rythme éprouvés (Entrance). Un classique du genre mais également une bonne approche pour qui voudrait.

[Victor]

The Drones / Adolf & the Piss Artists : Get sorted Tour' 98 (EP 45 Revolutions 45-R4 ; 2 + 2 = 4 t. ; 1998 ; 12')
Deux chansons live chacun et le tour est joué pour ces deux groupes bien bons dans leurs styles respectifs. Pour les Grands-Bretons de the Drones, c'est du rock qui carbure bien, comme déjà, dans les années 70, et ça le fait sans problème, notamment le deuxième titre Sad to sad. Pour les Amerloques pisseux, il s'agit d'une reprise de Where are all the bootboys gone de Slaughter & the Dogs et qui, sans être transcendante par rapport à l'original, tient ma foi bien la route, tout comme This is your law, morceau suivant. Un bon 45-t. de rock / punk-rock en conclusion.

[Victor]

Haridas Greif : Sonate de Requiem (CD Pierre Vérany, coll. "Agon" PV720009 ; 1993 [enr. 1996] ; 27' ; Christophe Henkel [violoncelle] et Haridas Greif [piano])
Greif a aujourd'hui cinquante ans et en avait vingt-neuf lorsqu'il composa cette sonate en hommage à sa mère récemment défunte, sonate qu'il récrivit et réduisit de presque moitié pour la recréer définitivement en 1993 (par l'auteur et le violoncelliste ici présent). Contrairement à ce que son titre pourrait laisser entendre, cette œuvre est loin d'être funèbre. Un premier thème au piano qui fait penser à Mahler (il s'agirait apparemment d'un emprunt à une ballade américaine du XVIIIes.) cependant que le violoncelle se morfond dans le grave, sert d'amorce à un discours continu dans des timbres rappelant le Fauré de la fin, celui du Quatuor à cordes. Accélérations, apaisements et plénitudes (vers 13' ou 23'40'') se succèdent parmi deux ou trois leitmotivs du clavier (dont une danse en toccata commune aux deux instruments). D'inspiration mystique et méditative, cette relativement longue pièce d'un seul tenant est empreinte avant tout d'une récollection qui évoque plus certaine mazurka de Chopin ou les Heures Persanes de Kœchlin que les œuvres semblables de Bach ou Liszt. La prise de son est particulière qui, d'une prise studio moelleuse au départ, tourne vers un son de concert assez réverbéré au milieu et s'achève comme elle a commencé. Je ne sais pas si c'est volontaire mais on est en droit de se demander ce que cela apporte à une pièce si belle et accessible qu'il est regrettable qu'il n'y en ait pas plus ainsi dans la musique d'aujourd'hui.

[Victor]

Mort ou vif (compilation CD Sauf Imprévu 003 ; 70' ; 29 t. ; 1989 / 1999 [1999])
Panorama de dix années de rock dans la région stéphanoise, ces vingt-neuf titres très hétérogènes montrent de belle manière la diversité qu'un seul endroit peut avoir sur une durée moyenne. On a droit ainsi à du punk bourrin (Bad Taste et Pedestrian Crossings, à la voix inouïe, tout droit issue de l'alcoolique maîtresse de Stacy Keach dans Fat City, de John Huston), du hard-core (Parle pas comme ça de ma mère, Burn on Ice, Uneven), du grind (Cumshot), des touffes rousses (Robert Herbin), du coldwave/jazzrock (Skl'Emst), des passes (Genghini), de l'électro-indus (Meurs et ressuscite), du punk-rock (Internal Exil), des tâcles (Larios), de l'alternatif (Swimming Gregories), des coup-francs (Platoche), du rock 70's à la Factory (Funny Shakin'Stuffs), du rock 70's tout court (Purple Pills Eaters), des têtes (Paganelli) et du rock-rockab (HDF). On trouve même à la fin un groupe gag maxinullos à la fin (Les Hommes courant d'air), comme dans la compile bretonne Breizh Ardente. Le défilement des plages est original puisqu'en gros, l'on remonte le temps avec elles. Une très bonne initiative que cette compilation, au livret par ailleurs impeccable (historiques des groupes + photographies + dédicaces sur le ballon).

[Victor]

Night At The Hop - Ska & Reggae Dancehall Classics (compilation CD 69 Rds ; 48' ; 17 t. ; vers 1967 sqq. [2000])
Quelle est bienvenue cette réédition, sous une forme à peine changée, de la compile DJ Choice "She's my scorcher" avec la vénus stéatopyge sur la chaise, que de la musique jamaïcaine des années 60 (early reggae, rock steady, soul du cru) ! Du caviar d'orgue, de sections cuivrées, de basse et de contre-temps pour les esgourdes, vous dis-je et, comme je serais bien malaisé de détailler chaque morceau (y a des éminences dans le tas en plus), je vous balance en vrac ce qu'on peut y retrouver de bien, non, d'excellent : Ansel Collins & the All Stars, Al Barry, Derrick Morgan (un top !), Joe Gibb's All Stars, Lloyd Robinson, les Boover Boys (l'A.G.G.R.O. entêtant !), les Wailers, les Pioneers (que des inconnus comme vous pouvez le constater), les Gaylettes (qui reprennent le tube de Dusty Springfield), les Pyramides, E. K. Bunch (assez antillais, je ne connaissais pas ce personnage), Desmond Riley et Derrick Alcapone. Je vous ai en fait réciter tous les participants sauf une reprise de Sha la la aussi mauvaise que l'original. Une galette de très haut niveau, n'était le manque d'informations total sur les musiciens dans cette passionnante parution et la disparition de la déesse en couverture, remplacée qu'elle est par l'image assez courante - d'où sort-elle? on la rencontre souvent - du skinhead rosbif qui boit sa pinte.

[Victor]

Our Generation (vol. 5 & 6) (compilation CD Earquake ; 72' + 72' ; 27 + 27 = 54 t.)
Une réédition du côté du Ballon d'Alsace au bénéfice entier de prisonniers politiques (savoir les membres d'Emgann coffrés depuis plusieurs mois sans jugement, merci Guigou qui boit du champagne en assistant aux défilés Dior). Remplis jusqu'à plus soif avec en plus des bonus issus du volume 4 de la même collection (mais sans livret), ces deux disques, en général punk, permettent de (ré)écouter entre autres (vol.6) Setback, Free the 4, AOS3 (ska), Weak (hxc), Melmor (punkfolk), Jungle Safari (surf), Virus (grind) et Sex Bomba ainsi que (vol.5) Trom, PHB, Obnoxious, Dickheads, Rawness, Sanity Assassins, Battle of Disarm, Crux, Dharma Bums, Psychopatas, Dickheads et Caras de Hambre. Rassurez-vous, tant d'artistes d'un seul tenant n'ont pu être rassemblés par Crozemarie et votre thune ne servira pas à refaire la cheminée. A choper sans plus attendre si vous ne les avez déjà...

[Victor]

Syliphone : Quarantième anniversaire / Guinée (vol. 1) (CD Syllart 38201 ; 65' ; 12 t.)
Je n'ai hélas aucun renseignement sur les artistes de ce disque puisqu'il n'existe pas de livret joint (du moins dans le volume 1). Qu'y entend-on? De la très bonne musique en l'occurence, sans doute issue majoritairement des années 60 et donc de Guinée comme indiqué dans le titre. Je ne puis de plus pas tirer grand-chose des textes eux-mêmes vu que ma pratique du malinké ou du peul n'est pas folichonne et même néantissime. Le groupe qui m'a le plus marqué est le Super Boro Band qui enflamme l'auditoire de son Sol I Si Sa à l'introduction reggae. Kalum Star se laisse entendre aussi de même que le magnifique Nina des Ballets Africains, plainte mélancolique doublée de chants d'enfants. Dans une veine proche, on trouve le très beau Fabara de Bembeya-Jazz et l'on peut autrement retenir l'Ensemble Instrumental, le groupe Jardin de Guinée (assez traditionnel), Camayene Sofas, l'Horoya Band et Kade Diawara. Un bien bon disque rouge-jaune-vert sur lequel on aurait aimé avoir plus d'informations.

[Victor]

Valse Triste : Hermovasara (EP Trashcan Rds CAN26 ; 1997 ; 8 t. ; 10')
En direct de Finlande avec son nom français, un groupe relativement connu pour qui le punk signifie des brûlots d'une minute (ou deux les jours de fête) qui poussent inexorablement les rennes à teindre leurs bois en vert et à boire autre chose que la flotte des Mille Lacs. Un chant crust, des instruments débridés, ah, quel bon déluge sonore, mes amis, mais que ne semble pas vouloir goûter les membres de la police canadienne sur la jaquette, les doigts enfoncés jusqu'à la garde dans leurs trompes d'Eustache. Tant pis pour eux, car de la bonne comme ça, ça se déguste près de la cheminée, le soir, une coupe de Kriter Brut de Brut à la main, en causant par exemple avec Christian Barbier ou Frédéric Beiguebéder, le BHL du XXIesiècle (en moins con peut-être mais on ne peut pas toujours avoir le grattin).

[Victor]

 

 

** Chroniques fanzineuses **


Abus Dangereux n°67 : cette "face" estivale de la célèbre parution bordelaise aussi connue que la bouillie affiche cette fois en couverture le nouveau Rémi Bricka de l'Hexagone, j'ai nommé l'artiste maison et talentueux Petit Vodo. En fait, à l'intérieur, c'est à la narration de sa tournée anglaise que l'on a droit, finement écrite et où les aléas d'une tournée de rock'n'roll sont bellement dépeints. Le reste, passé les embryons d'intervioux de Garrison (pop US), de Pigz will Toast (rock original de Toulouse), concerne Children (hardcore tarbais), qui se la pètent un tantinet, les sans-comparaison The Ex, deux pages sur King Tubby, l'exhibitionniste américaine Texas Terry, un très bon papelard-entretien sur l'électroman Mike Harris de Scorn (le son Possible Rds!), les Get Up Kids (qui n'en ressortent pas grandi : à la question niaise "Duran-Duran ou Devo?", ils répondent les premiers!!), Hellsuckers (bien marrants, du garage de l'est de la France), les très-films de genre et littéraires Flaming Stars (rock de Londres) et l'ancien Jet Boys et vieux briscard Freddy Lynxx. Au centre du journal, on peut lire un singulier article d'une journaliste de Viva quant aux méfaits des gaz toxiques sur les soldats français et occidentaux engagés pendant la Guerre du Golfe, un sujet qui remonte à la surface ces temps-ci. Bon, évidemment, je me doute que ces gars qui ont dégusté au gaz moutarde nouvelle formule ("ne pique pas les yeux!") ne doivent pas être ravis de cracher des chicots comme d'autres des noyaux de prunes... Mais quoi, qu'allaient-ils faire dans cette galère? La journaliste nous dit, sortez les mouchoirs : "On leur avait matraqué le crâne que c'était au nom des Droits de l'Homme [exact, fait établi], ce qu'ils ne savaient pas, c'est que c'était pour des émirs corrompus et obscurantistes, pour des généraux avides de puissance, pour des capitaines d'industrie de l'armement qui font tourner les économies occidentales, pour le prix du baril de pétrole sur le marché mondial dominé par la bannière étoilée". Ah ... Mais oui, j'oubliais, tout à fait, c'est avéré, personne ne sait que les tyranneaux arabes du coin sont corrompus et obscurantistes, les prostituées russes ne sont chez eux que pour admirer l'architecture des grands hôtels, ils coupent les mains aux voleurs uniquement pour leur collec et encagent les visages des femmes pour qu'elles puissent plus tard bosser dans le grillage à Leroy-Merlin ; et puis les généraux dédaignent certes très souvent le pouvoir, ça les débecte, ils sont aimants et humbles ; les capitaines d'industries de l'armement demeurent pacifistes et abhorrent les conflits guerriers ; les USA étaient de toute façon une force d'appoint non manipulatrice dans ce conflit et n'avait aucun intérêt sinon le désintéressement pur... Enfin donc, du n'importe quoi!! Loin de moi en effet l'idée de pleurer sur les trouffions qui sont partis là-bas, même appelés (et sauf exception d'obligation, bien sûr, parce qu'à l'armée on peut toujours arriver à t'obliger...)! S'ils sont soldats, c'est pour faire parler le plomb dans la bidoche et le gaz orange dans les poumons. Le mec qui fait soldat pour ne plus être au chômage et pour bouffer, c'est un gros hypocrite ou un gros abruti ou un gars qui veut clairement y aller et alors, y a pas à se plaindre. T'es à l'armée, tu n'es plus un civil, tu es sans droits, tu n'es plus rien d'ailleurs, t'es juste un soldat. Ces mecs-là, ils n'avaient qu'à réfléchir avant d'être cons. Dans l'article par contre, les populations civiles irakiennes passent à l'as ("ah ouais, mais c'est pas pareil, on n'a pas vraiment de témoignages", c'est vrai, les enfants et les vieillards clampsés ont toujours eu peu de goût à la prolixité...). On peut donc rester très étonné d'un tel article (sans présentation) dans Abus Dangereux, qui vient comme un cheveu sur la soupe. Si c'est pour se donner bonne conscience, c'est à côté de la plaque et bien en plus. A quand le splitzine Abus Dangereux / La Croix avec en cadeau un skeud Pleurniche Circle Rds? Autrement, de manière plus terre à terre, les principaux reproches qu'on peut faire à ce fanzine sont toujours les mêmes : jouer au surbookés (même si ça peut être vrai), une VPC-FNAC pour Rothschild, une typographie police taille 2 qui vous envoie direct à l'ophtalmo - alors qu'ils ont des moyens - et surtout des titres paronymiques à la Télérama, style Almanach Vermot non popu (Tubby Free, Chérie fais-moi peur, New kids on the rocks, etc). Mais bon, faut pas chier dans la colle non plus et on a droit tout de même à de nombreuses chroniques disques poprock et zines - et, las!, à beaucoup de pub aussi - ainsi qu'à l'habituel miniCD démonstration offert avec le "magazine". A l'écoute, un seul titre de valable, c'est Pigz will toast (qui balance un électro jazzi pas banal qui évoque le hardcore à la Liquid Laughter). Les autres groupes : The Flaming Stars, Hellsuckers, Garrison (une merde) et Oslø telescopic. The address, washout? BP15 33031 Bordeaux cedex, Sir! The price : 25 FF (40p. A4), Sir! So, Johnny, you're a good boy, even whithout teeth and lungs! Thanx, Sir, yes, Sir!

[Victor]

ARF! n°2 : Ce zine est l'émanation du fameux groupe P4Alabribus. Il est distribuée avec leur skeud "On va tous mourir" mais je pense qu'il doit être disponible séparément si vous le leur demandez gentiment (Dites : "Bonjour, je suis gentil, je voudrais Arf 2! et je viens de la part de Felipe Gonzales". Vous êtes sûr de l'accueil). Chaque article est en relation avec une de leur chanson mais peut se lire sans connaître celle-ci. On a donc des sujets tels le service militaire, la corrida, la geôle (via le témoignage du prisonnier noir américain Georges Jackson), la consommation, le policier qui découpe sa femme (décidément, au moins le quatrième cas que je lis sur une année! Engage-toi dans la police mais aiguise ta meule avant!) et un texte (On va tous mourir, le plus réfléchi du zine) sur le fait qu'être une goutte d'eau n'implique pas de baisser la tête. Tout cela est complété par un compte-rendu d'assises sur Florence Rey (dont je n'ai pas saisi l'intérêt à part qu'il aurait pu être écrit dans Le Parisien, dans une optique bien sûr différente) et surtout un article bien informé et poussé sur la situation politique d'un pays terrifiant, la Colombie actuelle (merci Washington et le Vatican!). Un truc qui m'a fait exploser la rate, c'est la photo détournée en bas de la page 21 sur les Aborigènes et les Sales Majestés! Un must! Une petite remarque néanmoins sur l'abus caractérisé du verlan par les rédacteurs (à quand l'utilisation du javanais, ça fait peuple aussi!). Un survol de quelques disques achève cette feuille de chou plutôt à gauche dans ses idées. Une bonne et rapide lecture en tout cas et qui est dispo chez les P4, appartement 20, immeuble A7, résidence Ayous, 1, rue Jules Vernes, 64000 Pau (3x3F, à vue d'œil mais gratos avec le skeud, lequel vaut le détour alors pourquoi s'embêter...).

[Victor]

Askabiol + n°4 : Du haut du tertre Notre-Dame, Sylvain Askabiol et Nicolas NCA s'appuient au rebord de leur fenêtre : "Ma doué, fait chauw!" s'exclament-ils en soulevant leurs casquettes respectives et après cette constatation d'ordre météorologique, ils lampent cul sec leurs verres de rouge Duralex et s'essuient la lippe du revers de leurs chemises à carreaux. Après leur mérienne, ils se lèvent et, ayant fait honneur à une autre bouteille de Vieux Monarque, ils s'attèlent à la tâche en mangeant un bout de lard. C'est que ce n'est pas une simple affaire de rédiger une feuille d'infos. Nicolas dit : "Moué, j'vas faire les assemblées de roquenrolle! " et Sylvain de surenchérir : "Moué, j'allions d'mander à aüt-ci de Trauma Social, des gaillards d'la capitale, puis, après r'ssion, j'écriverrions les entrefilets sur les gazettes musicales et les dikses de cire pour le grammophone!". Trois heures plus tard et alors qu'un jars vient d'entrer dans la pièce, Nicolas crie : "J'suis archi-quiet, par saint Ronald, on aï tout bu le casier, l'ami Sylvain ! ". Le vin les a rendu si gais qu'ils en oublient d'inscrire leur adresse à la plume sur leur journal. Après, ils descendent en ville et vont aux Imprimeries Briochines. L'imprimeur en chef, Monsieur Carlo, leur donne un bon pour l'impression : "C'est cent sous!", dit-il avec morgue aux deux compères avinés. "Cent sous...!", soufflent les deux compères en se tenant les côtes, estomaqués par la chèreté de l'ouvrage. "Ah, ben on nous y reprendra ! ". Le rouge envahit leurs faces qui de rubicondes passent au violâtre, ils voudraient se révolter et hurler leur courroux mais le soleil tombe et il leur faut encore aller au bureau des Postes et Télégraphes car la malle-poste part bientôt. La chose faite, un pourboire ayant été glissé dans la main de l'automédon, ils restent à bayer aux corneilles devant la porte cochère de l'institution. "Que faire?", demande Sylvain, se permettant par ces deux mots sans doute une fugace allusion à l'ouvrage de Vladimir Illitch Oulianoff, un Russe qui fait du bruit dans le Landernau politique. Au loin, à un moment, on entend des ris éclater et des fredaines jouées par des violons s'élever du crépuscule. "Ouïs-tu don' les sonoux au cabaret ?", s'enquiert Nicolas. "Oui-dame !" répond Sylvain. Et ils s'en vont, le cheveu rare au vent sous le couvre-chef, vers cet établissement honni des gens honnêtes mais où amusement, boisson et filles faciles sont toujours présent pour la joie des rudes hommes du cru. (1, avenue du Tertre Notre-Dame, 22000 Saint-Brieuc-des-Choux, Côtes-du-Nord ; prix pour l'envoi :1 timbre postal à l'effigie du Président Loubet).

[Victor]

Barricata n°5 : sous le couvert d'un bolchévique (le fameux avec le couteau entre les dents), le zine du RASH de Paris est agréable à lire par sa mise en page claire. Evidemment, comme c'est orienté à gauche à fond et de manière militante, la parution ne se départ pas d'un côté ricanement de gros méchant qui niquent les méchants de l'autre bord mais la plupart des causes soutenues ou combattues l'étant vraiment à juste titre (FTP, prêt gratuit des bibliothèques, anti-geôle, anti-extrême droite, anti-curetons) même si parfois ça débouche sur du sectarisme politique (tout ce qui n'est pas rouge ne trouve pas grâce à leurs yeux et oreilles [comment tu fais pour lire Orwell, Céline ou Blondin ou écouter Brassens ou les Beatles si tu rejettes tout ce qui n'est pas anarcho-communiste militant : ton monde doit être tout petit...]). Certaines illustrations à la Père Joseph ne sont pas trop de bon goût non plus, 'fin bon, c'est le trip maison, on ne va pas se bloquer là-dessus. Pour le contenu, les rédacteurs ont obtenu des entretiens avec Fermin Muguruza (uniquement politique et sur l'indépendantisme basque), Unity Rockers (fanzine ska éteint récemment ; l'intervyew est bien meilleure que celle dans On a faim! n°8), Protex Blue (intelligentes réponses) et un activiste redskin canadien. Tout cela est complété par des notices musicales, littéraires et zineuses, un topo sur le hooliganisme anglais (bien fait) et un autre, bref, sur la Commune. A commander chez Crash Disques, 21 ter, rue Voltaire 75011 Paris (10Fpc, 44p. A5)

[Victor]

Les Caves se rebiffent n°4 & 5 : Hello, voici de retour le meilleur minizine de France et de Navarre, blindé à 200% d'avis artistiques en tous sens (cinoche, BD, littérature, musique et même étiquettes zythumiques détournées par les porcelainiers punks de service). Ces sacripants ont attaqué cette fois Tiburce Oger (auteur de la série des Gorn, pas trop ma tasse de thé), Negative IQ (mais quand ma télé sucera-t-elle donc?) et Fred le Râleur qui nous parle de sa collection de dentelles de Coutances, du problème de la chèreté de la vignette sur les 4x4 ainsi que de sa passion pour le bridge contrat, sport dans lequel il excelle puisqu'il a terminé premier au tournoi d'Ouistreham. Ce gentlemanfarmer normand, habitué des Planches de Deauville, doit repartir prochainement tirer le rhinocéros blanc à Sumatra ou faire de la plongée dans la mer des Célèbes, il hésite encore. Dans le n°5, grande révolution limougeaude car du stade de minizine, les zélateurs de Boney M que ne laissent pas d'être ces Biffes qui se recavent, sont passés au stade du zine, avec tout ce qui s'en suit (poils sous les bras, développement des glandes mammaires et attitude rebelle marquée par rapports à leurs géniteurs). A vrai dire, c'est même plus un zine, c'est un vrai jeu de pistes qu'ils nous ont là concocté puisque les feuilles se divisent en 1/3 - 2/3 par colonnes et que les textes ne se suivent pas tout le temps. Pour l'orientation générale, c'est toujours la même : BD, littérature policière, cinéma, oi! et punk. Chaque page est scellée de la photo d'une star du beau sexe (Linda de Souza, Marie-Paule Belle, Véronique Sanson, Jackie Quartz et même Gloria Lasso qu'ils ont été recherché dans leurs archives lors d'un passage à Ages tendre et tête de bois). Représentant du septième art, voici leur ami troubadour Jean-François Gareyte, un homme qui bouffe des tartes avec Jean Yanne, et dont l'interviou est précédée de celle de Didier Daeninckx, qui expose son parcours. Pour la musique, c'est les Ordures Ioniques, Québécois keupons, les Ricains Templars (qui lisent les livres de Jean-François Gareyte), ceux-ci ayant déjà été interrogés par Benjamin Une Vie Pour Rien?, lui-même gratteux de Lutèce Borgia (streetpunk parigot) et qui s'étend sur savoir si son groupe est le sien ou celui des autres membres du groupe (attention, ça plaisante pas !). Enfin, coup de bol, Louis la Guigne est au rendez-vous pour finir avec son paternel, Franck Giroud (justes propos sur la Guerre d'Algérie). Le tarot est désormais de 5F (Ah, l'inflation !... Qui la jugulera? A l'aide, Bérégovoy, toi le bras armé de la sociale-libéralocratie !) pour 16p. A5 et 26p. A4 écrites petit (Do It Yourself-CSP, BP135, 87004 Limoges Cedex19)

[Victor]

Coexistence n°14 : le duo alsacien spécialisé dans le hardcore continue son petit bonhomme de chemin fanzinesque. Quatre aintèrviews cette fois, deux en France, deux à l'étranger et, côté hexagonal, l'intérêt se porte sur deux "activistes" (quelles machines infernales préparent-ils donc?) de la "scène" (décidément, y a beaucoup de monde dessus, ça va se terminer à la Kargols), savoir Vincent Troplain (Emergence Distro) et Fabien des Disques Molaire (avec des questions et des réponses intelligentes, notamment sur la violence et les similitudes entre anarchisme et libéralisme). Pour le reste du monde (comme dans les sélections "prestige" au football), c'est un groupe teuton nommé (accrochez-vous) Kuwanlelenta et un autre de Singapour qui s'intitule Red Kedge ("Ancre à jet rouge") et fait un petit topo sur le racisme entre Chinois et Malais dans son pays, dont la jeunesse, semble-t-il, s'apparente beaucoup à celle d'une ville américaine (voire européenne) - du moins, vue sous l'angle de praticiens de la musique hxc sxe. Mais la cerise sur le kougloff de ce numéro de Coexistence réside dans la place accordée au rédacteur anarchiste tourangeau répondant au sobriquet de Père Andry. Celui-ci n'a pas sa langue dans sa poche et sa mise au point sur le maintien sous forme d'ersatz de cette saloperie qui a pour nom service militaire, ainsi que sur l'utilité des manifs d'extrême-gauche vaut son pesant de cacahuètes et de ":) ". Et puis, comme à l'accoutumée, des chroniques de disques et de zines venus de tout l'Occident ou apparentés (Europe, USA, Asie du Sud Est) ainsi que des images de groupes de hard top ringardos, le tout en 20p. A5 vraiment plaisantes et contre un timbre à 3,50F à Laurent Chopard, 4, rue Julien Dubois 90300 Cravanche.

[Victor]

Dynamite n°11 & 12 : après avoir cravaché dur sur ses concours de juin (sujet : Que pensez-vous de la compagne de Gari Bushell en couverture de Worst n°7, le fait qu'elle fût ostensiblement nue a-t-il été utilisé dans un but esthétique, subversif ou encore mercantile?), Yanic revient par deux fois à ses chères amours de bâtons. Outre les habituelles petites chroniques (journaux, musique), ces deux numéros se partagent une discussion entre le rédacteur et le boss de Combat Rock / Worst, pas toujours convaincante pour ce qui est de se dédouaner d'avoir tendu la sébile aux institutions très officielles du cru et quant à la place minuscule accordée aux groupes français dans le zine. A part ça et la question-réponse sur les femmes à poil bien beauf (question : "Pourquoi avoir mis une jeune fille dévêtue dans le zine?", réponse : "Pour moi, le nu est naturel, les animaux eux aussi ne porte pas de vêtement, cela ne me choque pas, d'ailleurs j'adore mettre ma bite au fond de mon bock"), le reste est intéressant puisqu'il présente une vue du punk opposée mais pas moins légitime que la tendance P4 ou hxc sxe ou crustichoc qu'il est un peu plus courant de lire dans la presse marginale. Dynamite, c'est toujours 8p. A5 contre 2,70 F à Meyzieux (69330), 7, rue Jules-Massenet, chez Yanic Bilien, par ailleurs propriétaire du label Casper-le-Fantôme qui sortira bientôt - le 31 septembre prochain - un split CD Ironix / L'Homme Invisible (cela ne saurait tarder! Incessamment! Sous peu! Touche-le pas, il brûle, il sort tout juste du four!... Ah merde, fallait pas le mettre dans le four ??...).

[Victor]

Earquake n°70 & 71 : petite baisse de régime pour ce septantième numéro d'Earquake, sans doute fait un peu plus rapidement que les autres car les pains (coquilles et fautes) sont légion, chose bien rare pour cette parution bimestrielle et dont on n'ose pas s'imaginer le boulot qu'elle doit représenter pour être menée à bien vu que régularité et qualité en sont les maîtresses qualités. Comme il faut bien des exceptions à la règle, je dois dire qu'à part l'interviou du bassiste de Distraught, groupe crust new-yorkais inconnu à mon bataillon, le reste ne m'a pas trop emballé, notamment les entretiens avec l'asso Le Cri de Ralliement et celle des Québécois des Charognes. A la fin, les vedettes hardcoreuses de Converge discutent de leur haine anticapitaliste devant une frite, un Coca et un Superbigmac mais bon l'essentiel, c'est le principal, hein, et aussi qué calor!, comme disait Lee Perry, le jour où il a cramé son studio, Earquake regorge encore et toujours de chroniques qui font qu'il vaut cent fois plus qu'un Rock $ound Hor$ $érie 100%Tendance du moment. Le gars Frédéric est qui plus est bien mâtin car il n'a pas résisté à détourner la chanson Sono Mondiale des Partisans pour sa propre gloire ( je cite : "Que tu viennes de Madrid, Chicago ou du Ménil au Thillot, Que tu lises El Pais,le Herald ou Earquake, Que tu chevauches un alezan, un camargue ou un ardennais, Je sais que tu schlittes comme moi, on vient du même pays". En plus, ça rime même pas, c'est une honte...). Deux mois plus tard naissait le n°71, arborant un large sourire et le guitariste de Zero Tolerance en couverture. Un groupe de vieux keupons londoniens qui ne s'en laisse apparemment pas conter. Earquake fait alors le bilan de la tournée européenne à la Pierre Richard d'Indecision (HxC US), et le bilan du groupe lui-même d'ailleurs puisqu'il n'existe plus. Après ces vedettes, en voici d'autres : les Transalpins des années quatre-vingts, Nabat qui évoque la scène oi! italienne d'hier et d'aujourd'hui sans se prendre le chou. Pour terminer, le Vosgien se pose à Saint-Pétersbourg et taille une bavette avec Spitfire, des moujiks à damier aux propos très intéressants (sur le ska et les skins chez eux et des choses telles "Le public est très politisé à l'Ouest, en particulier il y a beaucoup de communistes, mais je ne crois pas qu'ils auraient aimé vivre chez nous il y a quinze ans..."). Tu m'étonnes... (3x3F pour 28p. A5 à Frédéric Leca, Le Ménil, 88160 Le Thillot, man dans le 8.8). Dernière minute ! Je viens de recevoir le n°72 maillot jaune (pas de place pour une chronique ; toujours super ; sommaire : Riistetyt (!), The Oi!strs, Madness (!!), Tutti Pazzi ; chronique dans le HAMS! n°8 [décembre] ; un œil toutefois sur Ex Oblivione ci-dessous).

[Victor]

Ex Oblivione n°1 : nouveau venu dans la presse alsacienne et prolongement de feu Outlaw, ce zine est d'une bonne facture graphique, concis et aéré. Il se divise en deux parties, l'une faite d'entretiens, l'autre consacrée à l'écriture. Cette dernière consiste en une page de citations diverses, une bibliographie du roi Brautigan, deux ou trois sur des impressions et avis quelque peu flous et hermétiques sur l'écriture, la vie, etc. suivi d'une nouvelle policière inaboutie et bourrée de fautes. Pour les eintervyoux, la parole est tout d'abord offerte à deux groupes powerpop (Drexler [ex-Fake Hippy] et Hebriana), aux propos somme toute banals, malgré une nette pertinence du questionnaire, qualité qui fait mouche lorsque s'y colle Frédéric Leca, rédacteur en chef et patron du groupe de presse Earquake (le bien connu, cf. supra). C'est le point d'orgue d'Ex Oblivione. Le Vosgien corse (il le précise lui-même) donne son idée sur de nombreux sujets (l'engagement - politique ou pas, l'underground, son état et son évolution) avec un discernement et un recul assez remarquables et qui ne vont pas forcément de paire avec l'âge. J'en retire juste un chouïa, histoire que vous vous empressiez d'attraper ce canard : "[Economiquement, la scène underground] pourrait être un mini-laboratoire, une mise en pratique de façons différentes de partager ce qui est produit, mais hélas, trop souvent c'est simplement le capitalisme en plus petit : prix de revient, marge, achat, vente, retour sur investissement... Je comprends les désillusions de nombreuses personnes. Mais le potentiel est grand, la scène est à nous et on y échappe à pas mal de contrôle, c'est déjà bien, mais il ne faut pas s'en contenter. Je crois que la propagande politique la plus efficace, c'est l'exemple." Qui dit mieux ? Et voilà, c'est fini, Ex Oblivione, c'est chez Jean-Philippe Chevin, 14a, rue des Cerisiers, 68320 Urschenheim (9Fpc ; 24 p. A5).

[Victor]


L'Heure-Tard n°27, 28 & 29 : le fanzine "écho-érigé" (qu'on m'explique cette formule, qu'est-ce que l'écho érige? Erigé-je moi-même? Fallait-il, Gérard Majax, que pour des échassiers ou jars jais, vous érigeassiez ces jattes que jà, scié, vous érigeâtes sur l'île de Jatte ?) . Extérieurement, cette revue se rapproche de plus en plus d'Earquake même si le contenu demeure quand même plus proche de la feuille d'infos et moins spécialisée puisqu'il est rare de trouver publication aussi éclectique que L'Heure-Tard. Le 27 démarre sur un coup de gueule contre le monde comme il va, de Didier le rédacteur, bien écrit et bien senti (ex : "A l'heure où des dirigeants de quelque orientation politique dans le monde condamnent l'arrivée d'un dirigeant nazi au pouvoir dans une démocratie (Autriche), des hommes qui se sont battus contre ce même courant ignoble en France sont en prison pour avoir défendu la liberté-même avec des moyens explosifs (FTP)") ; puis suivent les cases avec leurs contenus poétiques ou musicales. Le beau n°28 en regorge également, paré d'un portrait sensuel de Franz Nonnenmacher. Outre les diverses chroniques, poèmes et infos habituels, on a droit dans le 29 à un topo assez bien tourné sur la défense des animaux, fer-de-lance de l'attitude végétarienne et végétalienne (dans quelle mesure et jusqu'où doit-on respecter la vie animale? Encore une fois, c'est comme pour tout, la réponse est dans un juste milieu et non pas dans les extrêmes - CPNT/abattoirs et vegans à l'américaine -). Feuille fourmillante, Le Retard est disponible chez Didier Trumeau, Chemin de Grandchamps 18100 Vierzon, à côté de Bourges.

[Victor]

Meantime n°5 : c'est par des chroniques de concert et une belle couverture ornée d'une non moins belle happy few anarchiste passée au mode franco-belge que l'on entame ce fanzine stéphanois, on ne peut plus lié au groupe de rock Protex Blue (le principal rédacteur n'est autre que le chanteur du combo Small Budget Rds). C'est eux qui avaient sorti la compile Mort ou Vif, panorama réussi de la scène du coin. Le clou du pestacle réside ici dans deux historiques bien torchés et complets des Outcasts de l'Eire et de leurs voisins du nord de l'Angleterre, les Redskins, deux combos capitaux d'il y a vingt ans. Le reste concerne les locaux de l'étape [= autopromotion], Spit (rock mélodique) et Fermin Muguruza (qu'on ne présente plus et qui cause du Pays Basque, du fascisme et de la police ; interviou reprise à Infosuds) ; s'est glissée aussi une BD farfelue, écrite en zyva et de Razib, le même qui officiait voici sept-huit ans à Zomba. Des rubriques musiques, vidéos et BD et fanzines parsèment enfin cette gazette, marquée politiquement mais pas à Démocratie Libérale, et que vous pouvez obtenir (et c'est conseillé) contre 7F pc à Sauf Imprévu, 11, impasse des 5 chemins (attention à pas se gourer dans les chiffres, sinon c'est le facteur qui va faire la gueule!) 42100 Saint-Etienne (26p. A4).

[Victor]

Metropolit@n Audio n°3 : première fois que je mets la main sur ce zine de la Ferté-sous-Jouarre et qui se consacre principalement aux scènes électro, pop et noise. Outre l'absence d'accentuation sur les "e" et le petit "@" du titre pour faire air-du-temps, il est un peu dommage que la mise en page soit par moment un tantinet ampoulée, même si on se doute que c'est pour coller au style évoqué, comme le ciseau et la colle pour les revues punkeuses. L'insert jaune central passe mieux ainsi que la couve rouge sobre d'allure primitive. Au sommaire, voici ce qu'on déniche : les Ruskofs de Fizzarum, les amis de Hint, My Own, les labels Bad Jazz et Rocket Girl (Spacemen 3 entre autres ; la vie d'un label pop de l'intérieur, à lire), Plone (groupe original qui évolue sur des jouets chez Warp), le groupe écossais Akira (où les questions ne portent en rien sur la musique ; vu que c'est très court, quel intérêt de demander : "Ton top 4 si tu achetais du beaujolpif chez Nicolas?", "Comment expliques-tu la nomination de Fred le Râleur à la tête de la Banque de France?" etc. ?), Voice Crack (des bidouilleurs suisses d'origine classique/free-jazz vraiment intéressants qui œuvrent depuis trente ans, en partie dans des installations, je ne connais pas mais ça donne envie d'écouter) et enfin le groupe Suckle (pop écossaise). Une parution enjouée et très documentée qu'on vous donnera contre 15 F à Benoît Sonnette dit le Serpent, lieu-dit La Noue, 77750 Bassevelle (60p. A5).

[Victor]

No Cure... n°2 : un minizine sur La Rochelle qui démarre en s'affichant contre les Cure, c'est No Cure. Ils avouent détester Robert Smith parce qu'avant de le découvrir en photo, le rédacteur s'imaginait que le chanteur popbatcave était chauve et roux. D'où sa déception, d'où le titre... Trois intèrvyoux sont le gros du papelard avec les RIP KC, ici-mêmes interrogés au chalumeau, Toxxic TV (punk-rock de Nantes) et HS, skankeurs rhétais (des potes de vacance à Jospin) qui se réclament de Ska-P (Ska-Prisunic) mais dont les textes ont l'air folklos. Une dizaine de chroniques musicales et zineuses par ailleurs.Un petit zine honnête en somme, dont on demande à voir la suite (9Fpc ; 16p. A5). Un 3 et un n°4 ont dû depuis paraître mais je ne les ai pas encore reçus (ce sera pour une prochaine fois, kids!).

[Victor]

Octopus n°11 : épaisse revue parisienne, Octopus (non, ce n'est pas une revue sur les mollusques) continue son exploration des musiques impopulaires et d'élite. D'entrée, une tribune (commune à d'autres journaux apparentés) et intitulée Lame de fond résonne de manière très verbeuse, confortant les gens de cette obédience dans leur esprit de citadelle. Très captivant est par contre l'entretien avec Michel Bulteau, poète qui côtoya Alan Vega, Richard Hell (Blank Generation), David Sylvain, Allen Gisberg et même Henri Michaux. Attachantes aussi sont les déclarations de Ferdinand Richard, ancien membre d'Etron Fou Leloublan directeur du MIMI (Mouvement International des Musiques Innovatrices) en Arles et du label Stupeurs et Trompettes, qui s'épanche sur le conformisme de la scène impro ; idem pour l'article récapitulatif bien fichu sur le scratch (La masure du diamant). Et puis, en vrac : Ryuichi Sakamoto, les labels Lo Recordings et Run Grammofon, Jean-Pierre Sluys (électroman qui bosse avec le génial Bill Laswell), Edouard Artémieff (compositeur de Tarkovsky), Niels Peter Molvær (l'auteur du pompier Khmer), Coil (électro-indus et ambient), Brian MacMahan (ex-Slint), Christian Rollet (un jazzman qui se plaint de la sclérose institutionnelle du jazz en France), DAT Politics (électropop de Lille), Tarwater (lo-fi teutonne), Erik M. (jazz et impro qui monte), Gabriel Haynes (un ancien des Five Elements de Steve Coleman qui apparemment fait de l'électro crossover), Bobby Corn (rocker bizarre) et un retour sur l'œuvre et les influences de Sonic Youth. Cette épais volume de lecture (84p. A4) est de plus bien rembourré d'historiques et de discographies poussés. On peut toutefois reprocher la mise en page qui sent le renfermé et esquinte les yeux et l'humour général : lilliputien. Cela ne doit pas en tout cas vous empêcher de vous frotter à cette publication, disponible contre 30 F au 11, Cité des Trois Bornes, 75011 Paris

[Victor]

L'Oreille cassée n°14 : le zine avec une antenne sous le soleil californien poursuit sa parution pour le plaisir de chacun puisque toujours très fourni, c'est dans le contenu et formellement l'un des plus aboutis pour tout ce qui a trait au punk au sens large. Le meilleur est dans l'entretien à bâtons rompus qu'ont accordé au rédacteur les rockeurs dialecticiens basés sur l'Orge : Garage Lopez, rockeurs qui n'ont jamais leur langue dans leur poche (et pour cause, ils n'en ont pas car ils n'arborent aucune vêture au point que le batteur Henri Rock n'hésite pas à faire montre de son oiseau au lectorat normand !) et en sortent des bien senties telles : "C'est bien beau l'anarchie quand tu es chez tes parents...", "Le punk n'est pas au centre du monde, ça pisse à deux mètres, (...) la scène punk n'est pas la vraie vie", "Aujourd'hui, certains vont acheter un disque parce qu'il y aura un titre antinazi, même si c'est de la merde! C'est du rock au départ, il faut que ça bouge, tant mieux s'il y a de bonnes paroles, ça augmente la qualité, mais c'est pas ça qui est important". Puisque les différents collaborateurs du zine ont l'air de jaspiner l'angliche comme de juste, la suite est consacrée aux Américains avec des grosses pointures (Pressure Point (streetpunk), H2O (hardcore), Get up Kids (powerpop)) et les particuliers Ditchdiggers (rock du Texas emmené par un Franco-Américain peu amène pour sa nouvelle terre dont les propos sont à mettre en parallèle avec ceux, posés et vécus, d'un des groupes-phares du moment, US Bombs). Rajoutez par-là dessus deux courtes discussions avec les labels Captain Oi! et Destiny, un peu de pubs, un sacré pacson de chroniques disqueuses et fanzineuses en tous sens, et il ne vous reste plus qu'à écrire à Laurent Laloue qui habite au 7 du Clos du Village 76690 Sierville sans oublier bien sûr 18 F pour le port (56p. A5).

[Victor]

Punk System n°16 : Sorti simultanément avec le numéro de HAMS!, Punk System n'en est pas moins différent en ce qu'il est proche du RPR et de CPNT. Mais c'est un choix délibéré et on le respecte car on est en démocratie au pays de la République. Mais enfin, me direz-vous, pantelants et impatients lecteurs, : "au lieu de nous raconter des conneries dis-nous plutôt ce que contient donc cette nouvelle mouture de Punk System ?" Eh bien, au juste et tout d'abord, sous une couverture ornée d'un couple d'anciens posant devant leur chiotte en rotant le cidre de la crêperie et après des rubriques de presse et de net, un débat sur le végétarisme par un de ces sectateurs et son contradicteur. L'idée est fort louable, d'autant que Jean, le rédacteur, vient de passer, dix pages plus haut, au lance-flamme un recueil sur cette cause. Sont interrogés Yann Boislève (végétarien militant rennais et auteur de très bonnes rééditions discographiques) et un pote de Jean. Les questions portent à chaque fois juste et il est difficile de ne pas soi-même se situer dans un camp ou dans l'autre après se les être posées. Pour ma part, je trouve que le végétarisme n'en ressort pas ragaillardi, même si le fait de lui prêter nettement l'oreille amène à des réflexions périphériques importantes (sur l'élevage industriel, les OGM, la vivisection, le rapport de l'homme à l'animal et l'exploitation par le biais de l'alimentaire d'un Tiers-Monde grandissant). Evidemment, le lot d'inepties propres au militantisme du genre sort, tel : "Mon chat et mon chien seront végétariens". Moi je trouve qu'il est véritablement dommage qu'on s'en tienne là, aux animaux domestiques, c'est archi trop limitatif : j'estime en effet qu'on devrait donner des baobabs à boulotter au lion et des cactus aux serpents, y aurait moins de zèbres et de rongeurs tués ("Ah ouais, mais les ravages sur les herbages de la savane et les moissons des pays pauvres?" "Oh, ça, on s'en tape, c'est des végétaux et des hommes, ça compte pour du beurre, euh non, des noix parce que le beurre, y a du lait dedans, c'est vrai, c'est vilain de dire ça".). Et que penser des vautours charognards, puisqu'ils ne causent en aucun cas la mort de ceux qu'ils dépècent? Un autre exemple cité souvent par les végétariens est frappant et bien relevé comme aberrant par Punk System, c'est celui qui est exposé ainsi : "On t'invite chez Jean-Claude Dreyfus qui a préparé des pâtes carbonara Marie avec des morceaux d'êtres humains mélangés dans de la sauce tomate. Tu mangerais les nouilles? Probablement pas...". Eh bien, non, justement, probablement si, et même avec entrain et appétit, à moins qu'on ne me dévoile la vérité, ce sur quoi je foncerais directement repeindre les gogues de Jean-Claude. Et encore, c'est pas gagné parce qu'imaginons que je sois Dayak de Bornéo et que J.-C. vienne d'agrémenter ces pâtes du foie d'un ennemi vigoureux, je le remercierais en lui lançant d'une tape dans le dos : "Décidément mon p'tit Dreyfus l'ambassadeur, vous nous régalez ce soir!". Comme quoi, le cannibalisme est totalement un fait d'ordre culturel, de même que la répulsion qui nous empêche ici de dévorer la dépouille de quelqu'un (et chacun sait que les interdits culturels ont une tendance à s'évaporer quand les temps sont durs, tel pendant les jours de grande famine en Ukraine en 1922, en France en 1709 ou au Chili en 1971, par exemple). Le second protagoniste du débat a par ailleurs de bons arguments (sur les Eskimos et leurs divinités, notamment). Bon, voilà pour le débat, je m'arrête sinon je suis encore là demain ! Deux autres eintervioux remplissent le zine qui concernent le label punk-core le plus célèbre de France, Panx (il balance une bonne définition de ce que peut - et non doit - être un esprit punk, à part en musique, et des phrases excellentes : "Pour 1000000$, je donne toute ma collec de disques, y compris mes singles des Clash et mes flexis de Jean-Marie Proslier" ; "Dans le tas [= dans la scène], il y a bien sûr toujours quelques couillons qui en profitent pour t'escroquer mais il faut avoir pitié d'eux, ils sont pathétiques, ça reste ultraminoritaire". Eh oui, underground et capitalisme, ce n'est pas encore pour demain, quoi qu'en veuillent d'aucuns... Enfin, les Partisans pour clore les festivités ramassent les chaises et ferment la salle de Punk System, non sans avoir au préalable répondus aux sollicitations très politiques de Jean Meudec, 3, rue de Kersaint-Loïc Raison 29200 Brest (15 balles, 26 p. A4, indispensable).

[Victor]

ƒ Que vive le rock libre ! ! ! n°18 et 19 : deux nouvelles pontes pour les vieux coqs de l'Essonne, l'une en vert et l'autre en jaune. Cette feuille d'infos est dominée par les disques et a une présentation agréable aux yeux. A noter que le Gavroche met désormais son grain de sel jamaïcain à l'intérieur. Gratuite contre 3 francs de port, vous pouvez ramasser cette tribune d'expression chez les talentueux animateurs radiophoniques Zéric & Sonia Hartweg, 8, résidence des Basses Garennes à Palaiseau, 91120 de son code postal.

[Victor]

Ramasse ta jambe n°8 : à la très originale mise en page, légère et rétro (elles puisent ses illustrations des pages d'hebdos des années 70), Gare ta guibole reste une revue facilement lisible et très fraîche. Après une très laconique intèrviou de la Royal Cown Revue (swing revival américain), elle propose des entretiens avec Hepcat, les redécouvreurs américains du ska-rock steady d'origine, the Get Up Kids (décidément très à l'honneur cette année) ainsi que le New York Jazz Ensemble pour rester dans le ton, puis la pop des Yvelines de Playdoh, Bouncing Souls (qui, après avoir fait passer Epitaph pour des innocents (aux mains pleines !) préconisent le DIY, façon d'être pas forcément prisée du jazzman crossover à la mode Eric Truffaz) Danielson Family (connais pas, apparamment des vocalistes blancs de rock chrétien américain [pléonasme], une appellation qui me hérisse le poil) et fait le point avec Fugazi avant un petit historique sur les sans doute fameux Don Caballero. En plus de chroniques nombreuses (surtout musicales et fort variées), RTJ (Radio TransJudaïsme) se fend comme dans le n°7 de blagues, d'un spitch sur les poufs (sa bête noire apparemment) et d'un roman-photo détourné (hélas pour les trois, un ton en-dessous du n°7 qui était à se foutre à quatre pattes). Voilà donc, si l'on n'excepte les pubs (tacatacatac!), un savoureux canard à plumer en 44 p.A4 et pour 20fpc (écrire à Ramasse ta jambe, 5, rue de la Prévoyance [nouvellement rue Didier Lèche-derge], 77100 Meaux B-47)

[Victor]

Récréaction n°16 : et voici une parution consacrée à la chanson française. Je conseille tout particulièrement d'avaler les trois pages d'entretien avec le poète et auteur de chansons Georges de Cagliari, en photo avec des lunettes Bonux et dont les propos, en réponse à d'intelligentes questions, sont vraiment clairs, justes et fins ("En réalité, la poésie, comme tout acte visant à produire de la beauté est fondatrice dans le champ de l'expression humaine, dans celui du langage, et pour les poèmes les plus aboutis, dans celui de la beauté" ; "La chanson ne souffre pas du manque de talents, elle crève de la portion congrue qui lui est faite" ; "Vouloir mesurer la chanson à l'aulne de la poésie, c'est faire de deux frères heureux, des siamois malheureux"). La parole est donnée à l'association L'Arbre en scène de Paris, qui s'occupe de monter des spectacles et des concerts. Une très instructive aintèrvyou de Françoise Kucheïda est également à noter qui narre sa rencontre avec la veuve d'Henri Crolla (le gratteux de Montand), une amie d'Higelin, Moustaki et Paco Ibañez. Une anecdote passionnante. Un petit bol d'air que cette revue sans prétention et bien ficelée (pas mal d'infos, dommage qu'il n'y ait pas d'avis sur quelques parutions musicales du genre concerné). 24 p. A5 ; 12FFpc à la Maison pour Tous, 26, rue Gérard Philippe 94120 Fontenay-sous-Bois

[Victor]


Rotten Egg Smell Terrible n°3 & 4 : Chroniquer R.E.S.T!, c'est comme essayer de boucler sa valoche quand on part pour trois semaines , on ne sait pas par quel bout commencer et on est sûr d'avoir oublié quelque chose quand on a fini. Une telle dose d'informations n'est pas humaine, elle est aveyronnaise! Bon, on va procéder basiquement pour s'en sortir, à savoir de manière linéaire : tout d'abord les Amerlocks de Adolf & the Piss Artists (et où l'on apprend que ce sont les mêmes que Time Bomb 77, auteurs de l'excellent Born to kill, et que ce nom provoc doit évoquer qu'Hitler était un peinturlureur, c'était pas gagné!!!), Two Face (ska canadien 2-tones), P38 (oi! de la Canebière), The Explorers (ska strasbourgeois de bonne qualité, des mecs que Thierry le rédacteur persiste à voir kéblos au fond d'une 404), un topo sur les Drones, les cavistes limougeauds d'Attentat Sonore / Negative IQ (long entretien sur Boney M), le label-distro ska-streetpunk Like a Shot (un ami des énumérations, comme ce que vous êtes en train de lire), les Stoicks Montpelliérains, leurs opposés géographiques Vero's (oi! tous les deux), le fripier Moonstomp, un historique chaotique de Decibelios, un autre (+ miniinteirviou) sur les Real Kids (où l'on apprend énormément de choses [Thunders, Ramones et... Jonathan Richman!!] et que Thierry, toujours rédacteur, joue au ping-pong avec Laetitia Casta qu'il rémunère en roqueforts avancés [authentique!]) et pour finir une vieille causette avec Drei Oklok. Voilà, j'espère n'avoir rien omis et je suis obligé d'être concis sinon les œufs pourris vont me bouffer toute la modique place consacrée aux zines présentement !
Ouais, mais c'était sans compter que Thierry, rédacteur devant l'éternel, entre deux fromages de berbis, est parvenu à enfanter un quatrième paveton (REST n°4 le bien nommé). Dedans la gibecière, voici que ce qu'on trouve : the Rats (pas les Rats de la Seine-et-Marne, ceux-ci sont des punk-rockeurs friscains bien musclés), les punk'rolls parigots de Splash 4, les No-Talents (dont je croyais qu'ils n'existaient plus), Usual Suspects (le groupe du zine No Government), Helen of Oi! (minimini propos), son confrère Captain Oi! (panorama des sorties), Man or Astroman? (ils sont partout !), Headcase (oi de Gelbique) et un regard sur la scène italienne très chaotique pour la lecture bien que fourmillant de nouvelles. Justement, l'Italie, c'est l'un des coups de cœurs de la revue Une vie pour keud? qui taille une bavette à l'échalotte et au roquefort Société avec Thierry (der Chefredakteur!), le même Thierry qui enfonce le clou dans la botte en proposant une bio de Nabat (y en a que pour eux !) mais aussi Banda Bassotti, los Fastidios et Billy Boy (interviou). Les hostilités sont closes par un vieux truc sur Kidnap. Ouf, je suis dégommé, sur les rotules, morguienne chienne !
Les deux numéros sont bourrés par ailleurs de news, chroniques disques, zines, tofs nombreuses (scannées parfois à la va-comme-je-te-pousse) et horaires des trains entre Millau, Rodez et Decazeville comme s'il en pleuvait, le tout saupoudré d'humour et de dérision qui font de ce zine un indispen-sable entre les doigts de pieds. Formule originale, Thierry Alcouffe, zi rédaktor (34 Baraque de Luc, 12450 Luc y Luc), a décidé de donner son journal à qui lui enverra une K7 des meilleurs moments de Michelle Torr et de Nicolas Peyrac (ça lui rappelera quand il était en préretraite) ou une trottinette en alu brossé ou un poster de Christian Morin (dédicacé, please, avec sa trompette!) ou 8F en timbres (le port!!! = 40 p. A4 et 36p. A4), mais surtout pas le livre d'entretiens de José Bové, surtout pas!!

[Victor]

SDZ : eh oui, une nouvelle livraison du délirant fanzine du sud du Val-d'Oise, avec couverture multicolore psychédélique cette fois, frottez-vous les billes ! Armé de son pistolet à eau fluorescent, l'un des rédacteurs oblige les rigides Mucus 2 à interviouver les spartiates Man or Astroman? et Lycée de Versailles (et d'Herblay aussi). L'humour froid coule à flot. Avant, les Mucus ont été interrogés par Laurent Lévy avec des questions passionnantes et nouvelles : "Que signifient les initiales SDZ?" et où l'on apprend que Monsieur Eddy est inconnu à l'étranger à la différence de Dick Rivers (Johnny pour les strangers). Egalement au programme, la parole donnée à Kenny des Neighbors (punkcore californien), bien intelligent tout ça, et pour rester dans la comptine, SDZ continue avec Snapcase que suivent les Watts (des r'n'rollers u.s. que je n'ai pas l'heur de connaître mais leurs réponses taciturnes ne m'avancent pas plus), les Insomniacs (même tendance, même maison [Estrus]) et les Frigg-a-go-go (de joyeux lurons garagistes du bayou). Après être enfin parti planer chez les Argentins Natas, la revue se pose pour finir sur la Promenade des Anglais et scotche sur son cahier d'autographes celui des quadragénaires Playboys. Avec Larsen, SDZ est ce qu'il te faut pour te faire larguer (connaissances musicales spécialisées stupéfiantes) et pour aimer le rock'n'roll qui bouste et toutes les autres formes populaires de musique pour la jeunesse (punk, dub et petites pépées). Quand tu rajoutes des chroniques zines, zik et septièmardesques, de belles illustrations et de l'humour comme s'il en flottait, tu ne peux pas regretter les 20Fpc (64p.A5) que tu viens de glisser dans l'enveloppe après avoir inscrit préalablement : "Cher Monsieur Lévy, daignerez-vous m'accorder un exemplaire de votre illustrissime revue nommée SDZ car j'ai lu dans blablabla..., vous qui habitez dans l'impasse Janine38 à Herblay (95220). Merci M'sieur! M'sieur! 'sieur! ieur! eu!...".

[Victor]

Tow Letter nos3, 3bis & 4 : moyen d'expression de l'asso électro Limbes (distro, label FBWL), cette feuille d'infos balance respectivement une einterviou de James Plotkin (ambient US, le gars de Flux, une pointure qui sort du grind et qui revient sur son parcours). Le 3bis étant un intermède estival consacré à l'actualité, on passe au 4 qui contient quelques questions à un guitariste quincagénaire ricain de la scène impro, Loren Mazzacane Connors (connais absolument pas mais le gars ne s'épanche pas trop). A chaque numéro, force chroniques musicales argumentées. L'adresse a changé récemment et c'est désormais dans le Nord, la région adoptive de Courbis le mafieux que l'on se doit de commander TOW contre un timbre à 3,50F : Jérôme Langlais chez Limbes, 23, rue des Poilus 59150 Wattrelos.

[Victor]

L'Ultime Atome newslater n°Troize : C'est pour faire patienter son monde entre le n°11 et le n°12 que Mr. øpless a créer ce trou normand électronique. Après un petit topo sur sa mise en ligne ouébal (pas mal l'adjectif, hein?), il s'intéresse surtout de près au festival "Oblique Nights" et à sa contamination commerciale par les crocodiles capitalistes de la musique (FNAC, Magic, etc) et au Technival du 1er mai 2000 sur les bords de Loire, estimant que si le mouvement free/hardcore s'uniformise musicalement malgré les théorisations importantes (politiques et sociologiques) qui se sont développées à son encontre, souvent de la part même de ses protagonistes, c'est un gros emballage qui ne cache qu'une simple mais naturelle envie de faire la teuf sous un déluge de sons, de fatigue et de joie sans que rien ne change, "non stop et rien d'autre!", comme dit le rédacteur. De nombreuses chroniques disques électroniques terminent ce minizine, au ton enjoué et lu d'une traite (3F à 31, rue Glais-Bizoin, 35000 Rennes).

[Victor]

Une Vie Pour Rien ? n°4 : la grande classe pour cette revue de tendance oi!/punk/reggae/ska/ballon rond. Grande érudition, impression glacée, niveaux de gris nickel, des paragraphes de présentation étoffés sur les zicos à chaque fois, maints articles bilingues, un skeud par-dessus le marché, j'appelle ça de la qualité qui ne se moque pas du client. Si le n°3 m'avait fort botté, le 4 enfonce le clou. L'historique est cette fois consacré au groupe de Coventry (mais pas disciple de Robert Wyatt!) Criminal Class (+ une nécro de l'organiste jamaïcain Winston Wright). Côté littérature, UVPR? interroge John King, un des écrivain des stades anglais, fait un exposé instructif sur le club de West-Ham (et ses liens avec la musique populaire, Cokney Rejects notamment) et pousse le bouchon à aller voir un match quelconque anglais où les rédacteurs se font chier (c'est le point faible du zine, avec l'orthographe passée par la fenêtre). Pour le ska, les regards se portent sur Viking's Remedy. Viennent les sons pour l'amateur oi! et cie , oui, c'est The Protest (Tchèques skinheads apos mais dont les influences musicales semblent diverses, ça se voit pas sur le disque en tout cas), The Templars (aux propos équilibrés, ils causent de leur ville de New York, avec un peu d'amertume) et leurs collègues des Truents (punks, de la Grande Pomme eux aussi). Mais les deux piliers du zine, ce sont d'une part les rencontres avec la scène streetpunk italienne du Nord et, de l'autre, l'entretien avec Tai-Luc de LSD. Sensiblement long, celui-ci permet au chanteur de Cœur de bouddha de revenir sur ses débuts en discourant, parfois de manière bien congrue, sur la jeunesse, les rapports au public, Paris, etc. Ce qui est assez incroyable, c'est qu'il se dégage de ses phrares la même ineffable nostalgie sereine de jeunesse urbaine que celle qui court tout au long de leurs meilleures compositions... A croire qu'il écrit comme il parle et qu'il ne parle pas comme tout un chacun ! Quant aux compatriotes de Garibaldi, j'ai particulièrement aimé la causerie avec Devilskins, précédée de toute une mise en bouche de répète bien prenante. L'autre groupe rital, plus connu, qui s'y colle est Billy Boy e la sua Banda, de bons vivants apparemment qui n'ont pas l'air de se prendre le chou. Voilà pour le contenu, et encore, j'ai oublié les innombrables notices sur les concerts, zines et surtout disques, très variées et argumentées. Au journal est adjoint un 45 t. 4-titres : Viking's remedy, Devilskins, Billy Boy et The Protest : seul Devilskins tire, mais haut la main, son épingle du jeu car leur morceau (Ultras) est une réussite - quasi un hymne - de première bourre.
Vous l'avez compris, ce zine est de ceux que l'on se doit d'avoir lus pour qui goûte une certaine presse musicale. Il est dispo contre 40 balles (avec la galette, bien sûr) à Une vie pour rien? BP11, 92312 Sèvres. Une classe comme ça, on en parlera encore dans les chaumières dans dix ans (pour les trente ans de la Souris)...!

[Victor]

Vendetta n°1 : sortie du premier numéro de ce zine de la Médiathèque Les Musicophages de Toulouse. On retrouve apparemment dedans des gens qui œuvraient dans Atom-X, dont le pertinent dessinateur Axel, et Denis Larsen. Le gros du papelard, ce sont des chroniques disques nombreuses et illustrées, qui embrassent tous les styles souterrains (+ contact zines). L'autre moitié est consacrée aux entretiens avec un délire sur les rockeurs de Stompin'Harvey, P4Alatak (ici même frits à l'huile ; l'interviou, similaire à celle d'ici, est live dans Vendetta), Toxic Waste (propos sans doute mal retranscrits ou bâclés {un pacson de fautes} ou alors le groupe est vraiment incohérent) et Fraggle Rock (liste de VPC underground générale, un point de vue pas toujours mis en évidence et pourtant crucial, à lire, bien que le gus soit un peu cheulou sur les bords commercialement parlant). Avec un édito un peu moins cliché ("Yo à bas les fachos, nous on les aime pas, on est pour les groupes et aussi pour les gens, quand ils font des groupes, on n'est pas pour les fachos! Les fachos, c'est que des feufas!"), on en augure une probablement bonne suite (normalement pour janvier). L'adresse, c'est Violette Delcroix, 10, rue Jean Gilles 31100 Toulouse (10Fpc pour 48p.A5)41 .

[Victor]

Les Zallumés du Bokal n°13 : c'est la feuille d'infos très bien menée de l'association le Bokal de l'Ain. C'est un fourre-tout grassement achalandé de chroniques diverses (journaux, disques, associations, labels, concerts, etc.).Fait par les gars de Zoop ! (cf. ci-dessous), il est donné contre 3F.

[Victor]

Zoop n°14 : zine jumeau de la feuille Les Zacculés du Beau Mâle, Zoop propose tout d'abord, après une BD médiocre, un piochage en tous sens d'infos musicales et militantes de la presse underground et d'activistes divers (certains intéressants mais d'autres plus futiles [la rubrique égocentrique adolescente signée Maude et le dénommé Dr Zoop pour qui la culture underground est avant tout représentée en France par son association et qui en gros déclare : "Ceux qui ne m'envoient pas plus de 200 balles tous les six mois sont des charognes qui ne méritent pas de m'être comparé, à moi L'anarchiste bressan, LE rebelle du XXIesiècle!"]). Pour ce qui est de la musique, outre de très nombreux comptes-rendus musicaux et zinalistiques, appréciables par leur hétérocléité mais à la lecture malaisée du fait d'une police trop grasse. Les inttervious concernent cette fois Sistema Criminal (punk espagnol, ça tourne en rond), un extrait du manifeste écrit par Alec Empire pour Atari Teenage Riot ("Brûlez les caisses des keufs! Baisez! Etouffez la morale chrétienne! Foutez le capitalisme en l'air! Tout est politique! Effacez vous vous-mêmes! Le bruit est la clé de la vie!", c'est écrit en 1995, en 2000 ATR poursuit ses tournées technoïdes en Europe comme Louise Attaque poursuit les siennes, le tout dans un monde peu embrasé par ses soins ; je citerai juste Brassens pour mémoire : "Mourir pour des idées, l'idée est excellente, mourir pour des idées, d'accord!, mais de mort lente, d'accord! mais de mort len-en-en-te..."), Boda (le groupe finistérien hxc remarqué l'an passé), Evil Flowers (coldwave lyonnaise) et Red Lights Flash (hxc mélodique autrichien répondant à des questions intelligentes).
Espérons que Zoop! persévère par son côté Silence means Death! et non plus Zoop! ancienne formule car les deux sont actuellement encore trop équilibrés et le résultat empêché par un côté trop anar-militant- naïf-moralisateur (moins visible dans la feuille d'infos). Pour vous faire une opinion, il est achetable au Bokal, chez Fred Grand, 7, rue du Plateau, 39160 Saint-Amour.

[Victor]


 

** Chroniques littéraires **

Je commencerai par quelques lectures diverses et récentes. Un excellent classique est Biribi de Georges Darien qui vous colle comme pas un la haine de la chose militaire, de la gendarmerie et de la bêtise humaine, bref, de l'ordre établi, avec un ton de voix plus acerbe et pourfendeur que dans A bas les cœurs ! - il faut dire que c'est du quasi-autobiographique puisque le trouffion Georges Adrien a réellement subi les bagnes militaires tunisiens. Au passage, les Corses en prennent plein la gueule et l'armée française n'est pas en reste. Un ouvrage incontournable et vite dévoré. J'ai lu aussi un autre classique mais, celui-là, classique de la pionce au bout d'une page, c'est Jean-Christophe de Romain Rolland, à vrai dire illisible à notre époque par la désuétude du style et un manque de rythme patent, Rolland écrivant à mille lieux de Zola. Après 350 p. du premier tome (il y en a trois !), j'ai sorti le drapeau blanc. A mettre aux oubliettes. Aux oubliettes également, un autre pavé, plus récent (1994) celui-là, c'est Les Racines du Mal de Maurice G. Dantec. Ce type est un sacré fumiste, si j'en juge d'après ce bouquin et n'ayant lu ni le précédent Les Sirènes Rouges ni le best-seller de l'an passé, Babylon Babies. Cela démarre très bien sur une histoire de tueur en série barré au plus haut point et que trousse une équipe de savants et policiers, le tout dans un futur très proche (période 1994-2000 et des poussières). Mais voilà, Dantec a acheté l'encyclopédie par fiches Atlas quand il rédigeait son bouquin et, comme il est très brouillon, il a tout mélangé. Le résultat est un discours scientiste à deux francs, très collet monté et sûr de lui mais la manipulation de notions comme le chaos, la physique quantique ou la relativité (et je ne parle même pas de la philosophie-fumette ! ) ne doit pas être confiée à Bozo le clown sinon "Boum au nez rouge ! ", les gens rigolent dans la salle. Il aurait mieux fait de regarder C'est pas sorcier , l'excellente émission de Fred et Jamie sur FR3 tous les dimanches matins au lieu de jouer au William Gibson de fête foraine ! C'est trop facile de dépeindre des horreurs et du sordide à tout va 1 pour le simple plaisir voyeur du lecteur. Oui mais voilà, ne s'appelle pas Ellroy qui veut ! Par contre, c'est à l'honneur de Dantec de n'avoir pas utilisé de sexe à tout crin comme il est courant chez des écrivains policiers en manque d'imagination. La fin est maxinulle (qu'on fasse faire l'adaptation cinématographique par Lautner et enfin on rigolera !) et on se dit après la dernière page et six-centième : quoi, tout ça pour ça? Rien de tel en tout cas pour effacer cette impression fâcheuse de gâchis que la lecture du Petit Bleu de la Côte Ouest de Jean-Patrick Manchette (Série Noire, comme le Dantec). Un de ces plus connus certes mais par pour rien : un petit bijou de description des années 70 comme je les apprécie : une ambiance à la Sautet pour démarrer, des tueurs cons mais froids et professionnels, des cavales, des médias empompidolisés, des généraux sanglants, des grèves dans des usines en voie d'autogestion, des armes décrites avec minuties, des couleurs marron, violet et orange vif et des bagnoles d'époque, retenez-moi ou je le relis illico ! Un putain de bon moment par un sacré écrivain !

[Victor]

[Victor]

[Victor]

[Victor]

 

[Victor]

 

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